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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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II. — CLODION.<br />

La catastrophe <strong>de</strong> 406 avait rompu brusquement le lien qui rattachait les Francs<br />

à l’Empire. Lorsque le grand flot <strong>de</strong> l’invasion se fut écoulé, ils se r<strong>et</strong>rouvèrent<br />

seuls sur les <strong>de</strong>ux rives du Rhin. Ceux qui occupaient déjà le nord <strong>de</strong> <strong>la</strong> Belgique<br />

n’eurent pas <strong>de</strong> peine à se m<strong>et</strong>tre en possession <strong>de</strong> son cours inférieur, <strong>de</strong>puis<br />

Nimègue jusqu’à <strong>la</strong> mer, ceux qui étaient restés cantonnés sur <strong>la</strong> rive droite<br />

passèrent sur <strong>la</strong> rive gauche, <strong>et</strong> prirent possession <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième Germanie.<br />

Cologne tomba dans leurs mains, <strong>et</strong> le pont <strong>de</strong> Constantin, qui avait été jusquelà<br />

une porte ouverte par l’Empire sur <strong>la</strong> barbarie, servit désormais aux barbares<br />

pour pénétrer sans obstacle dans l’Empire. La brèche faite dans les lignes <strong>de</strong><br />

défense du mon<strong>de</strong> romain ne fut plus jamais refermée, <strong>et</strong> tout le peuple franc<br />

passa par ce triomphal chemin.<br />

L’année 406 marque donc une date décisive dans l’histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs. Ils ne<br />

sont plus partagés en <strong>de</strong>ux tronçons dont l’un, enfermé <strong>de</strong> ce côté du Rhin dans<br />

les lignes romaines, était comme le captif <strong>de</strong> <strong>la</strong> civilisation, tandis que l’autre se<br />

voyait r<strong>et</strong>enu au <strong>de</strong>là du fleuve par <strong>la</strong> terreur <strong><strong>de</strong>s</strong> armes <strong>et</strong> par <strong>la</strong> puissance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

traités. Désormais leurs <strong>de</strong>ux groupes se rencontrent sur <strong>la</strong> rive gauche, cou<strong>de</strong> à<br />

cou<strong>de</strong>, faisant face à <strong>la</strong> Gaule abandonnée, <strong>et</strong> appuyés soli<strong>de</strong>ment sur les<br />

puissantes réserves d’outre-Rhin. Situation extraordinairement redoutable, si on<br />

<strong>la</strong> compare à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples barbares qui, plus heureux en apparence,<br />

s’étaient emparés <strong><strong>de</strong>s</strong> riches provinces du midi. Ceux-ci, déracinés <strong>et</strong> isolés au<br />

cœur <strong>de</strong> leur conquête, y, périrent bientôt, épuisés, consumés, empoisonnés par<br />

le milieu dans lequel ils venaient <strong>de</strong> se verser. Au contraire, <strong>la</strong> vitalité <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs<br />

se renouve<strong>la</strong> incessamment aux sources fécon<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> leur nationalité. Comme le<br />

géant <strong>de</strong> <strong>la</strong> mythologie <strong>antique</strong>, ils s’affermirent sur le sol maternel, <strong>et</strong> il leur<br />

fournit assez <strong>de</strong> forces pour se soum<strong>et</strong>tre tout l’Occi<strong>de</strong>nt.<br />

C’est c<strong>et</strong>te position stratégique qui rend compte, en bonne partie, <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tinées <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te race. Elle explique aussi pourquoi le rôle prépondérant a été<br />

joué, dans l’origine, par les tribus occi<strong>de</strong>ntales plutôt que par les orientales, ou,<br />

pour parler le <strong>la</strong>ngage reçu, par les Saliens plutôt que par les Ripuaires. Ces<br />

<strong>de</strong>rniers se virent fermer <strong>de</strong> bonne heure <strong>la</strong> carrière <strong><strong>de</strong>s</strong> conquêtes par leurs<br />

voisins. Les Saliens à l’ouest, les A<strong>la</strong>mans au midi, en les iso<strong>la</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> provinces<br />

romaines, les confinaient dans les régions du Bas-Rhin, où ils ne pouvaient<br />

s’agrandir qu’en arrière, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> combats sans gloire <strong>et</strong> sans profit contre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

peuples frères. Les Saliens, par contre, restés en face <strong><strong>de</strong>s</strong> provinces sans maître,<br />

y trouvaient une ample occasion <strong>de</strong> satisfaire leur amour <strong>de</strong> <strong>la</strong> gloire <strong>et</strong> leur soif<br />

<strong>de</strong> combats. Dans ce milieu sonore <strong>de</strong> l’ancien empire, où tout se passait encore<br />

au grand jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> civilisation, ils ne pouvaient faire un pas qui ne r<strong>et</strong>entit avec<br />

un bruit <strong>de</strong> gloire dans tous les échos <strong>de</strong> <strong>la</strong> renommée. Ils traversaient en<br />

vainqueurs d’opulentes contrées qui se courbaient <strong>de</strong>vant eux, <strong>et</strong> où ils<br />

trouvaient <strong>la</strong> richesse <strong>et</strong> <strong>la</strong> puissance. Voilà comment les Saliens <strong>de</strong>vinrent pour<br />

<strong>de</strong>ux siècles l’élément actif <strong>et</strong> le groupe prépondérant <strong>de</strong> <strong>la</strong> race franque. C’est<br />

eux qui fondèrent <strong>la</strong> nationalité, qui lui soumirent <strong>la</strong> Gaule, <strong>et</strong> qui lui donnèrent<br />

sa dynastie. Les Ripuaires, tenus en réserve par <strong>la</strong> Provi<strong>de</strong>nce pour le jour où <strong>la</strong><br />

civilisation défail<strong>la</strong>nte aurait besoin d’une nouvelle infusion <strong>de</strong> sang barbare, ne<br />

furent, jusqu’à <strong>la</strong> fin du septième siècle, que les obscurs alliés <strong>de</strong> leurs glorieux<br />

congénères.

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