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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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avant d’être en état <strong>de</strong> se signaler par quelque chose <strong>de</strong> grand. Peut-être aussi,<br />

dans son entourage, aura-t-on craint <strong>de</strong> faire une entreprise considérable en<br />

Gaule tant que vécut Euric, le tout-puissant arbitre <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tins <strong>de</strong> ce <strong>pays</strong> : c’est<br />

ce qui expliquerait pourquoi <strong>la</strong> première campagne du roi franc eut lieu<br />

immédiatement après <strong>la</strong> disparition du monarque visigoth, qui mourut en 4851.<br />

Dans l’intervalle, le temps, en s’écou<strong>la</strong>nt, apportait à Clovis l’expérience du<br />

gouvernement <strong>et</strong> affermissait son autorité. Il n’est pas douteux cependant que<br />

dès lors <strong>la</strong> fougueuse activité qui le caractérise n’ait tourmenté c<strong>et</strong>te âme<br />

passionnée, <strong>et</strong> qu’il n’ait promené autour <strong>de</strong> lui <strong><strong>de</strong>s</strong> regards pleins d’ar<strong>de</strong>ur <strong>et</strong><br />

d’impatience. Qu’al<strong>la</strong>it-il faire <strong>de</strong> sa jeunesse <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa force, <strong>et</strong> quel emploi<br />

donnerait-il à l’activité d’un peuple qui cherchait le secr<strong>et</strong> <strong>de</strong> son avenir dans les<br />

yeux <strong>de</strong> ce roi <strong>de</strong> quinze ans ?<br />

Il n’y avait ni doute ni hésitation possible : l’avenir était du côté du Midi, <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

voix prophétique <strong><strong>de</strong>s</strong> choses appe<strong>la</strong>it le jeune monarque <strong><strong>de</strong>s</strong> Saliens à prendre<br />

possession <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule. Mais il ne s’agissait plus, comme au temps <strong>de</strong> Clodion,<br />

<strong>de</strong> répandre sur les terres romaines <strong><strong>de</strong>s</strong> masses avi<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> barbares sans patrie,<br />

qui en expulseraient les anciens habitants. Les Francs étaient maintenant en<br />

possession <strong>de</strong> leurs foyers <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs champs. Ces domaines agricoles, tant<br />

convoités par eux aussi longtemps qu’ils avaient été confinés au <strong>de</strong>là du Rhin, ils<br />

les occupaient désormais, <strong>et</strong> chacun d’eux, <strong>de</strong>venu un propriétaire rural, versait<br />

joyeusement ses sueurs sur <strong>la</strong> glèbe f<strong>la</strong>man<strong>de</strong>. La pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> colonisation était<br />

close. Ce n’est pas pour eux, c’est pour leur roi que les guerriers <strong>de</strong> <strong>la</strong> nation<br />

al<strong>la</strong>ient se rem<strong>et</strong>tre en campagne. Ils al<strong>la</strong>ient non pas partager <strong>la</strong> Gaule entre<br />

eux, mais <strong>la</strong> m<strong>et</strong>tre tout entière, telle qu’elle était, sous l’autorité <strong>de</strong> leur<br />

monarque. Pour celui-ci, l’entreprise <strong>de</strong>vait avoir, si elle réussissait, <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats<br />

incalcu<strong>la</strong>bles ; pour son peuple, ce n’était qu’une expédition militaire, <strong>et</strong> pour les<br />

popu<strong>la</strong>tions gallo-romaines, un simple changement <strong>de</strong> maître.<br />

Pour mieux dire, <strong>la</strong> Gaule au nord <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loire n’avait plus <strong>de</strong> maître du tout :<br />

c’était une proie pour le premier occupant. Depuis que les Visigoths s’étaient<br />

avancés jusqu’à Tours <strong>et</strong> dans l’Auvergne, que les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> avaient pris<br />

possession <strong>de</strong> <strong>la</strong> vallée du Rhône, <strong>et</strong> que les conquêtes <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs avaient rompu<br />

sur le Rhin les lignes <strong>de</strong> défense qui <strong>la</strong> protégeaient contre eux, elle semb<strong>la</strong>it<br />

n’être plus, au milieu du déluge <strong>de</strong> <strong>la</strong> barbarie, qu’un <strong>de</strong> ces flots qui émergent<br />

encore quelque temps, mais qui sont faits pour être recouverts d’un instant à<br />

l’autre par les eaux. Entièrement coupée <strong>de</strong> l’Italie, malgré les héroïques efforts<br />

d’Aétius <strong>et</strong> d’Ægidius, elle n’avait plus rien à attendre <strong>de</strong> ce côté. La suppression<br />

du titre impérial en Occi<strong>de</strong>nt était venue relâcher encore, si elle ne l’avait brisé<br />

entièrement, le faible lien qui <strong>la</strong> rattachait à l’Empire. Les empereurs d’Orient se<br />

trouvaient maintenant les seuls souverains nominaux du mon<strong>de</strong> civilisé.<br />

Officiellement, c’étaient eux qui par<strong>la</strong>ient en maîtres à <strong>la</strong> Gaule, <strong>et</strong> qui étaient en<br />

droit <strong>de</strong> lui envoyer <strong><strong>de</strong>s</strong> ordres. Mais quelle apparence que <strong><strong>de</strong>s</strong> rives <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Proponti<strong>de</strong> ils pussent faire respecter une autorité qui était déjà sans action alors<br />

qu’elle s’exerçait <strong><strong>de</strong>s</strong> bords du Tibre ? L’Empire, en réalité, ne gardait sur <strong>la</strong><br />

Gaule que <strong><strong>de</strong>s</strong> prétentions désarmées. Entourés <strong>de</strong> tous côtés <strong>de</strong> barbares, les<br />

Gallo-romains ne rêvaient plus <strong>de</strong> percer les lignes profon<strong><strong>de</strong>s</strong> qui se m<strong>et</strong>taient<br />

entre eux <strong>et</strong> le fantôme romain. Mais ils tremb<strong>la</strong>ient à l’idée <strong>de</strong> perdre les<br />

1 Cf. W. Schultze, Das merovingische Frankenreich, p. 56. Ce livre forme le tome II <strong>de</strong><br />

l’ouvrage intitulé : Deutsche Geschichte von <strong>de</strong>r Urzeit bis zu <strong>de</strong>n Karolingern, par<br />

Gutsche <strong>et</strong> Schultze.

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