27.06.2013 Views

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

aconter les événements qui ont forcé Childéric à fuir <strong>de</strong>vant Ægidius, <strong>et</strong> qui ont<br />

ramené une <strong>de</strong>rnière fois les aigles romaines sur les bords <strong>de</strong> l’Escaut. D’après<br />

ce<strong>la</strong>, il faudrait croire que les Francs, qui, comme nous l’avons vu, s’étaient<br />

révoltés après <strong>la</strong> mort d’Aétius, avaient été mis à <strong>la</strong> raison par le maître <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

milices <strong><strong>de</strong>s</strong> Gaules, qui avait le gouvernement militaire du <strong>pays</strong>, <strong>et</strong> que Childéric<br />

lui avait fait sa soumission sous <strong>la</strong> forme ordinaire, c’est-à-dire en s’engageant à<br />

lui fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> troupes en cas <strong>de</strong> guerre. Ces re<strong>la</strong>tions très naturelles, <strong>et</strong> que<br />

nous avons r<strong>et</strong>rouvées à toutes les pages <strong>de</strong> l’histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs, auraient été<br />

altérées par <strong>la</strong> légen<strong>de</strong>, qui, ne comprenant rien aux raisons politiques, <strong>et</strong><br />

cherchant partout <strong><strong>de</strong>s</strong> mobiles individuels, aurait fait intervenir ici l’éternel mythe<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> femmes outragées, seule explication qu’elle donne, si je puis ainsi parler, <strong>de</strong><br />

tous les problèmes <strong>de</strong> l’histoire1 !<br />

Voilà tout ce que l’on peut, à <strong>la</strong> rigueur, considérer comme historique dans <strong>la</strong><br />

tradition re<strong>la</strong>tive à l’exil du roi franc : pour le reste, loin d’avoir chassé Ægidius<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> terres <strong><strong>de</strong>s</strong> Saliens, il fut, <strong>de</strong>puis 463 jusqu’à <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> ce général, survenue<br />

peu après, le plus fidèle <strong>de</strong> ses alliés. La légen<strong>de</strong> <strong>et</strong> l’histoire se contredisent<br />

donc ici <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière <strong>la</strong> plus formelle. N’essayons pas <strong>de</strong> les concilier ; mais,<br />

après avoir n<strong>et</strong>tement séparé leurs domaines, hâtons-nous <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre le pied sur<br />

le terrain plus soli<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’histoire.<br />

On ne sait pas au juste en quelle année Childéric succéda à son père ; mais,<br />

Mérovée étant mort jeune, son fils <strong>de</strong>vait être jeune lui-même lorsqu’il <strong>de</strong>vint roi<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Francs <strong>de</strong> Tournai. Ses premières années nous sont entièrement inconnues,<br />

<strong>et</strong> nous n’entreprendrons pas d’en <strong>de</strong>viner l’emploi. Les annales qui nous ont<br />

gardé quelques rares souvenirs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te époque ne j<strong>et</strong>tent les yeux sur lui qu’à<br />

partir du jour où il se mê<strong>la</strong>, comme un acteur important, aux débats entre les<br />

peuples qui se disputaient alors <strong>la</strong> Gaule. Il y apparut en qualité d’allié <strong>de</strong> Rome,<br />

conformément à une tradition salienne que les exploits <strong>de</strong> Clodion <strong>et</strong> <strong>de</strong> Mérovée<br />

avaient interrompue sans l’éteindre, mais à <strong>la</strong>quelle, si nos conjectures sont<br />

fondées, A<strong>et</strong>ius <strong>et</strong> Ægidius n’avaient pas eu trop <strong>de</strong> peine à ramener les Francs.<br />

La civilisation romaine était alors représentée par un homme dont le moment est<br />

venu <strong>de</strong> faire <strong>la</strong> connaissance. Ægidius appartenait à une gran<strong>de</strong> famille <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Gaule orientale, peut-être à ces illustres Syagrius dont Lyon était <strong>la</strong> patrie2. Il<br />

avait l’âme romaine, <strong>et</strong> il semble avoir, pris à tâche <strong>de</strong> se faire en Gaule le<br />

continuateur d’A<strong>et</strong>ius, que <strong>la</strong> tradition popu<strong>la</strong>ire a plus d’une fois confondu avec<br />

lui. La conservation <strong>de</strong> ce qui restait du patrimoine <strong>de</strong> l’Empire, <strong>et</strong> le maintien <strong>de</strong><br />

l’union <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule avec l’Italie, centre du mon<strong>de</strong> civilisé, telle semble avoir été <strong>la</strong><br />

double cause à <strong>la</strong>quelle Ægidius consacra sa <strong>la</strong>borieuse carrière. Il y a dans<br />

l’unité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te vie une gran<strong>de</strong>ur indéniable. En un temps où chacun ne travail<strong>la</strong>it<br />

plus que pour soi, <strong>et</strong> où quiconque dépassait le niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> foule aspirait à<br />

ceindre le diadème impérial, un homme qui luttait pour une idée <strong>et</strong> non pour le<br />

pouvoir était une glorieuse exception. Ægidius eut d’ailleurs le bonheur <strong>de</strong><br />

débuter sous un souverain qui était digne d’être égalé aux meilleurs, mais qui fut<br />

1 Cf. Pétigny, Étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, II, p. 129.<br />

2 Lire sur Ægidius l’intéressante étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Tamassia, intitulée : Egidio e Siagrio (Rivista<br />

storica italiana, t. II, 4882). — Rien ne prouve qu’il faille l’i<strong>de</strong>ntifier, comme fait Pétigny,<br />

avec le Syagrius que Sidoine Apollinaire (Epist., V, 5) appelle le Solon <strong><strong>de</strong>s</strong> Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong>et</strong><br />

qu’il félicite, en termes d’une ironie voilée, <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière dont il sait <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

barbares. Il y avait à c<strong>et</strong>te époque plus d’un membre <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille Syagrius ; Sidoine luimême<br />

(Epist., VIII, 8) nous en fait connaître un jeune encore, <strong>et</strong> auquel il reproche un<br />

goût trop exclusif pour <strong>la</strong> vie <strong><strong>de</strong>s</strong> champs.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!