clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée
clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée
clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Il semble cependant que tout le mon<strong>de</strong>, en Novempopu<strong>la</strong>nie, n’était pas opposé<br />
à <strong>la</strong> conquête franque. D’après <strong><strong>de</strong>s</strong> récits d’ailleurs fort vagues <strong>et</strong> peu garantis,<br />
saint Ga<strong>la</strong>ctorius, évêque <strong>de</strong> Bénarn (aujourd’hui Lescar), aurait combattu<br />
vail<strong>la</strong>mment à <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> son peuple contre les Visigoths, aux environs <strong>de</strong><br />
Mimizan, non loin <strong>de</strong> l’Océan Atl<strong>antique</strong>. Fait prisonnier, <strong>et</strong> sommé d’abjurer <strong>la</strong><br />
Toi catholique, il aurait préféré <strong>la</strong> mort à l’apostasie. Si ce récit est exact, au<br />
moins dans son ensemble, l’événement se sera passé au plus tôt en 507, car en<br />
506 nous voyons que Ga<strong>la</strong>ctorius vivait encore : sa signature se trouve au bas<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> actes du concile d’Ag<strong>de</strong>. Et dès lors il <strong>de</strong>vient difficile <strong>de</strong> nier qu’il ait été à <strong>la</strong><br />
tête d’une troupe <strong>de</strong> partisans qui prêtaient main-forte à Clovis. Les textes nous<br />
disent, il est vrai, qu’il périt pour avoir refusé d’abjurer <strong>la</strong> foi catholique ; mais<br />
que peut-on croire d’une telle assertion ? Depuis les <strong>de</strong>rnières années, les<br />
Visigoths avaient renoncé aux persécutions religieuses, <strong>et</strong> ce n’est pas après <strong>la</strong><br />
bataille <strong>de</strong> Vouillé qu’ils <strong>de</strong>vaient penser à les reprendre. Si donc on peut se fier<br />
au récit en cause, il est probable qu’ils auront voulu, en faisant périr Ga<strong>la</strong>ctorius,<br />
le châtier <strong>de</strong> sa rébellion plutôt que <strong>de</strong> sa religion1. Au surplus, l’obscurité qui est<br />
répandue sur c<strong>et</strong> épiso<strong>de</strong> ne perm<strong>et</strong> pas <strong>de</strong> présenter ici autre chose que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
hypothèses.<br />
La fin tragique <strong>de</strong> Ga<strong>la</strong>ctorius prouverait dans tous les cas que les Visigoths<br />
n’avaient pas entièrement désespéré <strong>de</strong> <strong>la</strong> fortune. Clovis rencontra <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
résistance, <strong>et</strong> il ne crut pas <strong>de</strong>voir perdre du temps à <strong>la</strong> briser. Au lieu <strong>de</strong> forcer<br />
les défilés à un moment où <strong>la</strong> saison était déjà avancée, <strong>et</strong> peu désireux d’user<br />
ses efforts à s’emparer <strong>de</strong> quelques rochers, il aura provisoirement abandonné<br />
les peup<strong>la</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> pyrénéennes à elles-mêmes, <strong>et</strong> sera venu m<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> main sur une<br />
proie plus importante. Bor<strong>de</strong>aux, l’ancienne capitale <strong><strong>de</strong>s</strong> Goths, le port le plus<br />
considérable <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule sur l’Atl<strong>antique</strong>, va<strong>la</strong>it mieux que toutes les bicoques<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> Pyrénées, <strong>et</strong> il lui tardait d’en déloger les ennemis. Ceux-ci étaient nombreux<br />
dans c<strong>et</strong>te ville ; lorsqu’il s’en fut rendu maître, nous ne savons comment, il en<br />
chassa tous ceux qui n’étaient pas tombés les armes à <strong>la</strong> main, <strong>et</strong> il y établit ses<br />
quartiers d’hiver2. En ce qui le concernait, <strong>la</strong> campagne <strong>de</strong> 507 était finie.<br />
Pendant que Clovis soum<strong>et</strong>tait l’occi<strong>de</strong>nt, son fils Théodoric al<strong>la</strong>it prendre<br />
possession <strong><strong>de</strong>s</strong> provinces orientales <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gothie. C’étaient, en revenant <strong>de</strong><br />
Toulouse vers le nord, l’Albigeois, le Rouergue <strong>et</strong> l’Auvergne, y compris, sans<br />
doute, le Gévaudan <strong>et</strong> le Ve<strong>la</strong>y, qui étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> dépendances <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière,<br />
en un mot, tout ce que les Visigoths avaient occupé le long <strong><strong>de</strong>s</strong> frontières <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Clovis. Bonn<strong>et</strong> veut aussi, bien à tort, que Toulouse ait été reperdu par les Francs <strong>et</strong><br />
reconquis par Ibbas : on ne s’expliquerait pas autrement, selon lui, l’absence <strong>de</strong> l’évêque<br />
<strong>de</strong> Toulouse au concile d’Orléans. C’est là abuser d’un indice dont je crois avoir fait un<br />
usage légitime ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, M. Barrière-F<strong>la</strong>vy, Étu<strong>de</strong> sur les sépultures barbares du midi <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> l’ouest <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, p. 29, n’est pas moins téméraire en p<strong>la</strong>çant <strong>la</strong> limite <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs<br />
<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths, après 508, entre Toulouse <strong>et</strong> Carcassonne, dans le Lauraguais, où il<br />
trouve une ravine qui aurait fait <strong>la</strong> frontière.<br />
1 Sur saint Ga<strong>la</strong>ctorius, voir P. <strong>de</strong> Marra, Histoire du Béarn, Paris, 1640, p. 68, <strong>et</strong> Acta<br />
Sanct., 27 juill<strong>et</strong>, t. VII, p. 434. Les Bol<strong>la</strong>ndistes, il est vrai, ne veulent adm<strong>et</strong>tre d’autre<br />
cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort du saint que son refus d’abjurer ; mais il est difficile d’être si affirmatif.<br />
Un mémoire <strong>de</strong> M. H. Barth<strong>et</strong>y, Étu<strong>de</strong> historique sur saint Ga<strong>la</strong>ctoire, évêque <strong>de</strong> Lescar,<br />
Pau, 1878, in-12°, ne nous apprend rien <strong>de</strong> nouveau.<br />
2 Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 37. Je ne sais quels sont les mo<strong>de</strong>rnes qui, au dire d’Adrien <strong>de</strong><br />
Valois, I, p, 267, préten<strong>de</strong>nt que les Visigoths tentèrent <strong>de</strong> nouveau <strong>la</strong> fortune <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
combats dans le voisinage <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, au lieu dit Camp <strong><strong>de</strong>s</strong> ariens, <strong>et</strong> qu’ils furent<br />
défaits une secon<strong>de</strong> fois.