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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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prisonniers francs <strong>de</strong> Gon<strong>de</strong>baud. Enfin, il lui proposa une entrevue pour régler<br />

pacifiquement leurs différends. Clovis ne crut pas pouvoir refuser c<strong>et</strong>te<br />

proposition. Les <strong>de</strong>ux rois se rencontrèrent donc aux confins <strong>de</strong> leurs royaumes<br />

avec <strong><strong>de</strong>s</strong> formalités d’étiqu<strong>et</strong>te semb<strong>la</strong>bles à celles qui avaient réglé autrefois<br />

l’entrevue sur <strong>la</strong> Cure. Il y avait dans <strong>la</strong> Loire, en face du bourg d’Amboise, une<br />

île qui s’est appelée par <strong>la</strong> suite l’Île d’entre les Ponts1 ou l’Île Saint-Jean2 : c’est<br />

là, probablement sur terrain neutre, qu’ils mirent pied à terre, chacun avec une<br />

escorte désarmée dont le chiffre avait été strictement convenu d’avance.<br />

L’entrevue fut ou du moins parut cordiale : les <strong>de</strong>ux rois burent <strong>et</strong> mangèrent<br />

ensemble, <strong>et</strong> se quittèrent après s’être mutuellement assurés <strong>de</strong> leur amitié3.<br />

Par malheur, il y avait dans le mon<strong>de</strong> une puissance qui était singulièrement<br />

intéressée à brouiller les re<strong>la</strong>tions entre les <strong>de</strong>ux princes barbares. Byzance<br />

n’avait jamais renoncé à <strong>la</strong> souverain<strong>et</strong>é <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt. Pour elle, les Germains<br />

qui s’étaient emparés <strong><strong>de</strong>s</strong> provinces n’y étaient que <strong><strong>de</strong>s</strong> garnisons au service <strong>de</strong><br />

l’empereur, ou <strong><strong>de</strong>s</strong> envahisseurs qu’il en fal<strong>la</strong>it chasser dès qu’on pourrait. Elle<br />

ne cessait <strong>de</strong> rêver aux moyens <strong>de</strong> rem<strong>et</strong>tre sous son obéissance ces florissantes<br />

contrées, <strong>et</strong> l’idée <strong>de</strong> ramener les aigles romaines, malgré le v<strong>et</strong>o <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles,<br />

aux limites où les avaient posées Germanicus <strong>et</strong> Trajan fut <strong>de</strong> toutes les<br />

chimères byzantines <strong>la</strong> plus grandiose <strong>et</strong> <strong>la</strong> plus persistante4. Longtemps avant<br />

Justinien, qui le premier en réalisa au moins une partie, elle hanta l’imagination<br />

<strong>de</strong> ses prédécesseurs, <strong>et</strong> nous en r<strong>et</strong>rouvons plus d’une trace dans leur politique.<br />

Mais l’expédient auquel ils recouraient n’avaient rien <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur imposante<br />

du but : il consistait à diviser les barbares <strong>et</strong> à les détruire les uns par les autres.<br />

L’ennemi à anéantir tout d’abord, c’étaient les Goths. Ils tenaient <strong>de</strong>ux <strong><strong>de</strong>s</strong> trois<br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> presqu’îles méditerranéennes, <strong>et</strong> ils empiétaient sur <strong>la</strong> troisième. Maître<br />

<strong>de</strong> l’Italie <strong>et</strong> d’une partie <strong>de</strong> l’Illyrie, Théodoric affectait même <strong><strong>de</strong>s</strong> allures<br />

d’empereur qui, plus encore que son pouvoir, révoltaient profondément l’orgueil<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Byzantins. Depuis qu’en 504 ses lieutenants avaient infligé aux armées<br />

impériales une défaite humiliante, <strong>et</strong> porté l’autorité <strong>de</strong> leur maître jusque dans<br />

<strong>la</strong> Pannonie5, les rapports étaient extrêmement tendus entre les cours <strong>de</strong><br />

Ravenne <strong>et</strong> <strong>de</strong> Constantinople. Tirer une revanche éc<strong>la</strong>tante <strong>de</strong> l’insolent<br />

barbare, c’était <strong>de</strong>venu en quelque sorte l’idée fixe <strong>de</strong> l’empereur Anastase.<br />

En cherchant le peuple qui <strong>de</strong>vait lui servir d’instrument dans c<strong>et</strong>te entreprise, il<br />

hésita probablement quelque temps entre les Francs <strong>et</strong> les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>. Les<br />

Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> étaient <strong>de</strong> tous les Germains les plus sincères amis <strong>de</strong> l’Empire, <strong>et</strong> les<br />

plus respectueux envers les empereurs. On a vu plus haut les preuves <strong>de</strong> leur<br />

espèce <strong>de</strong> culte pour <strong>la</strong> majesté impériale, <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> subordination au moins<br />

nominale <strong>de</strong> leurs rois aux souverains <strong>de</strong> Byzance. Voisins <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux royaumes<br />

gothiques, ils avaient également à se p<strong>la</strong>indre <strong>de</strong> l’un <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’autre, car le premier<br />

avait mis fin à leur carrière à peine commencée en s’emparant <strong>de</strong> <strong>la</strong> haute Italie,<br />

<strong>et</strong> l’autre, en m<strong>et</strong>tant <strong>la</strong> main sur <strong>la</strong> Gaule maritime, les avait à jamais enfermés<br />

dans leurs montagnes. Mais les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> n’étaient pas assez forts pour engager<br />

1 Dubos, III, p. 267 ; A. <strong>de</strong> Valois, I, p. 291.<br />

2 Fauriel, II, p. 57 ; Cartier, Essais historiques sur <strong>la</strong> ville d’Amboise <strong>et</strong> son château,<br />

Poitiers, 1842. Du Roure, Histoire <strong>de</strong> Théodoric le Grand, I, p. 478, l’appelle aussi l’Île<br />

d’Or.<br />

3 Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 35.<br />

4 G. Kurth, les Origines <strong>de</strong> <strong>la</strong> civilisation mo<strong>de</strong>rne, t. I, pp. 301 <strong>et</strong> suivantes.<br />

5 Ennodius, Panegyricus Theodorico dictus, c. 12. Cf. le comte Marcellin, année 501, <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

chronique <strong>de</strong> Cassiodore, année 504 (Mommsen).

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