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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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L’armée acc<strong>la</strong>ma ces paroles, <strong>et</strong> sans tar<strong>de</strong>r elle se mit à j<strong>et</strong>er les fon<strong>de</strong>ments<br />

d’une église qui fut achevée plus tard, après <strong>la</strong> soumission totale <strong>de</strong> l’Aquitaine.<br />

En souvenir <strong>de</strong> c<strong>et</strong> événement, on voyait encore, à <strong>la</strong> fin du quatorzième siècle,<br />

dans le pavement en mosaïque <strong>de</strong> l’église <strong>de</strong> Moissac, en avant du chœur, <strong>de</strong>ux<br />

oiseaux <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille, qui passaient pour représenter les oiseaux <strong>de</strong> Clovis. Le<br />

lecteur familiarisé avec l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie popu<strong>la</strong>ire n’aura pas <strong>de</strong> peine à<br />

reconnaître dans c<strong>et</strong>te mosaïque l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition elle-même, ou du moins<br />

celle <strong><strong>de</strong>s</strong> formes fantastiques sous lesquelles elle a été conservée. Mais, à<br />

quelque date que soit née <strong>la</strong> légen<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> griffons, le souvenir <strong>de</strong> Clovis était<br />

ancien à Moissac. Déjà, en 1212, dans une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> doléances adressée à<br />

Philippe-Auguste, l’abbé <strong>de</strong> ce monastère rappe<strong>la</strong>it qu’une tradition immémoriale<br />

en attribuait <strong>la</strong> fondation à Clovis, <strong>et</strong> citait, à titre <strong>de</strong> preuve, l’inscription<br />

suivante, qui se lisait au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> Moissac :<br />

HOC TIBI CHRISTE DEUS REX INSTITUIT CLODOVEUS<br />

AUXIT MUNIFICUS POST HUNC DOMINUS LUDOVICUS<br />

A c<strong>et</strong>te date, l’abbaye célébrait plusieurs services 4nnuels pour le repos dé l’âme<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> rois <strong>de</strong> Frange qui l’avaient fondée <strong>et</strong> dotée, <strong>et</strong>, dans <strong>la</strong> pensée-<strong><strong>de</strong>s</strong> moines,<br />

Clovis était du nombre. Plusieurs siècles après, c<strong>et</strong>te pieuse coutume était encore<br />

en vigueur. On se souvenait du conquérant <strong>de</strong> l’Aquitaine dans <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong> du<br />

monastère, <strong>et</strong> <strong>la</strong> prière catholique al<strong>la</strong>it chercher sa mémoire dans l’oubli profond<br />

du passé1.<br />

Nous avons énuméré toutes les fondations monastiques attribuées à Clovis dans<br />

le <strong>pays</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Garonne <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses affluents. Mais le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> France en possè<strong>de</strong><br />

plusieurs également, qu’il convient <strong>de</strong> passer en revue, <strong>et</strong> dont il faut examiner<br />

les titres.<br />

Le Limousin ne s’est pas contenté <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre Clovis en re<strong>la</strong>tions avec Léonard, le<br />

saint ermite <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Panvain2. Selon une attestation <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin du quinzième<br />

siècle, ce roi <strong>de</strong>vrait être considéré comme le fondateur <strong>de</strong> l’abbaye du Dorat,<br />

car, en revenant <strong>de</strong> <strong>la</strong> bataille <strong>de</strong> Vouillé, il y aurait fondé le mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te oratoire qui<br />

fut le berceau <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te maison. Les clercs qu’il y p<strong>la</strong>ça, au dire <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition,<br />

reçurent <strong>de</strong> lui une dotation territoriale, à <strong>la</strong>quelle il ajouta le précieux privilège<br />

<strong>de</strong> l’immunité3.<br />

1 Voir <strong>la</strong> chronique d’Aymeri <strong>de</strong> Peyrac, manuscrit 4991 A du fonds <strong>la</strong>tin <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Bibliothèque nationale <strong>de</strong> Paris, f° 102 v., 105 <strong>et</strong> 165 v. Cf. Lagrèze-Fossat, Étu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

historiques sur Moissac, Paris, 1870-74, t. III, p. 495, <strong>et</strong> t. I, p. 373. La légen<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Moissac fut plus tard remaniée, comme celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> sainte Ampoulé, <strong><strong>de</strong>s</strong> anges y furent<br />

substitués aux oiseaux. Les habitants ill<strong>et</strong>trés croient <strong>et</strong> affirment encore que <strong>la</strong> statue<br />

colossale du Christ qui décore le tympan du grand portail <strong>de</strong> l’Église est celle <strong>de</strong> Clovis.<br />

Ils lui donnent le nom <strong>de</strong> Reclobis, mot patois formé par contraction <strong><strong>de</strong>s</strong> mots <strong>la</strong>tins rex<br />

<strong>et</strong> Clovis. Il est très probable que c<strong>et</strong>te croyance est très ancienne. (Lagrèze-Fossat, III,<br />

pp. 496 <strong>et</strong> 497.) Il est toutefois bien loin d’être prouvé que Moissac ait été fondé par<br />

Clovis ; selon Lagrèze-Fossat lui-même, III, p. 8, il <strong>de</strong>vrait sa fondation à saint Amand.<br />

2 Sur saint Léonard, voir ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus.<br />

3 Le texte du prétendu diplôme <strong>de</strong> Clovis pour le Dorat est publié par Aubugeois <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Ville du Bort, Histoire du Dorat, Paris 1880 (d’après Leymarie, Histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> bourgeoisie,<br />

t. II, p. 345) ; il est contenu dans un vidimus du 5 février 1495, délivré par le gardien du<br />

sceau du bailliage <strong>de</strong> Limousin au chantre <strong>de</strong> l’église du Dorat, syndic du chapitre.<br />

D’après ce vidimus, le document était transcrit dans un vieux livre écrit sur parchemin,<br />

richement relié <strong>et</strong> renfermant les évangiles. M. Alfred Leroux, Additions <strong>et</strong> rectifications à

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