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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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consistent à passer en revue son trésor ou à visiter ses écuries ; souvent aussi il<br />

goûte le p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse. Ses repas sont simples, même les jours <strong>de</strong> fête ;<br />

après le dîner, le roi prend un léger somme ; parfois il joue, <strong>et</strong> il s’amuse <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

mauvaise humeur <strong>de</strong> son adversaire perdait. Le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée est <strong>de</strong><br />

nouveau consacré aux affaires. Le soir, le repas est égayé par quelque chantre<br />

mélodieux ou par les saillies d’un bouffon, mais tout se passe avec mesure, <strong>et</strong><br />

sans rien <strong>de</strong> blessant pour aucun convive1.<br />

Ce puissant, toutefois, ne <strong>de</strong>vait pas vieillir en paix au milieu <strong>de</strong> sa prospérité. Il<br />

avait inauguré ce qu’un écrivain franc appelle <strong>la</strong> détestable coutume qu’ont les<br />

Goths <strong>de</strong> tuer leurs souverains2. Mais, <strong>de</strong> même qu’un fratrici<strong>de</strong> l’avait fait<br />

monter sur le trône, un fratrici<strong>de</strong> l’en précipita, <strong>et</strong> il périt à <strong>la</strong> fleur <strong>de</strong> l’âge sous<br />

les coups <strong>de</strong> son frère Euric.<br />

Alors commença <strong>la</strong> carrière conquérante du plus remarquable <strong><strong>de</strong>s</strong> rois visigoths.<br />

Devenu maître du pouvoir, il fit oublier à son peuple le crime qui le lui avait valu,<br />

<strong>et</strong> il y déploya l’ar<strong>de</strong>nte activité <strong>et</strong> l’ambition insatiable d’un génie dont <strong>la</strong><br />

vocation est <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r. En face <strong>de</strong> l’empire d’Occi<strong>de</strong>nt qui faisait, sous<br />

Anthémius, <strong>de</strong> <strong>la</strong>nguissants efforts pour remonter <strong>la</strong> pente fatale <strong><strong>de</strong>s</strong> choses, le<br />

Mars <strong>de</strong> <strong>la</strong> Garonne, comme l’appe<strong>la</strong>it Sidoine3, s’affirma avec une égale<br />

puissance comme diplomate <strong>et</strong> comme homme <strong>de</strong> guerre. Il ouvrit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

négociations avec les Suèves d’Espagne, avec les Vandales d’Afrique, <strong>et</strong> entr<strong>et</strong>int<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> intelligences avec c<strong>et</strong>te partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion romaine qui avait pris son<br />

parti d’une occupation barbare, <strong>et</strong> aimait mieux <strong>la</strong> préparer que <strong>la</strong> subir. Rome,<br />

qui n’avait plus d’armée <strong>et</strong> plus <strong>de</strong> généraux, combattait ses ennemis les uns par<br />

les autres : aux Visigoths envahissants elle opposa les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>, qui vinrent<br />

tenir garnison à Clermont ; les Br<strong>et</strong>ons, qu’elle campa au nombre <strong>de</strong> douze mille<br />

au cœur du Berry ; les Francs, qui avaient servi sous les ordres d’Ægidius, <strong>et</strong> qui<br />

étaient restés fidèles à son successeur.<br />

Mais rien n’arrêtait Euric. Tenu au courant, par <strong><strong>de</strong>s</strong> traîtres comme Seronatus, <strong>de</strong><br />

ce qui se passait du côté romain, il al<strong>la</strong>it écraser les Br<strong>et</strong>ons à Déols (468), <strong>et</strong>,<br />

après c<strong>et</strong>te journée qui lui rouvrait <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loire, il venait m<strong>et</strong>tre le siège<br />

<strong>de</strong>vant Clermont (473), qui était, dans les montagnes, <strong>la</strong> clef <strong>de</strong> toutes les<br />

positions qui comman<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> Gaule centrale. Maître <strong>de</strong> ce poste, il pouvait se<br />

porter à tour <strong>de</strong> rôle, selon les intérêts du moment, sur <strong>la</strong> Loire ou sur le Rhône,<br />

<strong>et</strong> tenir en échec les Francs, les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> les Romains d’Italie.<br />

La patrie <strong>de</strong> Vercingétorix fit preuve alors, envers l’Empire agonisant, <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

fidélité qu’elle avait montrée, il y avait cinq siècles, à <strong>la</strong> liberté gauloise, comme<br />

s’il avait été dans sa <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée <strong>de</strong> s’honorer en faisant briller sur les causes<br />

déchues un <strong>de</strong>rnier rayon <strong>de</strong> gloire <strong>et</strong> <strong>de</strong> dévouement. Seule en face d’un ennemi<br />

<strong>de</strong>vant qui pliaient toutes les résistances, abandonnée par l’Empire qui ne<br />

défendait plus que l’Italie, par les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> que l’heure du danger ne trouva<br />

plus dans ses murs4, <strong>la</strong> vail<strong>la</strong>nte cité soutint bravement le choc. A <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

résistance était son évêque, Sidoine Apollinaire, dans lequel l’ordination<br />

épiscopale semb<strong>la</strong>it avoir créé ‘un pasteur <strong>de</strong> peuples <strong>et</strong> un patriote, à côté du<br />

grand seigneur ami <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie mondaine <strong>et</strong> du faiseur <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its vers élégants. C<strong>et</strong><br />

1 Sidoine Apollinaire, Epist., I, 2.<br />

2 Grégoire <strong>de</strong> Tours, III, 30.<br />

3 Sidoine Apollinaire, Epist., VIII, 9.<br />

4 Dahn, Die Kœnige <strong>de</strong>r Germanen, V, p. 92, croit à tort que les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> y étaient<br />

encore ; il n’y en a aucune preuve.

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