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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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successeurs avait eu sa capitale à Cologne ; plus tard, sous les princes <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

maison f<strong>la</strong>vienne, Trèves était <strong>de</strong>venue <strong>la</strong> capitale <strong>de</strong> tout l’empire d’Occi<strong>de</strong>nt.<br />

Les Gallo-romains étaient donc habitués à trouver dans leur propre <strong>pays</strong> le<br />

centre <strong>de</strong> leur vie politique, <strong>et</strong> ils regardaient avec défiance toutes les tentatives<br />

<strong>de</strong> le ramener à Rome ou en Italie. Aussi Egidius eut-il à compter plus d’une fois<br />

avec les répugnances <strong><strong>de</strong>s</strong> popu<strong>la</strong>tions parmi lesquelles il vou<strong>la</strong>it maintenir<br />

l’autorité <strong>de</strong> l’Empire. Un écrivain du sixième siècle nous le montre assiégeant les<br />

habitants <strong>de</strong> <strong>la</strong> Touraine dans le château <strong>de</strong> Chinon, <strong>et</strong> saint Mesme, enfermé<br />

dans c<strong>et</strong>te ville, obtenant par ses prières une pluie abondante qui sou<strong>la</strong>gea les<br />

assiégés torturés par <strong>la</strong> soif. Ægidius fut obligé <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>irer, <strong>et</strong> le souvenir <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te libération miraculeuse vécut longtemps parmi les habitants <strong>de</strong> Chinon. Un<br />

siècle plus tard, ils racontaient encore à Grégoire <strong>de</strong> Tours comment ils avaient<br />

été débarrassés, par une protection surnaturelle, <strong>de</strong> leurs injustes ennemis1.<br />

Ce n’est donc pas <strong>la</strong> Gaule entière qui pleura Ægidius ; c’est le parti romain, c’est<br />

son armée, ce sont ses alliés. Sa disparition fut un coup dont ne se releva plus <strong>la</strong><br />

cause <strong>de</strong> l’Empire : elle découragea les fidèles, elle enhardit les ennemis. Dès<br />

qu’il eut fermé les yeux, les Goths se j<strong>et</strong>èrent sur les provinces, sur <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième<br />

Aquitaine en particulier. Plusieurs villes s’émancipèrent dans l’Entre-Loire-<strong>et</strong>-<br />

Seine. Angers, qui paraît avoir résisté jusque-là aux. Saxons, se hâta <strong>de</strong> leur<br />

livrer <strong><strong>de</strong>s</strong> otages2. La situation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rniers défenseurs <strong>de</strong> l’Empire fut donc<br />

amoindrie encore. Ils tinrent bon cependant, <strong>et</strong> Ægidius eut un continuateur <strong>de</strong><br />

sa fâche. Ce ne fut pas son fils, mais un certain comte Paul, que l’histoire ne<br />

désigne pas autrement, <strong>et</strong> qui apparaît à <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> <strong>la</strong> résistance à partir <strong>de</strong> 4623.<br />

De même qu’Ægidius avait été une réduction d’Aétius, <strong>de</strong> même Paul fut comme<br />

un Ægidius en raccourci. Les proportions <strong><strong>de</strong>s</strong> acteurs diminuaient avec celles <strong>de</strong><br />

leur théâtre, à moins qu’il ne faille croire que celui-ci leur prêtait les siennes.<br />

Paul n’hérita pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> dignité <strong>de</strong> maître <strong><strong>de</strong>s</strong> milices qu’avait eue son<br />

prédécesseur, <strong>et</strong> l’on ne sait pas en quelle qualité au juste il prit en mains <strong>la</strong><br />

conduite <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre. On voit du moins qu’il ne resta pas inactif. Il sut conserver<br />

l’alliance <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs, malgré l’intérêt manifeste qu’ils avaient à conquérir pour<br />

leur propre compte, <strong>et</strong> il est probable que sa main est dans les négociations qui<br />

permirent à Rome <strong>de</strong> j<strong>et</strong>er sur les Visigoths les Br<strong>et</strong>ons campés près <strong>de</strong> Bourges.<br />

Ces insu<strong>la</strong>ires y avaient été établis au nombre <strong>de</strong> douze mille sous leur chef<br />

Riothamus, par l’empereur Anthémius, avec <strong>la</strong> mission principale <strong>de</strong> défendre le<br />

<strong>pays</strong> contre les Visigoths. Euric ne dédaigna pas <strong>de</strong> les combattre lui-même : il<br />

leur infligea à Déols une défaite qui fut un véritable désastre pour Rome (469)4.<br />

Paul, <strong>de</strong> son côté, remporta quelques succès. Grâce à un annaliste <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

époque qui vivait à Angers, <strong>et</strong> qui nous a rapporté les faits les plus mémorables<br />

1 Grégoire <strong>de</strong> Tours, De Gloria Confessorum, 22. Quod castrum cum ab Egidio<br />

obse<strong>de</strong>r<strong>et</strong>ur, <strong>et</strong> populus pagi illius ibi<strong>de</strong>m ess<strong>et</strong> inclusus... Cum antedictus Dei tumulus,<br />

qui tune cum reliquis infra castri munitionem conclusus erat..., vi<strong>de</strong>r<strong>et</strong> populum consumi<br />

sitis injuria, orationem nocte tota fudit ad Dominum, ut respiciens populum hostes<br />

improbos effugar<strong>et</strong>. — Ce passage montre à suffisance l’erreur d’A. <strong>de</strong> Valois, Rerum<br />

Francicarum, I, p. 195, <strong>et</strong> <strong>de</strong> Pétigny, Étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, II, p. 194, qui se sont persuadé que les<br />

ennemis assiégés par Ægidius à Chinon étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths. Dubos, II, p. 72, a établi<br />

l’inanité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te opinion.<br />

2 Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 18 ; Wi<strong>et</strong>ersheim, Geschichte <strong>de</strong>r Vœlkerwan<strong>de</strong>rung, II, p. 314.<br />

3 Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 18.<br />

4 Sur c<strong>et</strong>te colonie militaire <strong>de</strong> Br<strong>et</strong>ons, voir Jordanès, c. 44 <strong>et</strong> 45 ; Grégoire <strong>de</strong> Tours,<br />

II, 13. Sur Riothamus, v. Sidoine Apollinaire, Epist., III, 9.

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