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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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<strong>pays</strong> <strong>de</strong> l’Escaut1. Toujours menacés sur leurs <strong>de</strong>rrières par les Chauques, les<br />

Francs se débarrassaient ainsi d’une lutte sans cesse renaissante avec ces<br />

redoutables voisins, <strong>et</strong> se m<strong>et</strong>taient à l’aise en prenant possession <strong>de</strong> terrains<br />

abandonnés, qui, pour Rome, n’avaient guère qu’un intérêt stratégique.<br />

Le Ménapien faisait un coup <strong>de</strong> maître en instal<strong>la</strong>nt ses alliés dans les p<strong>la</strong>ines<br />

humi<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> sa patrie. Les trois fleuves qui venaient y déboucher dans <strong>la</strong> mer du<br />

Nord, en face <strong>de</strong> <strong>la</strong> Br<strong>et</strong>agne, étaient les <strong>la</strong>rges chaussées flottantes par<br />

lesquelles l’ennemi pouvait pénétrer dans c<strong>et</strong>te île sans avoir besoin <strong>de</strong> Boulogne<br />

; y installer les Francs, c’était en prendre possession lui-même. C’est ainsi que<br />

les Francs <strong>et</strong> les Saxons, s’appuyant les uns sur les autres, couvraient les abords<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Br<strong>et</strong>agne <strong>et</strong> assuraient à leur allié <strong>la</strong> possession tranquille <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> côte<br />

gauloise. Il n’avait rien à craindre tant que les uns lui gardaient le port <strong>de</strong><br />

Boulogne, <strong>et</strong> les autres les bouches du Rhin.<br />

Il fal<strong>la</strong>it donc <strong>de</strong> toute nécessité crue, pour châtier l’usurpateur, Maximien reprît<br />

l’un <strong>de</strong> ces postes <strong>et</strong>, si possible, tous les <strong>de</strong>ux. Il se décida pour une expédition<br />

contre les Francs, sans doute parce que ces barbares lui paraissaient plus<br />

dangereux que les Saxons, <strong>et</strong> qu’il eût craint <strong>de</strong> leur <strong>la</strong>isser les mains libres en<br />

Gaule pendant que lui-même serait, en Br<strong>et</strong>agne2. Nous voyons qu’au cours <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te expédition il franchit le Rhin <strong>et</strong> dévasta le <strong>pays</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> barbares. Les Francs <strong>de</strong><br />

l’Escaut <strong>et</strong> du Wahal, intimidés par ce déploiement <strong>de</strong> forces <strong>et</strong> incapables <strong>de</strong><br />

résister à son armée, se hâtèrent <strong>de</strong> faire leur soumission <strong>et</strong> <strong>de</strong> se déc<strong>la</strong>rer les<br />

vassaux <strong>de</strong> l’Empire ; à ces conditions, il leur <strong>la</strong>issa <strong>la</strong> jouissance <strong><strong>de</strong>s</strong> terres qu’ils<br />

avaient usurpées. L’acte d’hommage eut lieu dans une <strong>de</strong> ces cérémonies<br />

imposantes par lesquelles Rome s’entendait à impressionner l’imagination <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

barbares. Tout le peuple franc, conduit par son roi Genobaud, se présenta<br />

humblement à l’empereur, <strong>et</strong> s’engagea d’une manière solennelle à être<br />

désormais fidèle, <strong>et</strong>, sans doute, à fournir à l’empereur <strong><strong>de</strong>s</strong> contingents militaires<br />

pour prix <strong><strong>de</strong>s</strong> territoires qu’il lui <strong>la</strong>issait. La scène est restée dans <strong>la</strong> mémoire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Romains, qui n’étaient plus habitués à <strong><strong>de</strong>s</strong> spectacles si f<strong>la</strong>tteurs pour leur<br />

patriotisme ; ils se racontèrent longtemps ce roi barbare dont ils ne<br />

comprenaient pas le <strong>la</strong>ngage, mais dont ils interprétaient les gestes, <strong>et</strong> qui,<br />

tourné vers les siens, leur montrait l’empereur en leur commandant <strong>de</strong> le<br />

vénérer comme il faisait lui-même3. Ce Genobaud est le premier roi franc dont<br />

l’histoire ait fait mention. Si notre conjecture est fondée, il aura été le souverain<br />

<strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> Belgique, <strong>et</strong>, à ce titre, c’est lui <strong>et</strong> non le fabuleux Faramond qui<br />

<strong>de</strong>vrait ouvrir <strong>la</strong> série <strong><strong>de</strong>s</strong> rois saliens. Devenu le vassal <strong>de</strong> l’empereur, il tint<br />

Bataviam advena hoste <strong>de</strong>pulso, Id., IX, 25 — Multa ille (sc. Constantius Chlorus)<br />

Francorum millia qui Bataviam aliasque cis Rhenum terras invaserant interfecit, <strong>de</strong>pulit,<br />

cepit, abduxit. VI, 4.<br />

1 V. le <strong>de</strong>rnier passage cité dans <strong>la</strong> note précé<strong>de</strong>nte, <strong>et</strong> ajouter celui-ci : Quamquam il<strong>la</strong><br />

regio divinis expeditionibus tuis, Cæsar, vindicata atque purgata, quam obliquis meatibus<br />

Scaldis interfluit quamque divortio sui Rhenus amplectitur pœne, ut cum verbi periculo<br />

loquar, terra non est. Panegyr. <strong>la</strong>t., V, 8. Changer Scaldis en Vahalis est inadmissible, les<br />

manuscrits s’y opposent absolument.<br />

2 Panegyr. <strong>la</strong>tin., II, 7, <strong>et</strong> III, 5. Ces sources ne font pas connaître le nom du <strong>pays</strong> qui fut<br />

ainsi désolé par Maximien ; mais tout indique que ce fut <strong>la</strong> région <strong><strong>de</strong>s</strong> embouchures du<br />

Rhin, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Meuse <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Escaut.<br />

3 Cum per te regnum receperit Genobau<strong><strong>de</strong>s</strong> a teque cominus acceperit. Ce passage, mal<br />

coupé dans certains manuscrits, a donné Genobaud Esateque, <strong>et</strong> a induit plusieurs<br />

historiens, notamment Fauriel, I, p. 165, <strong>et</strong> Amédée Thierry, Histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule sous <strong>la</strong><br />

domination romaine, II, p, 53, adm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>ux rois, Genobaud <strong>et</strong> Esatech.

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