27.06.2013 Views

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

le contraire pour les catholiques <strong>de</strong> Burgondie, <strong>et</strong> l’accueil que Gon<strong>de</strong>baud reçut<br />

en rentrant dans son royaume honore à <strong>la</strong> fois les suj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> le roi qui en fut<br />

l’obj<strong>et</strong>.<br />

Au surplus, il est probable que, dans c<strong>et</strong>te réaction contre un frère intrus,<br />

Gon<strong>de</strong>baud aura compté sur ses alliances autant que sur ses propres forces.<br />

Nous voyons, par une marque <strong>de</strong> déférence qu’il donna au roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths<br />

après <strong>la</strong> campagne, qu’il cherchait tout au moins à se concilier les bonnes grâces<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> Toulouse. Et rien n’interdit <strong>de</strong> croire qu’A<strong>la</strong>ric, effrayé dès lors <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

succès croissants <strong>de</strong> Clovis, aura voulu relever un homme qui avait le même<br />

ennemi que lui. Ainsi s’expliquerait encore <strong>la</strong> neutralité que Clovis crut <strong>de</strong>voir<br />

gar<strong>de</strong>r pendant c<strong>et</strong>te secon<strong>de</strong> lutte entre les <strong>de</strong>ux frères, ne vou<strong>la</strong>nt pas se créer<br />

un nouvel ennemi pour le seul p<strong>la</strong>isir d’obliger Go<strong>de</strong>gisil1. Peut-être aussi, quand<br />

même il l’aurait voulu, il ne serait plus arrivé à temps pour conjurer <strong>la</strong> chute <strong>de</strong><br />

son allié.<br />

La brusque apparition <strong>de</strong> son frère au pied <strong><strong>de</strong>s</strong> murailles <strong>de</strong> Vienne fut un coup<br />

<strong>de</strong> foudre pour Go<strong>de</strong>gisil. Il n’avait pris, ce semble, aucune précaution en vue<br />

d’une pareille éventualité, <strong>et</strong> elle le trouva entièrement au dépourvu. Si les<br />

soli<strong><strong>de</strong>s</strong> murailles <strong>de</strong> <strong>la</strong> vieille cité romaine suffirent pour <strong>la</strong> m<strong>et</strong>tre à l’abri d’un<br />

premier assaut, en revanche, <strong>la</strong> ville mal approvisionnée n’était pas en état <strong>de</strong><br />

soutenir un siège quelque peu prolongé. Or Gon<strong>de</strong>baud, décidé à reconquérir sa<br />

capitale à tout prix, en avait fait un investissement en règle, <strong>et</strong> bientôt les<br />

souffrances <strong>de</strong> <strong>la</strong> faim commencèrent à se faire sentir parmi les assiégés. On<br />

recourut au moyen cruel <strong>et</strong> dangereux usité en pareil cas : on expulsa les<br />

bouches inutiles. Parmi les malheureux frappés par c<strong>et</strong>te mesure se trouvait<br />

l’ingénieur préposé à l’entr<strong>et</strong>ien <strong><strong>de</strong>s</strong> aqueducs <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. Indigné, il al<strong>la</strong> trouver<br />

Gon<strong>de</strong>baud, <strong>et</strong> lui offrit <strong>de</strong> faire pénétrer ses soldats dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce. A <strong>la</strong> tête d’un<br />

corps <strong>de</strong> troupes qu’on lui confia, <strong>et</strong> précédé d’ouvriers munis <strong>de</strong> leviers <strong>et</strong><br />

d’autres engins, il s’engagea dans le conduit d’un aqueduc qui avait été coupé<br />

dès le commencement du siège, <strong>et</strong>, parvenu au cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> .cité, fit soulever <strong>la</strong><br />

lour<strong>de</strong> pierre qui couvrait l’œil du conduit. Aussitôt les soldats <strong>de</strong> Gon<strong>de</strong>baud se<br />

précipitent dans les rues en sonnant <strong>de</strong> <strong>la</strong> tromp<strong>et</strong>te, <strong>et</strong> courent ouvrir les portes<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville à leurs frères d’armes. Les assiégés, surpris en désordre, sont<br />

massacrés2. Go<strong>de</strong>gisil se réfugie dans l’église arienne, espérant qu’elle le<br />

protégera plus efficacement qu’un sanctuaire catholique ; mais <strong>la</strong> colère <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vainqueurs ne respecte pas le droit d’asile ; ils pénètrent dans le sanctuaire <strong>et</strong><br />

massacrent le roi ainsi que l’évêque arien3. Le corps <strong>de</strong> troupes franques <strong>la</strong>issé<br />

par Clovis auprès <strong>de</strong> son allié échappa seul au carnage. Ces soldats s’étaient<br />

réfugiés dans une tour ; ils purent capituler <strong>et</strong> eurent <strong>la</strong> vie sauve, car<br />

Gon<strong>de</strong>baud avait expressément défendu qu’on touchât à leur personne. Il les<br />

envoya à Toulouse, à son ami A<strong>la</strong>ric, qui tenait ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> otages <strong>de</strong> Clovis4.<br />

La vengeance <strong>de</strong> Gon<strong>de</strong>baud fut atroce <strong>et</strong> indigne <strong>de</strong> lui. La curie <strong>de</strong> Vienne, qui<br />

existait encore <strong>et</strong> qui comptait quantité <strong>de</strong> personnages distingués, parmi<br />

1 Cf. Jahn, Die Geschichte <strong>de</strong>r Burgundionen und Burgundiens, p. 125.<br />

2 C<strong>et</strong>te prise <strong>de</strong> ville n’a rien d’invraisemb<strong>la</strong>ble ; Bélisaire s’est emparé <strong>de</strong> Naples grâce<br />

au même stratagème, v. Procope, <strong>de</strong> Bello goth., I, 10.<br />

3 De même on voit, en 531, le roi Ama<strong>la</strong>ric, attaqué à Barcelone par Chil<strong>de</strong>bert, se<br />

réfugier dans une église. Grégoire <strong>de</strong> Tours, III, 10. Cf. Histoire poétique <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Mérovingiens, p. 263, note.<br />

4 Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 33. Frédégaire, III, 23, prétend qu’il les fit périr : il n’y a là<br />

qu’une <strong><strong>de</strong>s</strong> preuves <strong>de</strong> <strong>la</strong> négligence avec <strong>la</strong>quelle il résume Grégoire.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!