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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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C<strong>et</strong>te attitu<strong>de</strong> vis-à-vis <strong>de</strong> l’épiscopat s’expliquerait déjà à suffisance par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

raisons d’ordre politique supérieur. C’étaient les évêques qui avaient aidé le roi<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Francs à établir son pouvoir ; c’est par eux <strong>et</strong> avec eux qu’il gouvernait. Il le<br />

savait, <strong>et</strong> sa déférence pour eux était antérieure à sa conversion. Mais, après le<br />

baptême, <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs <strong>de</strong> piété s’ajoutèrent aux considérations <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique pour<br />

augmenter son respect envers les évêques. Il vit en eux <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>hommes</strong> qui avaient<br />

reçu l’Esprit-Saint, <strong>et</strong> qui étaient les dispensateurs <strong><strong>de</strong>s</strong> faveurs célestes. Leur<br />

science, leur sagesse, leur piété, leurs vertus, <strong>la</strong> majesté <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te vie sacerdotale<br />

qui les élevait au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre <strong>et</strong> qui faisait d’eux <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>hommes</strong> surnaturels,<br />

tout ce<strong>la</strong> agissait puissamment sur son âme, religieuse <strong>et</strong> impressionnable<br />

comme toute âme <strong>de</strong> barbare. Il se sentait plus rapproché du Dieu qu’il adorait<br />

dans leur société, <strong>et</strong> il comptait sur leurs prières comme sur le moyen le plus<br />

efficace d’arriver au ciel. L’épiscopat, qui était le point d’appui <strong>de</strong> sa politique,<br />

était aussi <strong>la</strong> sûre direction <strong>de</strong> sa conscience <strong>de</strong> chrétien. Comme sa vie<br />

publique, sa vie privée semb<strong>la</strong>it <strong>la</strong> vérification <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te parole qu’il prononça un<br />

jour : Où serait l’espoir <strong>de</strong> vaincre, si nous offensions saint Martin ? Enten<strong>de</strong>z ici,<br />

par saint Martin, l’épiscopat <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule.<br />

Les mêmes sentiments, au dire <strong>de</strong> <strong>la</strong> légen<strong>de</strong>, dictaient <strong>la</strong> conduite du roi vis-àvis<br />

<strong>de</strong> toutes les personnes qui, sans occuper un rang dans <strong>la</strong> hiérarchie<br />

ecclésiastique, se distinguaient par l’éminence <strong>de</strong> leurs vertus. Il croyait, avec<br />

tous ses contemporains, à l’efficacité <strong>de</strong> leurs prières ; il était convaincu qu’elles<br />

avaient le don d’opérer <strong><strong>de</strong>s</strong> miracles. Lui-même, au dire d’un hagiographe, fut<br />

favorisé d’une guérison miraculeuse obtenue par l’intercession d’un vénérable<br />

solitaire. C’était <strong>la</strong> vingt-cinquième année <strong>de</strong> son règne, celle qui al<strong>la</strong>it être<br />

rendue mémorable par <strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> l’Aquitaine. Il y avait <strong>de</strong>ux ans qu’il était<br />

en proie à <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die, <strong>et</strong> ni les prières <strong>de</strong> son clergé ni les soins <strong>de</strong> ses mé<strong>de</strong>cins<br />

ne parvenaient à le sou<strong>la</strong>ger. Enfin, l’un <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers, nommé Tranquilinus,<br />

conseil<strong>la</strong> au roi <strong>de</strong> faire venir Séverin, abbé <strong>de</strong> Saint-Maurice en Va<strong>la</strong>is, homme<br />

doué <strong>de</strong> l’esprit <strong>de</strong> Dieu, <strong>et</strong> dont les prières obtenaient une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

guérisons miraculeuses. Aussitôt le roi fit partir son chambel<strong>la</strong>n Transoarius pour<br />

Agaune, <strong>et</strong> le saint, déférant à ses prières, apparut au chev<strong>et</strong> du royal ma<strong>la</strong><strong>de</strong><br />

comme plus tard saint François <strong>de</strong> Paule auprès du lit <strong>de</strong> Louis XI. Après avoir<br />

adressé au ciel <strong>de</strong> ferventes prières, il ôta son manteau, en revêtit le roi, <strong>et</strong> à<br />

l’instant <strong>la</strong> fièvre abandonna le ma<strong>la</strong><strong>de</strong>. Clovis, plein <strong>de</strong> reconnaissance, tomba<br />

aux pieds du saint, <strong>et</strong> le pria <strong>de</strong> prendre dans son trésor toutes les sommes qu’il<br />

vou<strong>la</strong>it pour les distribuer aux pauvres ; il lui offrit aussi <strong>de</strong> faire relâcher tous les<br />

coupables qui se trouvaient enfermés dans les prisons1. On veut que l’église<br />

Saint-Séverin <strong>de</strong> Paris, qui est sous le patronage <strong>de</strong> l’abbé d’Agaune, ait été<br />

élevée en souvenir <strong>de</strong> c<strong>et</strong> heureux événement.<br />

D’autres saints personnages, au dire <strong>de</strong> <strong>la</strong> légen<strong>de</strong>, ont été en rapports intimes<br />

avec Clovis. Saint Fridolin <strong>de</strong> Poitiers, admis à sa table, a réparé<br />

miraculeusement une belle coupe <strong>de</strong> verre, qui s’était cassée en tombant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mains du roi au moment où il <strong>la</strong> présentait au saint2. Un saint ermite du nom <strong>de</strong><br />

Léonard, qui <strong>de</strong>meurait dans <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Panvain, près <strong>de</strong> Limoges, fit <strong>la</strong><br />

1 Ex Vita sancti Severini Abbalis Agaunensis (dom Bouqu<strong>et</strong>, III, p. 392.) Ce récit est loin<br />

d’être garanti, bien qu’il en soit souvent fait état même par <strong><strong>de</strong>s</strong> historiens peu tendres à<br />

l’endroit <strong><strong>de</strong>s</strong> légen<strong><strong>de</strong>s</strong>, notamment par Junghans, p. 77, n. 1, par W. Schultze, Das<br />

Merovingische Frankenreich, p. 72, <strong>et</strong> en <strong>de</strong>rnier lieu par Arnold, Cæsarius von Are<strong>la</strong>te,<br />

p. 242. Voir l’Appendice.<br />

2 Ex Vita sancti Fridolini (dom Bouqu<strong>et</strong>, III, p. 388).

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