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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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frénétiques <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants <strong>de</strong> Clovis ne suffisent pas pour accuser celui-ci, non<br />

plus que les crimes d’une Frédégon<strong>de</strong> ne sont un argument contre <strong>la</strong> saint<strong>et</strong>é <strong>de</strong><br />

Clotil<strong>de</strong>, <strong>de</strong> Ra<strong>de</strong>gon<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bathil<strong>de</strong>. Ces nobles <strong>et</strong> chastes figures qui passent,<br />

voilées <strong>et</strong> en prière, à travers un mon<strong>de</strong> secoué par <strong>la</strong> fièvre <strong>de</strong> toutes les<br />

passions, sont <strong>la</strong> preuve <strong>de</strong> <strong>la</strong> fécondité du christianisme parmi les Francs, <strong>et</strong><br />

protestent contre l’hypothèse d’une barbarie qui n’aurait pas connu d’exception.<br />

Si nous nous en tenons, pour juger Clovis, au p<strong>et</strong>it nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> faits avérés qui<br />

composent l’histoire <strong>de</strong> son règne, il ne nous apparaîtra pas sous un jour<br />

défavorable. Sans doute, nous le voyons, avant sa conversion, frapper avec une<br />

vigueur cruelle un <strong>de</strong> ses guerriers qui l’a offensé, <strong>de</strong> même qu’après son<br />

baptême il tue <strong>de</strong> sa main le soldat qui a violé le ban du roi en pil<strong>la</strong>nt un homme<br />

<strong>de</strong> Saint-Martin ; mais il ne faut pas oublier qu’il usait d’un droit du pouvoir<br />

royal, <strong>et</strong> que si, dans le premier cas, il satisfait sa soif <strong>de</strong> vengeance, dans le<br />

second, en tuant un pil<strong>la</strong>rd, il préservait <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers d’innocents. Toutes les<br />

guerres <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te époque étaient atroces ; mais les siennes furent re<strong>la</strong>tivement<br />

humaines, car ses édits protégèrent <strong><strong>de</strong>s</strong> contrées entières contre les<br />

déprédations <strong>de</strong> ses soldats, <strong>et</strong>, <strong>la</strong> lutte terminée, il aidait l’Église à fermer les<br />

p<strong>la</strong>ies en lui fournissant <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources pour rach<strong>et</strong>er les prisonniers. Loin que<br />

nous trouvions chez lui <strong><strong>de</strong>s</strong> actes <strong>de</strong> véritable cruauté, nous le voyons au<br />

contraire user <strong>de</strong> clémence envers les A<strong>la</strong>mans vaincus, <strong>et</strong> renoncer à poursuivre<br />

son avantage sur Gon<strong>de</strong>baud. Converti à <strong>la</strong> foi catholique, il se montre tolérant<br />

envers ceux <strong>de</strong> sa nation qui sont restés païens ; il les reçoit souvent à sa table,<br />

<strong>et</strong> rien ne <strong>la</strong>isse croire qu’ils soient exclus <strong>de</strong> sa faveur. Dans ses re<strong>la</strong>tions<br />

domestiques, il est accessible aux sentiments affectueux : il pleure sa sœur<br />

Alboflè<strong>de</strong>, il s’attache <strong>de</strong> tout cœur à sa femme Clotil<strong>de</strong>, <strong>et</strong> lui <strong>la</strong>isse prendre un<br />

grand <strong>et</strong> légitime ascendant sur sa vie. Malgré ses répugnances personnelles, il<br />

lui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> faire baptiser ses <strong>de</strong>ux enfants, <strong>et</strong> c’est en gran<strong>de</strong> partie sous<br />

l’influence <strong>de</strong> Clotil<strong>de</strong> qu’il se convertit. Fidèle à ses <strong>de</strong>voirs, Clovis est, ce<br />

semble, un <strong><strong>de</strong>s</strong> rares princes <strong>de</strong> sa famille qui aient su respecter le lit conjugal.<br />

Ses mœurs sont pures ; on ne voit pas qu’il ait donné une rivale à Clotil<strong>de</strong>. Et le<br />

pa<strong>la</strong>is, transformé en harem après lui, a été <strong>de</strong> son vivant le sanctuaire d’une<br />

famille chrétienne.<br />

Ajoutons, pour ne rien om<strong>et</strong>tre du peu qu’il nous est donné <strong>de</strong> discerner, que le<br />

premier roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs est resté un vrai Germain. Le baptême qui l’a enlevé à ses<br />

dieux n’a pas effacé en lui les traits <strong>de</strong> son origine. Chaque fois que sa<br />

personnalité se dégage assez <strong><strong>de</strong>s</strong> nuages <strong>de</strong> l’histoire pour frapper nos yeux, on<br />

reconnaît le fils <strong><strong>de</strong>s</strong> races épiques d’Outre-Rhin. Comme ses ancêtres, comme<br />

son père Childéric, dans le tombeau duquel on r<strong>et</strong>rouva sa francisque, il reste<br />

fidèle à <strong>la</strong> vieille hache <strong>de</strong> guerre <strong><strong>de</strong>s</strong> Istévons ; c’est elle qu’il abat sur <strong>la</strong> tête<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> soldats indisciplinés <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> rois ennemis ; c’est elle encore qui, <strong>la</strong>ncée d’un<br />

bras puissant, vole <strong>de</strong> ses mains pour aller frapper le sol dont il prend<br />

possession, par un rôle marqué au coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus pure liturgie barbare. Il<br />

conserve pieusement, pour les transm<strong>et</strong>tre à ses fils <strong>et</strong> à ses <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants, les<br />

traditions <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynastie. Même alors qu’il est <strong>de</strong>venu le collègue honoraire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

empereurs, <strong>et</strong> qu’il a revêtu <strong>la</strong> ch<strong>la</strong>my<strong>de</strong> <strong>de</strong> pourpre <strong>et</strong> le diadème d’or, il gar<strong>de</strong><br />

intacte <strong>la</strong> royale crinière qui ondule sur ses épaules, <strong>et</strong> qui restera jusqu’au<br />

<strong>de</strong>rnier jour le signe distinctif <strong>de</strong> tous les princes <strong>de</strong> sa famille. Et n’est-ce pas à<br />

lui encore qu’il faut faire remonter c<strong>et</strong>te autre tradition domestique <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Mérovingiens, qui ne perm<strong>et</strong> pas à un seul prénom romain d’altérer l’aspect<br />

fièrement barbare <strong>de</strong> leur arbre généalogique ?

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