27.06.2013 Views

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Seulement, le concile d’Orléans fut convoqué par le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs, <strong>et</strong> non par un<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> métropolitains <strong>de</strong> son royaume1. Roi catholique d’un peuple catholique,<br />

Clovis ne pouvait ni se désintéresser <strong><strong>de</strong>s</strong> délibérations du concile, ni rester<br />

étranger aux préparatifs d’une si gran<strong>de</strong> entreprise. Les re<strong>la</strong>tions entre l’Église <strong>et</strong><br />

lui étaient empreintes d’une confiance <strong>et</strong> d’une cordialité qui faisaient <strong>de</strong> son<br />

intervention une nouvelle preuve <strong>de</strong> son dévouement. C’est lui qui convoqua les<br />

pré<strong>la</strong>ts, <strong>et</strong> qui même, à ce qu’il paraît, fixa leur ordre du jour dans une série <strong>de</strong><br />

questions qui leur furent soumises2. Les canons qu’ils arrêtèrent ne sont, en<br />

définitive, que leur réponse au questionnaire royal. Incontestablement, une<br />

participation si active aux travaux <strong>de</strong> l’épiscopat franc suppose que le roi est<br />

intervenu à l’instance <strong><strong>de</strong>s</strong> évêques eux-mêmes, pour prêter à leurs délibérations<br />

une plus gran<strong>de</strong> solennité, <strong>et</strong>, le cas échéant, pour leur garantir une sanction<br />

efficace. D’ailleurs, il était l’héritier <strong><strong>de</strong>s</strong> empereurs, <strong>et</strong> l’on était habitué, dans les<br />

provinces, à <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux pouvoirs dans les travaux <strong>de</strong> ce genre.<br />

Tout porte à croire que l’idée du concile partit <strong><strong>de</strong>s</strong> rangs <strong>de</strong> l’épiscopat du<br />

royaume d’Aquitaine. C’est immédiatement après <strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> ce royaume<br />

qu’il se réunit, <strong>et</strong> ce<strong>la</strong> dans une ville qui servait <strong>de</strong> frontière entre ce <strong>pays</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

France proprement dite. Les seuls intérêts d’ordre local qui firent l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

quelques dispositions conciliaires sont re<strong>la</strong>tifs aux rapports entre les <strong>de</strong>ux<br />

confessions religieuses, qui n’étaient en opposition que dans <strong>la</strong> Gaule<br />

méridionale. Enfin, <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce du concile fut déférée, non pas à saint Remi,<br />

qui n’y assista même pas, ni non plus à saint Mé<strong>la</strong>ine <strong>de</strong> Rennes, comme le<br />

soutient à tort un biographe <strong>de</strong> ce saint3, mais à Cyprien, archevêque <strong>de</strong><br />

Bor<strong>de</strong>aux <strong>et</strong> métropolitain <strong>de</strong> <strong>la</strong> première Aquitaine.<br />

Ce choix est significatif, si l’on se rappelle que Clovis passa à Bor<strong>de</strong>aux tout<br />

l’hiver <strong>de</strong> 506-507, <strong>et</strong> qu’il dut par conséquent avoir les rapports les plus<br />

fréquents avec le métropolitain d’un <strong>pays</strong> qu’il avait tant d’intérêt à s’attacher.<br />

Comment pourrait-on se dérober à l’idée que <strong>la</strong> question du concile a dû être<br />

agitée dès lors dans les conférences du roi <strong>et</strong> du pré<strong>la</strong>t ?<br />

Et s’il en est ainsi, il sera bien permis <strong>de</strong> faire un pas <strong>de</strong> plus. Rappelons-nous<br />

que peu <strong>de</strong> temps auparavant l’évêque <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux avait donné l’hospitalité à<br />

une autre illustration, amenée dans les murs <strong>de</strong> sa ville épiscopale par l’exil, il<br />

est vrai, <strong>et</strong> non pas <strong>la</strong> victoire. Nous voulons parler <strong>de</strong> saint Césaire d’Arles, qui a<br />

su conquérir, pendant son séjour dans <strong>la</strong> capitale du royaume visigoth, non<br />

seulement le respect du roi barbare, mais sans doute aussi le respect, l’affection<br />

<strong>et</strong> l’admiration <strong>de</strong> tous ceux qui l’approchèrent. Certes, Cyprien <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux n’a<br />

pas été le <strong>de</strong>rnier à subir le charme <strong>de</strong> ce saint personnage, il est peu douteux<br />

qu’il n’ait été au courant du grand proj<strong>et</strong> que Césaire portait alors dans sa tête <strong>et</strong><br />

qu’il réalisa, avec l’autorisation du roi, dès qu’il fut rentré dans sa ville épiscopal<br />

: le concile national d’Arles en 506. Cyprien assista à c<strong>et</strong>te auguste assemblée,<br />

<strong>et</strong> son nom est le premier qui figure, après celui <strong>de</strong> Césaire lui-même, parmi’<br />

ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> évêques qui en ont signé les actes. Il n’est donc pas téméraire <strong>de</strong><br />

considérer Cyprien comme un véritable col<strong>la</strong>borateur <strong>de</strong> Césaire dans<br />

1 Voir <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong><strong>de</strong>s</strong> Pères du concile à Clovis, <strong>et</strong> aussi leur introduction dans Sirmond,<br />

Concilia Galliæ, t, I, pp. 177 <strong>et</strong> 178, <strong>et</strong> Maassen, Concilia ævi merovingici, p. 2. En 567,<br />

le concile <strong>de</strong> Tours, c. 22, citant un canon du concile d’Orléans 511, dit : In synodo<br />

Aurelianense, quam invictissimus rex Chlotveus fieri supplicavit. (Maassen, p. 132.)<br />

2 Secundum voluntatis vestræ consultationem <strong>et</strong> titulos quos <strong>de</strong>distis ea quæ nohis<br />

visum est <strong>de</strong>finitione respondimus. Sirmond, I, p. 177 ; Maassen, p. 2.<br />

3 Vita sancti Me<strong>la</strong>nii.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!