clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée
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A<strong>la</strong>mans qui lui donnèrent le plus <strong>de</strong> souci. En 368, ils s’emparèrent <strong>de</strong> Mayence,<br />
où ils massacrèrent <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion réfugiée dans l’église chrétienne1. Les Romains<br />
se débarrassèrent <strong>de</strong> leur roi Vithicab par un perfi<strong>de</strong> assassinat2, <strong>de</strong> leur roi<br />
Macrianus par un traité qui en faisait un allié <strong>de</strong> l’Empire3. Plus tard, <strong>de</strong><br />
nouveaux soulèvements s’étant produits parmi ces peuples, Gratien al<strong>la</strong><br />
remporter sur eux <strong>la</strong> sang<strong>la</strong>nte victoire d’Argentaria (377) après <strong>la</strong>quelle ils se<br />
résignèrent, pour obtenir <strong>la</strong> paix, à livrer toute leur jeunesse aux recruteurs <strong>de</strong><br />
l’armée romaine4.<br />
Il n’est pas douteux, bien que nos sources soient mu<strong>et</strong>tes, que Valentinien traita<br />
également avec les Francs. A <strong>la</strong> bataille d’Argentaria, il y avait dans les rangs<br />
romains un roi franc du nom <strong>de</strong> Mellobaud, chef d’une <strong><strong>de</strong>s</strong> peup<strong>la</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rive<br />
droite, qu’Ammien Marcellin qualifie <strong>de</strong> roi très belliqueux5. Mellobaud avait<br />
alors, dans l’armée romaine, le rang <strong>de</strong> comte <strong><strong>de</strong>s</strong> domestiques, <strong>et</strong> il semble<br />
avoir été <strong>de</strong>puis plusieurs années l’ami <strong>de</strong> l’Empire, car on doit croire que c’est à<br />
sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que Valentinien était allé, en 373, battre les Saxons à Deuso, en<br />
<strong>pays</strong> franc6. Faut-il croire qu’il se <strong>la</strong>ssa <strong>de</strong> sa fidélité, <strong>et</strong> que c’est contre<br />
l’empereur qu’il combattait dans <strong>la</strong> campagne où l’A<strong>la</strong>man Macrianus, qui servait<br />
sous les étendards romains, perdit <strong>la</strong> vie7 ? Il est difficile <strong>de</strong> le dire, <strong>et</strong> il suffit <strong>de</strong><br />
constater qu’amis ou ennemis <strong>de</strong> l’Empire, les Francs, comme leurs voisins les<br />
A<strong>la</strong>mans, ne cessaient <strong>de</strong> le tenir en haleine.<br />
On dirait aussi qu’ils eurent <strong>la</strong> main dans l’assassinat <strong>de</strong> Gratien en 383, <strong>et</strong> que<br />
l’usurpateur Maxime s’était assuré leur appui avant <strong>de</strong> s’emparer du trône.<br />
Autrement il serait difficile d’expliquer pourquoi ces <strong>hommes</strong>, si portés à profiter<br />
<strong>de</strong> toutes les occasions, ne bougèrent pas pendant les troubles que <strong>la</strong> mort <strong>de</strong><br />
l’Empereur déchaînait sur <strong>la</strong> Gaule. D’ailleurs, Maxime montra dès l’abord une<br />
sécurité <strong>et</strong> une puissance étonnantes : Théodose, pendant les premières années<br />
; n’osa pas l’attaquer malgré ses trop justes griefs, <strong>et</strong> <strong>la</strong> hardiesse avec <strong>la</strong>quelle<br />
il se j<strong>et</strong>a plus tard sur le jeune Valentinien II atteste combien il se sentait<br />
tranquille du côté <strong><strong>de</strong>s</strong> barbares.<br />
Tout changea <strong>de</strong> face lorsque Maxime, forcé d’engager le meilleur <strong>de</strong> ses troupes<br />
dans <strong>la</strong> lutte contre Théodose, eut <strong>la</strong>issé <strong>la</strong> frontière du Rhin dégarnie. La foi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
peup<strong>la</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> franques ne tint pas contre <strong>la</strong> séduction du pil<strong>la</strong>ge assuré. Oubliant les<br />
traités qui les liaient à l’Empire, trois monarques francs, Genobaud, Marcomir <strong>et</strong><br />
Sunno8, passèrent le fleuve <strong>et</strong> pénétrèrent dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième Germanie. Ils<br />
paraissent avoir commandé aux peup<strong>la</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> qui vivaient sur <strong>la</strong> rive droite au nord<br />
<strong>de</strong> Cologne. L’un d’eux, Marcomir, pourrait avoir ‘été le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Ampsivariens, <strong>et</strong><br />
les <strong>de</strong>ux autres, ceux d’une peup<strong>la</strong><strong>de</strong> voisine. On remarquera que Genobaud<br />
porte un nom que nous avons déjà rencontré au troisième siècle chez une autre<br />
peup<strong>la</strong><strong>de</strong> franque, <strong>et</strong>, à une date aussi reculée, l’i<strong>de</strong>ntité <strong><strong>de</strong>s</strong> noms portés par les<br />
barbares est souvent l’indice d’une certaine parenté <strong>de</strong> race. Ces trois chefs<br />
1 Id., XXVII, 10, 1.<br />
2 Id., XXVII, 10, 3.<br />
3 Id., XXX, 3, 4.<br />
4 Ammien Marcellin, XXXI, 10.<br />
5 Id., XXXI, 10, 7.<br />
6 Saxones cæsi Deusone in regione Francorum. S. Jérôme, Chronicon Eusebii cont. ; Paul<br />
Orose, VII, 32. Ce Deuso ne doit pas être confondu avec Deutz, qui est Divitia ; il faut<br />
plutôt penser à Duisburg.<br />
7 Ammien Marcellin, XXX, 3, 3.<br />
8 Sulpice Alexandre dans Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 9.