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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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De tous ceux qui s’enorgueillirent d’avoir eu Clovis pour fondateur ou pour<br />

bienfaiteur insigne, je ne sais s’il en est aucun dont les titres méritent plus <strong>de</strong><br />

confiance que ceux <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> Baralle, dans le vil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> ce nom, sur <strong>la</strong> route<br />

<strong>de</strong> Cambrai à Arras. Baralle est une maison qui a disparu dès le neuvième siècle,<br />

qui n’a jamais eu d’historien, <strong>et</strong> dont personne n’avait intérêt à embellir ou à<br />

exagérer les souvenirs. Si, malgré ce<strong>la</strong>, ils ont été mis par écrit à une époque<br />

déjà ancienne, il y a lieu <strong>de</strong> croire qu’ils remontent à un passé’ lointain, <strong>et</strong> qu’ils<br />

plongent en pleine antiquité mérovingienne. L’absence <strong>de</strong> tout élément<br />

légendaire dans <strong>la</strong> sobre notice consacrée à ce monastère confirme leur<br />

authenticité.<br />

A Baralle, dit le chroniqueur, il y avait un monastère <strong>de</strong> congrégation canonique,<br />

fondé, selon <strong>la</strong> tradition, par le roi Clovis, <strong>et</strong> consacré par saint Vaast en<br />

l’honneur <strong>de</strong> saint Georges. On y vénérait le bras <strong>de</strong> ce martyr. Des colonnes <strong>de</strong><br />

marbre <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> ruines <strong>de</strong> beaux édifices anciens qu’on y trouve encore attestent<br />

que c<strong>et</strong>te maison était opulente <strong>et</strong> riche. Aux jours <strong>de</strong> l’évêque Dodilon <strong>de</strong><br />

Cambrai, les chanoines, voyant que les Normands ravageaient toute <strong>la</strong> province,<br />

brû<strong>la</strong>ient <strong>et</strong> profanaient les lieux saints, se réfugièrent à Cambrai avec les<br />

reliques <strong>et</strong> le trésor <strong>de</strong> leur église. L’évêque les reçut avec <strong>la</strong> plus généreuse<br />

hospitalité, <strong>et</strong> ils y restèrent quelque temps. Lorsqu’ils crurent l’ennemi parti, ils<br />

voulurent prendre congé <strong>de</strong> l’évêque <strong>et</strong> r<strong>et</strong>ourner chez eux. Mais le pré<strong>la</strong>t les<br />

supplia <strong>de</strong> n’en rien faire, <strong>et</strong> <strong>de</strong> se défier <strong><strong>de</strong>s</strong> ruses d’un perfi<strong>de</strong> ennemi qui<br />

pouvait fort bien être caché encore dans les environs. Par déférence pour ces<br />

conseils, ils restèrent quelques jours encore ; puis ils déc<strong>la</strong>rèrent que c<strong>et</strong>te fois,<br />

tout danger étant disparu, rien ne s’opposait plus à leur départ. En vain l’évêque,<br />

mieux avisé, fit <strong>de</strong> nouvelles instances ; ils refusèrent <strong>de</strong> l’écouter, <strong>et</strong> force lui<br />

fut <strong>de</strong> les <strong>la</strong>isser partir.<br />

Il en sera comme vous voudrez, leur dit-il ; mais, ajouta-t-il, comme s’il avait eu<br />

le pressentiment <strong>de</strong> ce qui al<strong>la</strong>it arriver, je r<strong>et</strong>iendrai ici c<strong>et</strong>te précieuse relique,<br />

le bras <strong>de</strong> saint Georges.<br />

Les moines consentirent à lui <strong>la</strong>isser en gage <strong>la</strong> relique, mais tinrent bon pour le<br />

reste, <strong>et</strong>, dans leur aveugle obstination, méprisèrent les sages conseils <strong>et</strong> les<br />

offres généreuses du pré<strong>la</strong>t. Ils partirent donc ; mais à peine étaient-ils éloignés<br />

<strong>de</strong> trois milles, qu’ils furent surpris par l’ennemi <strong>et</strong> massacrés. Leur monastère<br />

fut réduit en cendres, <strong>et</strong> tous les environs livrés au pil<strong>la</strong>ge ; seuls, les endroits<br />

fortifiés purent résister. Plus tard, on rebâtit une mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te p<strong>et</strong>ite église sur les<br />

ruines, <strong>et</strong> un seul prêtre <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>servit ; quant à <strong>la</strong> relique <strong>de</strong> saint Georges, elle<br />

resta désormais à Cambrai1.<br />

Voilà <strong>la</strong> tradition qui se conservait, au onzième siècle, dans le clergé <strong>de</strong> l’église<br />

<strong>de</strong> Cambrai. Tout, nous l’avons déjà dit, y porte un cach<strong>et</strong> d’authenticité qu’il<br />

serait difficile <strong>de</strong> méconnaître. Le vocable <strong>de</strong> saint Georges, qui était le patron<br />

vénéré <strong>de</strong> tous les <strong>hommes</strong> <strong>de</strong> guerre, semble insinuer que le monastère est une<br />

création spontanée <strong>de</strong> Clovis lui-même. Enfin, <strong>la</strong> mention <strong><strong>de</strong>s</strong> chanoines réguliers<br />

1 Gesta Epicop. Camerac., II, 11, dans M. G. H., Scriptores, VII, pp. 458-439. Voir sur<br />

Baralle <strong>la</strong> notice <strong>de</strong> M. Godin dans le Dictionnaire historique <strong>et</strong> archéologique du<br />

département du Pas-<strong>de</strong>-Ca<strong>la</strong>is, arrondissement d’Arras, t. II, p. 136. Une fontaine y<br />

porte encore le nom <strong>de</strong> Saint-Georges, <strong>et</strong> l’on y a trouvé <strong><strong>de</strong>s</strong> tombeaux maçonnés dont <strong>la</strong><br />

chronique fait un ermitage sous le vocable du même saint. Il est à remarquer qu’on a<br />

exhumé à Baralle beaucoup d’obj<strong>et</strong>s romains, ce qui atteste l’antiquité du lieu. Mabillon<br />

ne parle pas <strong>de</strong> Baralle dans ses Annales.

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