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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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<strong><strong>de</strong>s</strong>tinée était indécise encore, <strong>et</strong> où il y avait quelque courage à se prononcer<br />

comme il fit. Sa loyauté inspirait d’ailleurs tant <strong>de</strong> confiance, qu’aussitôt après <strong>la</strong><br />

défaite <strong>de</strong> l’usurpateur, Constance l’avait renvoyé en Gaule pour y tenir les<br />

Francs en respect. Il s’était vail<strong>la</strong>mment acquitté <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>voir, <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa rési<strong>de</strong>nce<br />

<strong>de</strong> Cologne il ne cessait d’avoir l’œil sur ses compatriotes. Mais il était dit que<br />

l’Empire s’acharnerait à détruire tout ce qu’on faisait pour le sauver. Silvanus a<br />

ouvert <strong>la</strong> longue liste <strong><strong>de</strong>s</strong> barbares dont le bras est le <strong>de</strong>rnier appui <strong>de</strong> l’Empire,<br />

<strong>et</strong> qui périssent par ordre <strong><strong>de</strong>s</strong> empereurs. La bouche <strong><strong>de</strong>s</strong> envieux <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

intrigants, toute-puissante sous l’inepte Constance, eut bientôt fait <strong>de</strong> ruiner le<br />

crédit du fidèle serviteur dans l’esprit <strong>de</strong> son maître. Des l<strong>et</strong>tres apocryphes<br />

attribuées à Silvanus <strong>et</strong> par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> ses espérances impériales furent divulguées,<br />

<strong>et</strong> leurs prétendus <strong><strong>de</strong>s</strong>tinataires arrêtés. L’imposture était évi<strong>de</strong>nte, mais tout le<br />

mon<strong>de</strong> tremb<strong>la</strong>it <strong>de</strong>vant les combinaisons scélérates qu’avait ourdies l’intrigue,<br />

car chacun pouvait craindre d’en <strong>de</strong>venir à son tour <strong>la</strong> victime. Seuls les officiers<br />

francs, assez nombreux à <strong>la</strong> cour1, <strong>et</strong> dont plusieurs étaient liés d’amitié avec<br />

Silvanus, eurent le courage <strong>de</strong> protester. L’un d’eux, Ma<strong>la</strong>ric, flétrit tout haut<br />

l’infamie <strong><strong>de</strong>s</strong> dé<strong>la</strong>teurs, convoqua ses collègues pour les associer à ses<br />

démarches, déc<strong>la</strong>ra répondre <strong>de</strong> <strong>la</strong> loyauté <strong>de</strong> son compatriote Silvanus, offrit<br />

même d’aller le chercher <strong>et</strong> <strong>de</strong> le ramener à <strong>la</strong> cour, pour le m<strong>et</strong>tre à même <strong>de</strong><br />

s’expliquer sur les accusations <strong>la</strong>ncées contre lui. Il vou<strong>la</strong>it <strong>la</strong>isser sa famille en<br />

otage <strong>et</strong> fournir, comme répondant, un autre <strong>de</strong> ses compatriotes, le tribun <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

armatures. Mellobaud, ou encore envoyer Mellobaud à sa p<strong>la</strong>ce <strong>et</strong> <strong>de</strong>venir luimême<br />

sa caution.<br />

Mais c’est en vain que ces généreux barbares se débattaient au milieu <strong>de</strong> ces<br />

toiles d’araignées, qu’ils essayaient, sans y parvenir, <strong>de</strong> trancher avec l’épée. Au<br />

lieu <strong>de</strong> suivre <strong>la</strong> voie indiquée par Ma<strong>la</strong>ric, on imagina <strong>de</strong> dépêcher à Silvanus<br />

une espèce d’agent provocateur, nommé Apo<strong>de</strong>mius. Ce misérable, pour le<br />

déci<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> révolte, fit tout son possible pour lui <strong>la</strong>isser croire qu’il était déjà<br />

condamné. Pendant qu’il se consacrait à c<strong>et</strong>te tâche odieuse, les calomniateurs<br />

<strong>de</strong> cour, mis en verve, s’avisèrent d’entraîner dans <strong>la</strong> chute <strong>de</strong> Silvanus celui-là<br />

même qui avait essayé <strong>de</strong> le sauver. C<strong>et</strong>te fois encore Ma<strong>la</strong>ric semb<strong>la</strong> venir à<br />

bout, à force <strong>de</strong> loyauté <strong>et</strong> d’énergie, <strong>de</strong> l’abominable complot : il rassemb<strong>la</strong> les<br />

Francs, leur dévoi<strong>la</strong> les nouvelles intrigues qui s’ourdissaient, leur montra que <strong>la</strong><br />

cause <strong>de</strong> Silvanus était leur cause commune à tous <strong>et</strong> par<strong>la</strong> un <strong>la</strong>ngage tellement<br />

décidé, que l’empereur, plutôt par crainte que par esprit <strong>de</strong> justice, se décida<br />

enfin à ouvrir une enquête. L’enquête fit découvrir les faussaires <strong>et</strong> mit à nu<br />

toute <strong>la</strong> trame <strong>de</strong> l’intrigue. Néanmoins <strong><strong>de</strong>s</strong> influences puissantes sauvèrent les<br />

principaux coupables, <strong>et</strong> les autres ne furent punis que pour <strong>la</strong> forme.<br />

Au milieu <strong>de</strong> tous ces légitimes suj<strong>et</strong>s d’inquiétu<strong>de</strong> <strong>et</strong> d’indignation, Silvanus, qui<br />

se sentait perdu, ne savait à quelle résolution s’arrêter. Un instant il rêva <strong>de</strong> se<br />

j<strong>et</strong>er dans les bras <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs d’outre-Rhin, ses compatriotes après tout ; mais<br />

un ami fidèle lui exposa qu’il leur avait fait trop <strong>de</strong> mal pour pouvoir compter sur<br />

eux : Ils vous tueront, lui dit-il, ou tout au moins vous trahiront à prix d’argent.<br />

Et, sans doute, il lui rappe<strong>la</strong> <strong>la</strong> tragique histoire <strong>de</strong> Proculus, qui, Franc d’origine<br />

comme lui, <strong>et</strong> comme lui maître <strong>de</strong> Cologne, avait eu le malheur <strong>de</strong> se fier aux<br />

Francs <strong>et</strong> avait été livré par eux aux Romains. Silvanus se <strong>la</strong>issa persua<strong>de</strong>r ;<br />

seulement, obligé <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre ses jours en sûr<strong>et</strong>é, il recourut au moyen suprême<br />

1 Francis, quorum ea tempestate in pa<strong>la</strong>tio multitudo florebat. Ammien Marcellin, XV, 5,<br />

11.

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