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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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points cardinaux, le cim<strong>et</strong>ière silencieux au bord <strong>de</strong> <strong>la</strong> route, à <strong>la</strong> sortie principale<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, <strong>et</strong> qui rappelle les avenues sépulcrales par lesquelles on entrait dans<br />

les cités romaines, tout y a gardé, si l’on peut ainsi parler, le moule <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

événements historiques, tout y évoque un passé lointain <strong>et</strong> d’émouvants<br />

souvenirs. Une paix profon<strong>de</strong> semble plonger dans le silence <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort c<strong>et</strong>te<br />

p<strong>et</strong>ite localité, dont le nom seul est resté vivant. La p<strong>la</strong>ine immuable <strong>et</strong><br />

monotone, est fendue, en quelque sorte, par <strong>la</strong> longue ligne droite <strong>et</strong> b<strong>la</strong>nche <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> vieille chaussée, qui, venant <strong>de</strong> Trèves, semble impatiente d’arriver à Cologne.<br />

Au loin s’étend <strong>la</strong> campagne solennelle <strong>et</strong> mu<strong>et</strong>te, dans le calme <strong>de</strong> son <strong>la</strong>rge<br />

horizon, qui s’élève comme les gradins d’un cirque immense autour <strong>de</strong> quelque<br />

grand théâtre historique.<br />

C’est là, sous les tours du château romain, <strong>et</strong> sans doute en avant <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, que<br />

les Ripuaires eurent à défendre contre les envahisseurs alémaniques le cœur<br />

même <strong>de</strong> <strong>la</strong> patrie. Nous ne savons pas si les Saliens étaient venus à leur<br />

secours ; mais, grâce aux circonstances que nous avons indiquées, les attaques<br />

<strong>de</strong> l’ennemi pouvaient être assez imprévues pour empêcher les renforts envoyés<br />

par Clovis d’arriver à temps. Les Ripuaires résistèrent avec courage : leur roi<br />

Sigebert fut blessé au genou dans le combat, <strong>et</strong> il en garda, pour le reste <strong>de</strong> sa<br />

vie, une c<strong>la</strong>udication qui lui valut le surnom <strong>de</strong> boiteux1. Il parait bien que <strong>la</strong><br />

journée fut un succès pour les armes franques, car, longtemps après, nous<br />

r<strong>et</strong>rouvons le roi Sigebert en paisible possession <strong>de</strong> son royaume2. Ce ne fut pas<br />

sans doute <strong>la</strong> première rencontre à main armée entre Francs <strong>et</strong> A<strong>la</strong>mans, mais<br />

c’est <strong>la</strong> première dont nous ayons connaissance. Et ce ne sont pas les annalistes,<br />

mais les poètes popu<strong>la</strong>ires qui en ont gardé le souvenir, <strong>et</strong> qui ont porté au loin,<br />

dans toutes les régions franques, le nom désormais fameux <strong>de</strong> Tolbiac.<br />

Mais <strong>la</strong> fièvre d’expansion qui tourmentait les A<strong>la</strong>mans ne leur <strong>la</strong>issait pas <strong>de</strong><br />

repos, <strong>et</strong> ils revinrent ‘à <strong>la</strong> charge. Comme ils tâtaient successivement toute <strong>la</strong><br />

frontière, <strong>et</strong> qu’ils n’épargnaient pas plus le domaine <strong><strong>de</strong>s</strong> Saliens que celui <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Ripuaires, Clovis fut entraîné à <strong><strong>de</strong>s</strong>cendre à son tour dans l’arène. Nous ne<br />

connaissons pas l’occasion <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te prise d’armes. Soit que les A<strong>la</strong>mans aient<br />

menacé les opulentes contrées <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule orientale, dont les séparait <strong>la</strong> haute<br />

muraille <strong><strong>de</strong>s</strong> Vosges ; soit que Sigebert <strong>de</strong> Cologne, craignant une nouvelle<br />

invasion, l’ait appelé au secours, il pénétra en Alsace par une marche rapi<strong>de</strong>, <strong>et</strong><br />

vint tomber sur l’ennemi dans <strong>la</strong> vallée du Rhin. Il est impossible <strong>de</strong> marquer<br />

d’une manière plus précise le champ clos d’une rencontre qui <strong>de</strong>vait être décisive<br />

pour l’avenir <strong>de</strong> l’Europe. Grégoire <strong>de</strong> Tours lui-même l’a ignoré, <strong>et</strong> tout le<br />

moyen âge après lui. L’événement mémorable qui ouvre les annales du mon<strong>de</strong><br />

mo<strong>de</strong>rne est donc <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à ne jamais porter <strong>de</strong> nom dans l’histoire. Le besoin <strong>de</strong><br />

donner un point <strong>de</strong> repère à <strong><strong>de</strong>s</strong> souvenirs fameux a fait accueillir avec faveur<br />

l’ingénieuse conjecture d’un érudit du seizième siècle«, qui a i<strong>de</strong>ntifié <strong>la</strong> victoire<br />

<strong>de</strong> Clovis avec <strong>la</strong> bataille <strong>de</strong> Tolbiac racontée plus haut3. Mais <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>rité <strong>de</strong><br />

1 Hic Sigibertus pugnans contra A<strong>la</strong>mannos apud Tulbiacensim oppidum percussus in<br />

genuculu c<strong>la</strong>udicabat. Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 37.<br />

2 Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 37.<br />

3 L’i<strong>de</strong>ntification a été faite, pour <strong>la</strong> première fois, par Paul Emile, historiographe <strong>de</strong><br />

France, De Rebus gestis Francorum, Paris, 1539, fol. v, verso, <strong>et</strong> admise sur <strong>la</strong> foi <strong>de</strong> c<strong>et</strong><br />

auteur par <strong>la</strong> plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> historiens. Elle repose uniquement sur <strong>la</strong> supposition que <strong>la</strong><br />

bataille <strong>de</strong> Clovis contre les A<strong>la</strong>mans, dont Grégoire <strong>de</strong> Tours ne désigne pas le théâtre,<br />

est <strong>la</strong> même que le combat <strong>de</strong> Tolbiac livré par Sigebert <strong>de</strong> Cologne aux mêmes ennemis,<br />

<strong>et</strong> dont Grégoire parle à un autre endroit <strong>de</strong> sa chronique. De preuve, il n’y en a aucune.

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