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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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Mein <strong>et</strong> du Neckar, qui étaient le centre <strong>de</strong> leur royaume, se j<strong>et</strong>èrent dans une<br />

fuite éperdue sur les provinces méridionales, <strong>et</strong> gagnèrent, au <strong>de</strong>là du Rhin, les<br />

hauts p<strong>la</strong>teaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Souabe <strong>et</strong> les vallées sauvages <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse, où viennent<br />

déboucher les fleuves <strong>et</strong> les torrents <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes. Pendant ce temps, les terres<br />

qu’ils abandonnaient étaient envahies par <strong><strong>de</strong>s</strong> colons francs venus du <strong>pays</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Chattes, qui s’établirent dans <strong>la</strong> patrie <strong><strong>de</strong>s</strong> A<strong>la</strong>mans, <strong>et</strong> qui franconisèrent ces<br />

régions encore aujourd’hui désignées sous le nom <strong>de</strong> Franconie.<br />

Que <strong>de</strong>vinrent les malheureux fuyards, qui avaient dans le dos <strong>la</strong> framée <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

soldats <strong>de</strong> Clovis, <strong>et</strong> <strong>de</strong>vant eux les hauts g<strong>la</strong>ciers <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes, ces redoutables<br />

boulevards du royaume d’Italie reconstitué ? Blottis dans les défilés, entre un<br />

vainqueur irrité <strong>et</strong> un roi puissant qui n’entendait pas leur ouvrir son royaume, ils<br />

se voyaient en proie à <strong>la</strong> plus <strong>la</strong>mentable détresse. Théodoric le Grand vint à leur<br />

secours. Il avait tout intérêt à empêcher que Clovis, en leur donnant <strong>la</strong> chasse,<br />

ne les j<strong>et</strong>ât comme une ava<strong>la</strong>nche sur <strong>la</strong> haute Italie, dont ils connaissaient les<br />

charmes par les récits enf<strong>la</strong>mmés <strong>de</strong> leurs pères. Il ne redoutait pas moins <strong>de</strong><br />

voir les Francs <strong>de</strong>venir ses voisins immédiats, s’ils parvenaient à dominer jusque<br />

sur les lignes <strong>de</strong> faite du haut <strong><strong>de</strong>s</strong>quelles se découvrent les belles p<strong>la</strong>ines<br />

lombar<strong><strong>de</strong>s</strong>. Alors ce prince, qui aimait <strong>la</strong> paix <strong>et</strong> qui <strong>de</strong>mandait volontiers à <strong>la</strong><br />

diplomatie les <strong>la</strong>uriers <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre, crut le moment venu d’entrer dans le débat.<br />

Affectant <strong>de</strong> considérer les hauts p<strong>la</strong>teaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Rhétie comme le prolongement<br />

<strong>et</strong> comme une partie intégrante du royaume italique, il déc<strong>la</strong>ra qu’il ouvrait ce<br />

<strong>pays</strong> aux débris d’une nation déracinée, <strong>et</strong> que les A<strong>la</strong>mans sans patrie pouvaient<br />

s’y réfugier à l’abri <strong>de</strong> sa généreuse protection. Par ce trait d’habile politique, il<br />

couvrait <strong>la</strong> frontière <strong>de</strong> l’Italie, en j<strong>et</strong>ant en avant d’elle <strong><strong>de</strong>s</strong> popu<strong>la</strong>tions qui <strong>la</strong><br />

défendraient au besoin avec l’énergie du désespoir, <strong>et</strong> il se procurait <strong><strong>de</strong>s</strong> titres à<br />

<strong>la</strong> reconnaissance d’un peuple qu’il avait l’air d’accueillir par humanité pure.<br />

Clovis, il est vrai, pouvait prendre <strong>de</strong> l’ombrage <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te intervention du roi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Ostrogoths, qui lui ravissait une partie <strong><strong>de</strong>s</strong> fruits <strong>de</strong> sa victoire. Pour prévenir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

observations, en même temps que pour justifier, d’une manière indirecte,<br />

l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> son gouvernement, Théodoric écrivit à Clovis une l<strong>et</strong>tre qu’on peut<br />

regar<strong>de</strong>r comme un chef-d’œuvre <strong>de</strong> diplomatie. Conçu dans le style grandiose<br />

<strong>de</strong> l’ancienne chancellerie romaine, dont Cassiodore continuait <strong>la</strong> tradition auprès<br />

du monarque ostrogoth, ce document, très courtois dans <strong>la</strong> forme <strong>et</strong> d’une<br />

singulière ferm<strong>et</strong>é dans le fond, se tenait dans le domaine <strong><strong>de</strong>s</strong> généralités<br />

élevées, <strong>et</strong> semb<strong>la</strong>it ne faire appel qu’aux sentiments généreux du roi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Francs. Il ne pouvait toutefois échapper à celui-ci que <strong>la</strong> démarche <strong>de</strong> son<br />

puissant beau-frère s’inspirait d’autres considérations que <strong>de</strong> celles d’une<br />

phi<strong>la</strong>nthropie désintéressée, <strong>et</strong> qu’il y aurait peut-être quelque danger à ne pas<br />

déférer à ses conseils <strong>de</strong> modération :<br />

Nous nous réjouissons, écrivait Théodoric, <strong>de</strong> <strong>la</strong> parenté glorieuse qui nous<br />

rattache à vous. Vous avez, d’une manière heureuse, éveillé à <strong>de</strong> nouveaux<br />

combats le peuple franc, <strong>de</strong>puis longtemps plongé dans le repos1. D’une main<br />

victorieuse vous avez soumis les A<strong>la</strong>mans abattus par <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> leurs plus<br />

vail<strong>la</strong>nts guerriers. Mais puisque c’est toujours les auteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> perfidie qu’on<br />

doit en punir, <strong>et</strong> que le châtiment mérité par les chefs ne doit pas frapper tout le<br />

mon<strong>de</strong>, modérez les coups que vous portez aux restes d’une nation écrasée.<br />

Considérez que <strong><strong>de</strong>s</strong> vaincus qui se réfugient sous <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> vos parents ont<br />

1 Ces paroles ne surprendront pas si l’on se rappelle ce que nous avons dit<br />

précé<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière dont s’était faite <strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité<br />

entre les Thuringiens <strong>de</strong> <strong>la</strong> légen<strong>de</strong> <strong>et</strong> les Francs <strong>de</strong> Chararic.

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