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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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IX. — CONCLUSION.<br />

Clovis est, en un sens, le créateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> société politique mo<strong>de</strong>rne. Il en a fondé<br />

l’état le plus ancien, celui qui a eu <strong>la</strong> direction <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées du mon<strong>de</strong> pendant<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, <strong>et</strong> duquel sont sorties les principales nationalités <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt. Son<br />

nom est indissolublement lié au souvenir <strong><strong>de</strong>s</strong> origines <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te société, dont il<br />

ouvre les annales. Tant qu’il y aura une histoire, sa p<strong>la</strong>ce y sera marquée, non<br />

seulement parmi les conquérants fameux, mais surtout parmi les créateurs <strong>de</strong><br />

nationalités <strong>et</strong> les fondateurs <strong>de</strong> civilisation. Voilà sa gloire, qu’on ne peut ni<br />

contester ni diminuer.<br />

Sa gran<strong>de</strong>ur, il est vrai, est tout entière dans son œuvre. L’ouvrier nous échappe<br />

en bonne partie ; nous ne sommes pas en état, on l’a vu, <strong>de</strong> juger <strong>de</strong> ce qu’il<br />

peut avoir mis <strong>de</strong> talent <strong>et</strong> <strong>de</strong> vertu dans l’accomplissement <strong>de</strong> sa tâche<br />

provi<strong>de</strong>ntielle. Mais l’œuvre est sous nos yeux, telle qu’elle est arrivée jusqu’à<br />

nous à travers quatorze siècles, avec ses gigantesques proportions, avec sa<br />

vivante <strong>et</strong> forte unité, avec sa durée à toute épreuve. Au cours <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te longue<br />

époque, elle a été agrandie <strong>et</strong> embellie sans relâche par le travail <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

générations ; mais toute c<strong>et</strong>te riche floraison se développe sur les fon<strong>de</strong>ments<br />

j<strong>et</strong>és par <strong>la</strong> main conquérante <strong>de</strong> Clovis. Cachés dans le sous-sol <strong>de</strong> l’histoire, ils<br />

se révèlent dans toute leur solidité par l’ampleur majestueuse du monument<br />

qu’ils supportent.<br />

A c<strong>et</strong>te indéfectible pérennité <strong>de</strong> <strong>la</strong> monarchie créée par le fils <strong>de</strong> Childéric, il faut<br />

opposer, pour en bien saisir <strong>la</strong> signification, <strong>la</strong> caducité <strong>de</strong> tous les autres<br />

royaumes barbares qui sont nés vers le même temps que le sien. Le seuil <strong>de</strong><br />

l’histoire mo<strong>de</strong>rne est jonché <strong>de</strong> leurs débris, <strong>et</strong> on les voit s’écrouler aussitôt<br />

que disparaît leur fondateur. Les Ostrogoths d’Italie, les Vandales d’Afrique, les<br />

Visigoths d’Espagne, les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>, les Gépi<strong><strong>de</strong>s</strong>, les Rugiens, ont eu, eux aussi,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> royautés qui croyaient hériter <strong>de</strong> l’Empire, <strong>et</strong> l’on nous dit que parmi ces<br />

peuples il s’en trouvait qui étaient les mieux doués <strong>de</strong> tous les Germains. On se<br />

p<strong>la</strong>ît aussi à nous vanter le génie <strong>de</strong> plus d’un <strong>de</strong> leurs fondateurs ; on exalte<br />

l’esprit supérieur <strong>et</strong> le talent exceptionnel d’un Théodoric le Grand, <strong>et</strong> on le p<strong>la</strong>ce<br />

très haut, comme homme d’Etat, au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> Clovis. Mais c<strong>et</strong>te supériorité<br />

réelle ou prétendue ne sert qu’à m<strong>et</strong>tre dans un jour plus éc<strong>la</strong>tant le contraste<br />

que nous signalons ici.<br />

A quoi donc tient-il en définitive ? Ce n’est ni l’aveugle hasard, ni un concours <strong>de</strong><br />

circonstances purement extérieures qui en fournit une explication suffisante.<br />

Nous <strong>de</strong>vons en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le secr<strong>et</strong> aux différences que présente <strong>la</strong> constitution<br />

interne <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong> ces nationalités. Rien <strong>de</strong> saisissant, rien d’instructif<br />

comme <strong>la</strong> leçon qui se dégage d’une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce genre. Dans tous les autres<br />

royaumes barbares, c’est une soudure ma<strong>la</strong>droite d’éléments hétérogènes <strong>et</strong><br />

incompatibles, qui ne tiennent ensemble que par l’inquiète sollicitu<strong>de</strong> d’un seul<br />

homme, <strong>et</strong> dont <strong>la</strong> dislocation commence d’ordinaire sous ses propres yeux.<br />

Dans le royaume franc, c’est une fusion si harmonieuse <strong>et</strong> si profon<strong>de</strong> que toute<br />

distinction entre les matériaux qui entrent dans l’œuvre disparaît dans son unité<br />

absolue. Là, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> Romains d’un côté, <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> barbares <strong>de</strong> l’autre ; ceux-ci<br />

opprimant ceux-là, ceux-là répondant à <strong>la</strong> tyrannie par une haine sour<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />

imp<strong>la</strong>cable. Ici il n’y a ni Romains ni barbares ; tous portent le nom <strong>de</strong> Francs,<br />

tous possè<strong>de</strong>nt les mêmes droits, tous se groupent avec une fierté patriotique<br />

autour du trône royal. Là, l’état <strong>de</strong> guerre intérieure est en permanence, <strong>et</strong> le

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