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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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Moselle <strong>et</strong> jusqu’à l’entrée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ripuarie, les vil<strong>la</strong>ges à nom alémanique<br />

s’insèrent comme <strong><strong>de</strong>s</strong> envahisseurs au milieu <strong>de</strong> ceux qui trahissent une origine<br />

franque, <strong>et</strong> ce pêle-mêle <strong><strong>de</strong>s</strong> vocables donne l’idée du terrible fouillis qui dut se<br />

produire dans ces jours où les colons venus du sud se heurtaient aux premiers<br />

occupants1.<br />

Devant les anciens frères d’armes <strong>de</strong>venus <strong><strong>de</strong>s</strong> ennemis, les Francs al<strong>la</strong>ient-ils<br />

maintenir leurs positions ? On pouvait craindre le contraire. Ils étaient divisés en<br />

<strong>de</strong>ux peuples : les A<strong>la</strong>mans formaient une vaste <strong>et</strong> puissante nation militaire.<br />

Saliens <strong>et</strong> Ripuaires, il est vrai, n’étaient pas étrangers les uns aux autres ; à<br />

leur tête étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> rois rattachés entre eux par les liens du sang, <strong>et</strong> les <strong>de</strong>ux<br />

groupes avaient le même intérêt à ne pas <strong>la</strong>isser grandir à côté d’eux une<br />

puissance qui pût <strong>de</strong>venir menaçante pour l’un <strong>et</strong> pour l’autre. Néanmoins, <strong>la</strong><br />

facilité qu’avaient les A<strong>la</strong>mans <strong>de</strong> se j<strong>et</strong>er tour à tour sur l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux, <strong>et</strong> <strong>de</strong> le<br />

surprendre avant qu’il eût pu recevoir <strong><strong>de</strong>s</strong> secours <strong>de</strong> l’autre, jointe à<br />

l’éloignement considérable <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux villes <strong>de</strong> Soissons <strong>et</strong> <strong>de</strong> Cologne, qui étaient<br />

les centres <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong> <strong>la</strong> nation franque, m<strong>et</strong>taient les Francs dans une<br />

situation stratégique fort inférieure à celle <strong>de</strong> leurs voisins, aussi longtemps du<br />

moins qu’ils se bornaient à rester sur <strong>la</strong> défensive.<br />

Selon toutes les apparences, le plus fort <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte contre les A<strong>la</strong>mans a pesé sur<br />

les Francs Ripuaires. Leurs agresseurs n’avaient qu’à <strong><strong>de</strong>s</strong>cendre le cours du beau<br />

fleuve dont ils gardaient <strong>la</strong> vallée supérieure : les flots les portaient sans obstacle<br />

au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> vastes campagnes ouvertes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ripuaire. Ce royaume était loin<br />

d’avoir l’é<strong>la</strong>n irrésistible <strong>et</strong> <strong>la</strong> fougue conquérante <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Soissons. Resté<br />

comme à l’arrière-gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’invasion, <strong>et</strong> n’ayant plus <strong>de</strong>vant lui aucune terre<br />

romaine qui ne fût déjà occupée, il se voyait réduit à un rôle <strong>de</strong> conservation<br />

pacifique qui n’était pas fait pour inspirer beaucoup <strong>de</strong> respect à ses turbulents<br />

voisins. Ceux-ci avaient manifestement le <strong><strong>de</strong>s</strong>sus : les traces <strong>de</strong> leur colonisation<br />

en Hesse <strong>et</strong> dans le paye rhénan nous montrent qu’ils s’étendaient<br />

graduellement dans ces régions au détriment <strong><strong>de</strong>s</strong> Ripuaires. Déjà ils s’étaient<br />

avancés jusqu’à une journée <strong>de</strong> marche <strong>de</strong> leur capitale : encore une bataille, <strong>et</strong><br />

elle tombait dans leurs mains avec tout le royaume.<br />

Des hauteurs volcaniques <strong>de</strong> l’Eifel, qui entourent en hémicycle, du côté du sud,<br />

<strong>la</strong> vaste <strong>et</strong> fertile p<strong>la</strong>ine à l’extrémité <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle apparaissent les tours <strong>de</strong><br />

Cologne, les barbares venaient <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>cendre dans ce jardin <strong><strong>de</strong>s</strong> Ripuaires. Un<br />

château fort, bâti par les Romains, en gardait l’entrée : c’était Tolbiac, ancienne<br />

garnison <strong><strong>de</strong>s</strong> légionnaires, encore reconnaissable sous son nom mo<strong>de</strong>rnisé <strong>de</strong><br />

Zülpich. La bourga<strong>de</strong>, aujourd’hui au <strong>la</strong>rge dans sa vieille enceinte crou<strong>la</strong>nte<br />

vêtue par intervalles <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges pans <strong>de</strong> lierre, surgit comme une vision<br />

d’autrefois au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong> immense. L’église, dont <strong>la</strong> crypte se souvient<br />

d’avoir vu ondoyer Clovis2, le vieux château du moyen âge aux massives tours<br />

ron<strong><strong>de</strong>s</strong>, reposant sur <strong><strong>de</strong>s</strong> assises mérovingiennes, le tracé <strong><strong>de</strong>s</strong> rues, où l’on<br />

r<strong>et</strong>rouve l’intersection <strong><strong>de</strong>s</strong> lignes principales du campement romain, les fossés,<br />

transformés en jardins <strong>la</strong>rgement nourris <strong>de</strong> soleil, <strong>et</strong> surveillés par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

meurtrières en ruines, les pittoresques portes crénelées s’ouvrant aux quatre<br />

1 W. Arnold, Ansie<strong>de</strong>lungen und Wan<strong>de</strong>rungen <strong>de</strong>utscher Stämme, 2e édit., Marbourg,<br />

1881. Livre ingénieux, mais où l’élément conjectural occupe une gran<strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce.<br />

2 Sur les souvenirs locaux <strong>de</strong> Zülpich re<strong>la</strong>tifs à Clovis <strong>et</strong> à <strong>la</strong> bataille <strong><strong>de</strong>s</strong> A<strong>la</strong>mans, il faut<br />

lire Broix, Erinnerungen an das alte berühmte Tolbiacum, Neuss, 1842. Ces traditions ne<br />

remontent pas plus haut que l’époque <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance, <strong>et</strong> ne servent en rien à gui<strong>de</strong>r<br />

les recherches <strong>de</strong> l’historien.

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