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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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<strong>la</strong> lutte contre les Goths. D’ailleurs, <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> campagne <strong>de</strong> 500, ils étaient<br />

<strong>de</strong>venus, sinon les tributaires, du moins les amis <strong>et</strong> les alliés <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs, qui<br />

exerçaient sur leur royaume une suzerain<strong>et</strong>é déguisée.<br />

C’était donc aux Francs décidément qu’il fal<strong>la</strong>it s’adresser. Les Francs étaient les<br />

ennemis-nés <strong><strong>de</strong>s</strong> Goths. Les ar<strong>de</strong>ntes rivalités qui régnaient entre les <strong>de</strong>ux<br />

peuples n’étaient pas un mystère pour Byzance, toujours parfaitement<br />

renseignée sur ce qui se passait chez les barbares. La position stratégique <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Francs les rendait admirablement aptes au rôle d’agresseurs. Couverts du côté<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Ostrogoths par les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>, ils pouvaient anéantir les Visigoths avant que<br />

l’Italie eût le temps d’intervenir ; eux-mêmes, libres sur leurs <strong>de</strong>rrières, ils<br />

n’avaient pas à craindre <strong>de</strong> diversion sérieuse pendant qu’ils seraient aux prises<br />

avec leurs ennemis au sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule. Leur supériorité militaire ne faisait <strong>de</strong><br />

doute pour personne ; il paraissait certain que si, alliés aux Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>, ils se<br />

j<strong>et</strong>aient sur l’Aquitaine, ils en ba<strong>la</strong>yeraient facilement les occupants. Et si<br />

Théodoric s’avisait <strong>de</strong> venir au secours <strong>de</strong> ceux-ci, ne pouvait-on pas, quand on<br />

le vou<strong>la</strong>it, lui donner <strong>de</strong> l’ouvrage en Italie, <strong>et</strong> une démonstration <strong>de</strong> <strong>la</strong> flotte<br />

byzantine ne <strong>de</strong>vait-elle pas suffire pour r<strong>et</strong>enir chez lui ce barbare défiant, établi<br />

au milieu <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tions romaines mal réconciliées ?<br />

Si, comme on n’en peut guère douter, ces considérations ont frappé l’esprit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

contemporains, il dut y avoir d’actives négociations entre Byzance <strong>et</strong> Clovis<br />

pendant le cours <strong>de</strong> l’année 506. Anastase venait <strong>de</strong> rompre toute espèce <strong>de</strong><br />

re<strong>la</strong>tions diplomatiques avec les Ostrogoths : les fastes consu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt<br />

ne contiennent plus, à partir <strong>de</strong> 507, le nom du consul créé dans l’empire<br />

d’Orient. L’empereur pressait vivement Clovis d’entrer en campagne,<br />

s’engageant à faire <strong>de</strong> son côté une démonstration assez sérieuse pour empêcher<br />

Théodoric d’intervenir dans <strong>la</strong> lutte. En même temps, il est probable qu’il<br />

encourageait Gon<strong>de</strong>baud, qui était d’ailleurs l’allié <strong>de</strong> Clovis, à prendre part à<br />

l’entreprise, prom<strong>et</strong>tant aux <strong>de</strong>ux rois <strong>de</strong> ratifier le partage qu’ils feraient <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

dépouilles <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths. Sans doute, nous ne possédons aucun témoignage<br />

positif attestant que telle fut <strong>la</strong> marche <strong><strong>de</strong>s</strong> négociations ; mais elles s’accusent<br />

d’une manière éc<strong>la</strong>tante au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> événements qui vont se dérouler sous nos<br />

yeux.<br />

De quelque secr<strong>et</strong> qu’aient été entourés ces pourparlers, ils n’échappèrent pas à<br />

<strong>la</strong> perspicacité du roi d’Italie. Il <strong>de</strong>vina l’orage qui al<strong>la</strong>it fondre sur son édifice<br />

politique, <strong>et</strong> il ne lui fut pas difficile <strong>de</strong> se rendre compte que dans <strong>la</strong> personne <strong>de</strong><br />

son gendre A<strong>la</strong>ric, c’était lui avant tout qui était visé. On peut croire qu’il<br />

s’attendait <strong>de</strong>puis longtemps à une attaque <strong>de</strong> ce genre, <strong>et</strong> qu’il avait pris, en<br />

vue <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te éventualité redoutée, toutes les précautions que peut suggérer le<br />

génie <strong>de</strong> l’homme d’État le plus exercé. Il avait fait tour à tour entrer, dans sa<br />

clientèle ou dans son alliance, tous les peuples barbares <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt, <strong>et</strong> il était<br />

en Europe le chef d’une famille <strong>de</strong> rois qu’il travail<strong>la</strong>it à serrer le plus étroitement<br />

possible autour <strong>de</strong> sa personne. Grâce à une série <strong>de</strong> mariages politiques, il se<br />

trouvait le beau-père du roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> celui <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths, le beaufrère<br />

<strong>de</strong> celui <strong><strong>de</strong>s</strong> Vandales <strong>et</strong> <strong>de</strong> celui <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs, <strong>et</strong> l’oncle <strong>de</strong> celui <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Thuringiens ; enfin, il avait adopté comme fils d’armes celui <strong><strong>de</strong>s</strong> Hérules. Ces<br />

liens <strong>de</strong> parenté entre les rois lui semb<strong>la</strong>ient <strong>la</strong> meilleure garantie <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix<br />

entre leurs peuples. Il avait été assez heureux pour voir sa politique couronnée<br />

<strong>de</strong> succès, <strong>et</strong> tous les royaumes barbares reconnaître tacitement <strong>la</strong> suprématie<br />

<strong>de</strong> son génie. Clovis était le seul dont les allures conquérantes vinssent troubler<br />

ce bel ordre, <strong>et</strong> donner <strong>de</strong> l’inquiétu<strong>de</strong> au patriarche <strong><strong>de</strong>s</strong> rois. Une première fois<br />

déjà, il avait fallu que Théodoric intervînt pour arrêter le cours <strong>de</strong> ses succès

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