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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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souvenir <strong>de</strong> ses premières années dans ces provinces ; mais il est certain qu’il a<br />

dû y pénétrer <strong>de</strong> bonne heure. De même que l’apparition <strong>de</strong> <strong>la</strong> verdure à <strong>la</strong><br />

surface <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre suppose une longue <strong>et</strong> forte germination invisible dans les<br />

entrailles du sol, <strong>de</strong> même les plus anciennes manifestations <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie chrétienne<br />

en Belgique ont <strong>de</strong>rrière elles tout un passé <strong>de</strong> <strong>la</strong>borieux efforts <strong>et</strong> <strong>de</strong> pénibles<br />

épreuves.<br />

On ne peut donc nier qu’il y ait eu, dès les premiers temps, <strong><strong>de</strong>s</strong> chrétiens dans<br />

les villes du nord <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule. Le mouvement <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie amenait dans c<strong>et</strong>te région<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> gens <strong>de</strong> tous les <strong>pays</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> toutes les catégories, <strong>et</strong> parmi les marchands,<br />

les esc<strong>la</strong>ves, les juifs, les Syriens, les Grecs, les soldats qui venaient s’y établir, il<br />

a dû y avoir plus d’un adorateur du Christ. Dès le premier jour aussi, il s’y sera<br />

trouvé <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes que <strong>la</strong> doctrine <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ré<strong>de</strong>mption aura conquises, <strong>et</strong> qui se<br />

sentaient attirées vers elle par un mystérieux attrait. Si <strong><strong>de</strong>s</strong> divinités orientales<br />

comme Isis <strong>et</strong> Mithra ont eu <strong><strong>de</strong>s</strong> fidèles en Gaule1, <strong>et</strong> si <strong><strong>de</strong>s</strong> traces <strong>de</strong> leur culte<br />

ont été relevées dans plusieurs villes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Belgique <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Germanie, comment<br />

pourrait-on supposer que le plus popu<strong>la</strong>ire <strong>et</strong> le plus conso<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> tous les<br />

cultes y serait resté totalement inconnu ? Il est vrai qu’il n’a <strong>la</strong>issé aucune trace<br />

dans l’épigraphie ; mais ce silence <strong><strong>de</strong>s</strong> pierres funéraires n’est autre chose qu’un<br />

éloquent témoignage du danger que les premiers chrétiens <strong>de</strong> nos <strong>pays</strong> couraient<br />

à manifester ouvertement leur foi.<br />

On voudrait savoir quelle était, dans les diverses cités <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, <strong>la</strong> condition<br />

<strong>de</strong> ces premiers chrétiens : Vivaient-ils dans <strong>la</strong> dispersion, selon le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong><br />

l’Écriture, ou étaient-ce <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes assez compacts pour former une église<br />

locale, avec un évêque à leur tête ? Évi<strong>de</strong>mment, <strong>et</strong> surtout dans les premières<br />

générations, toutes les villes n’auront pas possédé une communauté en règle :<br />

leurs chrétientés restaient, dans ce cas, sous l’obéissance d’une ville voisine où<br />

les fidèles étaient plus nombreux. Le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> diocèses était donc fort<br />

inférieur à celui <strong><strong>de</strong>s</strong> cités, <strong>et</strong> il est permis <strong>de</strong> croire qu’à l’origine il n’y en a eu<br />

que dans les métropoles, c’est-à-dire dans les chefs-lieux <strong><strong>de</strong>s</strong> provinces. Plus<br />

favorisées <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion, contenant une popu<strong>la</strong>tion plus <strong>de</strong>nse <strong>et</strong> remuées par<br />

un plus grand nombre d’affaires <strong>et</strong> d’idées, les métropoles durent naturellement<br />

<strong>de</strong>vancer leurs cités dans <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> l’Évangile. La première forme sous<br />

<strong>la</strong>quelle se présente à nous l’organisation <strong>de</strong> l’Église dans le nord <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule,<br />

c’est donc celle <strong>de</strong> diocèses immenses, grands comme <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>pays</strong> entiers, dont les<br />

sièges sont à Reims, à Trèves, à Cologne, <strong>et</strong> qui embrassent les <strong>de</strong>ux Belgiques<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième Germanie. C<strong>et</strong>te rar<strong>et</strong>é <strong><strong>de</strong>s</strong> sièges épiscopaux, opposée à leur<br />

prodigieuse multiplicité en Italie, en Afrique <strong>et</strong> en Orient, est un <strong><strong>de</strong>s</strong> caractères<br />

distinctifs du régime ecclésiastique <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt : il a été signalé au quatrième<br />

siècle par un écrivain bien informé2, quoiqu’à c<strong>et</strong>te époque il fût déjà beaucoup<br />

moins accentué que dans les trois premiers.<br />

Les légen<strong><strong>de</strong>s</strong> elles-mêmes ont gardé le souvenir lointain <strong>de</strong> c<strong>et</strong> âge en quelque<br />

sorte préhistorique <strong>de</strong> l’Eglise <strong><strong>de</strong>s</strong> Gaules : elles nous montrent un seul évêque<br />

occupant les trois sièges <strong>de</strong> Trèves, <strong>de</strong> Cologne <strong>et</strong> <strong>de</strong> Tongres, <strong>et</strong> Soissons<br />

rattaché avec d’autres cités encore à une chrétienté unique dont le centre est à<br />

1 Cumont, Textes <strong>et</strong> monuments figurés re<strong>la</strong>tifs aux mystères <strong>de</strong> Mithra, pp. 158 <strong>et</strong><br />

suivantes.<br />

2 Théodore <strong>de</strong> Mopsueste, In Epist. S. Pauli comment., II, p. 24, cité par Duchesne,<br />

Fastes épiscopaux <strong>de</strong> l’ancienne Gaule, t. I, pp. 36-38, qui est à lire sur toute c<strong>et</strong>te<br />

question <strong><strong>de</strong>s</strong> origines.

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