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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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gratuitement détourner <strong>de</strong> son proj<strong>et</strong> par un transfuge1 ? Selon toute apparence,<br />

après que tout le <strong>pays</strong> eut été soumis, Clovis, croyant Gon<strong>de</strong>baud réduit à<br />

l’impuissance <strong>et</strong> ne vou<strong>la</strong>nt pas d’ailleurs’ l’accabler, considéra sa tâche comme<br />

terminée. Il partit donc, <strong>la</strong>issant auprès <strong>de</strong> Go<strong>de</strong>gisil un corps <strong>de</strong> troupes<br />

franques <strong>de</strong> cinq mille <strong>hommes</strong> environ, qui <strong>de</strong>vaient l’ai<strong>de</strong>r à s’affermir dans sa<br />

nouvelle conquête, <strong>et</strong> maintenir autour <strong>de</strong> lui le prestige <strong>de</strong> l’alliance franque2.<br />

On ne sait quel profit personnel le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs r<strong>et</strong>irait <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne, car le<br />

tribut annuel promis par Go<strong>de</strong>gisil ne fut jamais payé, <strong>et</strong> rien ne nous autorise à<br />

supposer, avec certains historiens, que son allié aurait ach<strong>et</strong>é son concours au<br />

prix d’une partie du territoire burgon<strong>de</strong>3. Au surplus, les événements se<br />

précipitèrent <strong>de</strong> telle sorte que l’histoire est hors d’état <strong>de</strong> noter les menus faits<br />

qui remplissent les intervalles entre les catastrophes.<br />

Go<strong>de</strong>gisil, comme on l’a vu, s’était installé dans <strong>la</strong> capitale <strong>de</strong> son frère, à<br />

Vienne, <strong>et</strong> s’y abandonnait à toute l’ivresse <strong>de</strong> son triomphe. Son bonheur fut <strong>de</strong><br />

courte durée. A peine le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs était-il rentré chez lui que, sortant <strong>de</strong> sa<br />

r<strong>et</strong>raite d’Avignon, Gon<strong>de</strong>baud venait à <strong>la</strong> tète d’une armée assiéger l’usurpateur<br />

dans <strong>la</strong> ville conquise. Pour s’expliquer un si prompt revirement <strong>de</strong> fortune, il<br />

faut adm<strong>et</strong>tre que, ses malheurs ne lui avaient pas enlevé <strong>la</strong> fidélité <strong>de</strong> tous ses<br />

suj<strong>et</strong>s, <strong>et</strong> que, <strong>de</strong>rrière l’armée étrangère qui se r<strong>et</strong>irait, le <strong>pays</strong> se soulevait<br />

pour accueillir son roi légitime. C<strong>et</strong>te supposition contrarie, sans doute, les idées<br />

<strong>de</strong> ceux qui exagèrent l’importance <strong><strong>de</strong>s</strong> dissensions confessionnelles, <strong>et</strong> qui<br />

croient que les partis politiques étaient toujours déterminés, dans <strong>la</strong> Gaule du<br />

sixième siècle, par <strong><strong>de</strong>s</strong> mobiles religieux. Plus d’une fois encore, dans le cour <strong>de</strong><br />

ce récit, on aura l’occasion <strong>de</strong> se convaincre que les popu<strong>la</strong>tions catholiques,<br />

malgré leur attachement à leur religion, ne se croyaient pas dispensées <strong>de</strong> servir<br />

loyalement un souverain hérétique. La fidélité d’un homme comme saint Avitus,<br />

le dénouement d’un catholique illustre comme Aredius4, prouvent suffisamment<br />

1 Je renvoie, pour <strong>la</strong> démonstration du caractère légendaire <strong>de</strong> l’épiso<strong>de</strong>, aux pages 253-<br />

261 <strong>de</strong> mon Histoire poétique <strong><strong>de</strong>s</strong> Mérovingiens. Aux auteurs que j’y cite en note page<br />

255, je ne sais si je ne puis pas joindre Dubos, III, pp. 235 <strong>et</strong> suivantes : il est certain<br />

qu’il a fait, à son insu, <strong>la</strong> démonstration <strong>la</strong> plus piquante <strong>de</strong> l’impossibilité du récit <strong>de</strong><br />

Grégoire <strong>de</strong> Tours, en essayant d’expliquer les causes <strong><strong>de</strong>s</strong> malheurs surprenants <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

succès inespérés <strong>de</strong> Gon<strong>de</strong>baud, durant le cours <strong>de</strong> l’année 500 (p. 237).<br />

2 Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 33. Frédégaire, III, 23, est seul à faire mention d’un chiffre. Je<br />

crois avoir prouvé l’historicité <strong>de</strong> c<strong>et</strong> épiso<strong>de</strong>. Voir les Sources <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> Clovis dans<br />

Grégoire <strong>de</strong> Tours, p. 402, <strong>et</strong> l’Histoire <strong>de</strong> Clovis d’après Frédégaire, pp. 92-03.<br />

3 Binding, p. 459. Jahn, II, pp. 30 <strong>et</strong> 125, croit même savoir que Go<strong>de</strong>gisil céda à Clovis<br />

Lyon <strong>et</strong> toute <strong>la</strong> partie du royaume située sur <strong>la</strong> live gauche <strong>de</strong> <strong>la</strong> Saône <strong>et</strong> du Rhône,<br />

mais que Gon<strong>de</strong>baud, après avoir triomphé <strong>de</strong> Go<strong>de</strong>gisil, reprit possession du tout, Il n’y<br />

a rien <strong>de</strong> tout ce<strong>la</strong> dans les sources, sinon que, d’après Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 32,<br />

Go<strong>de</strong>gisil, après <strong>la</strong> victoire <strong>de</strong> Dijon, aurait promis à Clovis une partie <strong>de</strong> son royaume<br />

(promissam Clodovecho aliguam partem regni sui). Mais, à supposer qu’il eût fait c<strong>et</strong>te<br />

promesse, il ne dut pas avoir le temps <strong>de</strong> <strong>la</strong> tenir ; d’ailleurs, elle est en contradiction<br />

avec le récit du même Grégoire, disant quelques lignes plus haut que Go<strong>de</strong>gisil s’engagea<br />

à. payer tribut à Clovis. La promesse d’un tribut <strong>et</strong> celle d’une cession <strong>de</strong> territoire ne<br />

sont pas tout à fait <strong>la</strong> même chose. J’avoue cependant que <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> est plus<br />

vraisemb<strong>la</strong>ble que <strong>la</strong> première, surtout s’il s’agit du territoire conquis sur Gon<strong>de</strong>baud,<br />

que les vainqueurs se seraient partagé. Cf. Junghans, p. 75.<br />

4 Aredius est un personnage historique, bien qu’il ne soit généralement connu que<br />

comme héros <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux récits légendaires, à savoir, les Fiançailles <strong>de</strong> Clotil<strong>de</strong> <strong>et</strong> le Siège<br />

d’Avignon, <strong>et</strong> d’un épiso<strong>de</strong> apocryphe, le colloque <strong>de</strong> Lyon. Il y a une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint<br />

Avitus, Epist., 50, qui lui est adressée.

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