clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée
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par pénitence, abandonné le service <strong>de</strong> l’autel, il leur fut permis, par égard pour<br />
le salut <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes, d’administrer le sacrement <strong>de</strong> baptême en cas <strong>de</strong> nécessité1.<br />
Dans les mesures qu’il prit par rapport aux biens ecclésiastiques, le concile,<br />
comme dans tout l’ensemble <strong>de</strong> ses dispositions, ne fit qu’étendre, confirmer ou<br />
interpréter <strong><strong>de</strong>s</strong> canons antérieurs. Tous les biens immeubles <strong>de</strong> l’église, ainsi que<br />
les esc<strong>la</strong>ves <strong>et</strong> le bétail, <strong>de</strong>vaient être à <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong> l’évêque, qui en faisait<br />
l’usage prescrit par les canons. Si, dans une vue d’humanité, il abandonnait pour<br />
un temps déterminé à <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres ou à <strong><strong>de</strong>s</strong> moines l’exploitation <strong>de</strong> champs ou<br />
<strong>de</strong> vignes, aucune prescription ne pouvait jamais éteindre son droit <strong>de</strong> propriété,<br />
<strong>et</strong> les dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi civile ne pouvaient pas être invoquées contre lui2.<br />
Quant aux offran<strong><strong>de</strong>s</strong> en nature que les fidèles faisaient sur l’autel, si c’était, dans<br />
<strong>la</strong> cathédrale, elles <strong>de</strong>vaient se partager par moitié entre l’évêque <strong>et</strong> le clergé <strong>de</strong><br />
c<strong>et</strong>te église3. Dans les églises rurales, l’évêque avait droit à un tiers seulement,<br />
les <strong>de</strong>ux autres tiers appartenaient au clergé local4. Une question toute neuve,<br />
c’était celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> biens que l’Église <strong>de</strong>vait à <strong>la</strong> libéralité <strong>de</strong> Clovis,<br />
ou qu’elle en attendait encore. Fal<strong>la</strong>it-il les soum<strong>et</strong>tre aux règles ordinaires, ou<br />
l’évêque pouvait-il en disposer à son gré ? Le concile répondit en rappe<strong>la</strong>nt les<br />
principes canoniques sur l’emploi <strong><strong>de</strong>s</strong> revenus <strong>de</strong> l’Église : un tiers revenait au<br />
clergé pour sa subsistance, un tiers aux pauvres <strong>et</strong> au rachat <strong><strong>de</strong>s</strong> captifs, un<br />
<strong>de</strong>rnier tiers à l’entr<strong>et</strong>ien <strong><strong>de</strong>s</strong> églises <strong>et</strong> du culte. C<strong>et</strong>te c<strong>la</strong>use semb<strong>la</strong>it dure à<br />
certains pré<strong>la</strong>ts, qui, parait-il, auraient voulu regar<strong>de</strong>r les libéralités royales<br />
comme <strong><strong>de</strong>s</strong> faveurs personnelles. Mais le concile s’éleva avec force contre c<strong>et</strong>te<br />
prétention ; il menaça l’évêque récalcitrant d’une répriman<strong>de</strong> publique <strong>de</strong> <strong>la</strong> part<br />
<strong>de</strong> ses comprovinciaux ; s’il ne se soum<strong>et</strong>tait, il <strong>de</strong>vait être exclu <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
communion <strong>de</strong> ses frères dans l’épiscopat5. Loin <strong>de</strong> pactiser ainsi avec l’égoïsme<br />
<strong>et</strong> l’avidité <strong>de</strong> ses propres membres, l’épiscopat franc leur rappe<strong>la</strong> dans un canon<br />
spécial toute l’étendue <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> charité : L’évêque, dit le seizième<br />
canon, doit, dans <strong>la</strong> mesure du possible, fournir les aliments <strong>et</strong> les vêtements<br />
aux pauvres <strong>et</strong> aux infirmes que leur santé empêche <strong>de</strong> travailler <strong>de</strong> leurs<br />
mains6. On sait quelle riche variété d’œuvres charitables couvre l’ampleur<br />
magnifique <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te formule, qui m<strong>et</strong>tait dans <strong>la</strong> clientèle <strong>de</strong> l’Église toutes les<br />
misères <strong>et</strong> toutes les souffrances d’ici-bas.<br />
Avant <strong>de</strong> se séparer, les évêques, Cyprien <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux <strong>et</strong> les autres<br />
métropolitains en tête, signèrent les actes <strong>et</strong> en adressèrent une copie au roi,<br />
avec une l<strong>et</strong>tre ainsi conçue :<br />
A leur seigneur, fils <strong>de</strong> <strong>la</strong> sainte Église catholique, le très glorieux roi Clovis, tous<br />
les évêques à qui vous avez ordonné <strong>de</strong> venir au concile. Puisque un si grand<br />
souci <strong>de</strong> notre glorieuse foi vous excite au service <strong>de</strong> <strong>la</strong> religion, que dans le zèle<br />
d’une âme vraiment sacerdotale vous avez réuni les évêques pour délibérer en<br />
commun sur les besoins <strong>de</strong> l’Église, nous, en conformité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te volonté <strong>et</strong> en<br />
suivant le questionnaire que vous nous avez donné, nous avons répondu par les<br />
sentences qui nous ont paru justes. Si ce que nous avons décidé est approuvé<br />
1 Canon 12, Sirmond, p. 180 ; Maassen. p. 5.<br />
2 Canon 23, Sirmond, p. 182 ; Maassen, p. 7.<br />
3 Canon 14, Sirmond, p. 180 ; Maassen, p. 6.<br />
4 Canon 15, Sirmond, p. 181 ; Maassen, p. 6.<br />
5 Canon 5, Sirmond, p. 179 ; Maassen, p. 4.<br />
6 Sirmond, p. 181 ; Maassen, p. 6.