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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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pour eux <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong><strong>de</strong>s</strong> canons, <strong>et</strong> ce débat entre évêques au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’intervention du roi marque bien <strong>la</strong> distance qu’il y avait entre le droit strict qui<br />

ne lui accordait rien, <strong>et</strong> <strong>la</strong> déférence qui lui cédait tout1.<br />

Souvent. même, c’est l’Église qui al<strong>la</strong>it au-<strong>de</strong>vant du roi, <strong>et</strong> qui le sollicitait <strong>de</strong><br />

trancher <strong><strong>de</strong>s</strong> questions, le prenant pour arbitré <strong>et</strong> l’honorant <strong>de</strong> sa confiance.<br />

Lorsque saint Fridolin fut élu abbé <strong>de</strong> Saint-Hi<strong>la</strong>ire, à Poitiers, il hésita<br />

longtemps, nous dit son biographe, à accepter c<strong>et</strong>te dignité, malgré les instances<br />

<strong>de</strong> l’évêque saint A<strong>de</strong>lfius ; finalement, vaincu à <strong>de</strong>mi par les prières <strong>de</strong> l’évêque,<br />

il lui propose d’aller ensemble trouver le roi, pour qu’une affaire <strong>de</strong> telle<br />

conséquence ne fût pas entreprise sans son concours. Et les voilà qui partent<br />

tous les <strong>de</strong>ux pour le pa<strong>la</strong>is royal, l’évêque à cheval, comme l’exigeait son rang,<br />

l’abbé à pied, comme il faisait d’habitu<strong>de</strong>2. Ne voit-on pas comme un tableau en<br />

raccourci <strong>de</strong> toutes les re<strong>la</strong>tions entre l’Église <strong>et</strong> l’État dans c<strong>et</strong> évêque <strong>et</strong> c<strong>et</strong><br />

abbé qui vont amicalement trouver le roi, pour le prier <strong>de</strong> les m<strong>et</strong>tre d’accord sur<br />

une question qui n’est pas <strong>de</strong> son ressort, mais qu’ils lui soum<strong>et</strong>tent par<br />

déférence <strong>et</strong> par respect ?<br />

Un pareil <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> con<strong><strong>de</strong>s</strong>cendance <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> l’Église ne s’expliquerait guère,<br />

si l’on ne savait qu’il était réciproque <strong>de</strong> <strong>la</strong> part du roi. C’est <strong>la</strong> confiance qui<br />

formait <strong>la</strong> base <strong><strong>de</strong>s</strong> re<strong>la</strong>tions mutuelles. Au lieu <strong>de</strong> délimiter anxieusement leurs<br />

frontières, les <strong>de</strong>ux pouvoirs semb<strong>la</strong>ient s’inviter mutuellement à les franchir.<br />

Clovis convoquait <strong><strong>de</strong>s</strong> conciles <strong>et</strong> intervenait dans les élections épiscopales ; mais<br />

lui-même, jusqu’à quel point ne se <strong>la</strong>issait-il pas inspirer, gui<strong>de</strong>r, conseiller par<br />

les évêques ? Toute sa politique intérieure, toute son attitu<strong>de</strong> vis-à-vis <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

indigènes, c’est l’épiscopat qui l’a dictée, <strong>et</strong> l’on a vu plus haut que ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

évêques qui ont suggéré <strong>la</strong> convocation du concile national. En un mot, son<br />

action sur l’Église a pour contrepoids une action non moins énergique <strong>de</strong> l’Église<br />

sur l’État. Les évêques composaient son conseil : saint Remi resta jusqu’à <strong>la</strong> fin<br />

en grand crédit auprès <strong>de</strong> lui, <strong>et</strong> on nous dit que saint Mé<strong>la</strong>ine, évêque <strong>de</strong><br />

Rennes, compta également parmi ses conseillers les plus écoutés.<br />

Toute l’hagiographie du temps est remplie` <strong><strong>de</strong>s</strong> marques <strong>de</strong> respect qu’il donna<br />

aux évêques. Les récits qui nous en ont gardé le souvenir n’ont pas tous le <strong>de</strong>gré<br />

d’authenticité nécessaire pour s’imposer à <strong>la</strong> croyance du lecteur ; mais dans<br />

l’impuissance où nous sommes d’y faire le partage exact du vrai <strong>et</strong> du faux, quoi<br />

<strong>de</strong> plus légitime que <strong>de</strong> les reproduire dans leur simplicité, comme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

documents qui ont droit tout au moins à l’attention <strong>de</strong> l’histoire ? C’est pour c<strong>et</strong>te<br />

raison que nous avons cru <strong>de</strong>voir réserver une p<strong>la</strong>ce, sur ces pages, aux<br />

épiso<strong><strong>de</strong>s</strong> suivants.<br />

Étant en Aquitaine, Clovis entendit parler <strong><strong>de</strong>s</strong> vertus <strong>de</strong> saint Germier, évêque <strong>de</strong><br />

Toulouse. Il le fit venir auprès <strong>de</strong> lui, l’invita à sa table, <strong>et</strong> prit grand p<strong>la</strong>isir à sa<br />

conversation. Le saint distribua <strong><strong>de</strong>s</strong> eulogies au roi <strong>et</strong> à ses grands ; eux lui<br />

confessèrent leurs péchés <strong>et</strong> écoutèrent ses exhortations à <strong>la</strong> pénitence. Le roi,<br />

voyant <strong>la</strong> saint<strong>et</strong>é du pré<strong>la</strong>t, le supplia <strong>de</strong> prier pour lui, <strong>et</strong> lui dit :<br />

Deman<strong>de</strong>z-moi ce que vous voudrez <strong>de</strong> mes biens, <strong>et</strong> mes serviteurs vous<br />

accompagneront pour vous le donner.<br />

1 Sur les élections épiscopales sous les Mérovingiens, il faut lire le bon mémoire <strong>de</strong> M.<br />

Vacandard dans <strong>la</strong> Revue <strong><strong>de</strong>s</strong> Questions Historiques, t. LXIII (1898), où est citée, p. 321,<br />

n. 1 <strong>et</strong> 2, <strong>la</strong> bibliographie antérieure.<br />

2 Ex vita sancti Fridolini (dom Bouqu<strong>et</strong>, III, p. 388).

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