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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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précieuses garanties d’ordre public, <strong>et</strong> un <strong><strong>de</strong>s</strong> meilleurs moyens d’adoucir les<br />

mœurs. Il ne supprimait pas le châtiment <strong><strong>de</strong>s</strong> coupables, comme on l’a dit<br />

souvent ; il en atténuait <strong>la</strong> rigueur cruelle, il m<strong>et</strong>tait un obstacle à l’exercice<br />

illimité <strong>de</strong> <strong>la</strong> vengeance privée, <strong>et</strong> il préparait <strong>de</strong> loin <strong>la</strong> substitution du règne du<br />

droit aux violences <strong>de</strong> l’arbitraire.<br />

La question du recrutement du clergé n’était pas moins complexe. En principe,<br />

l’Église a toujours affirmé son droit <strong>de</strong> choisir ses ministres <strong>et</strong> condamné toute<br />

entrave à <strong>la</strong> liberté <strong><strong>de</strong>s</strong> vocations ecclésiastiques. En fait, certains intérêts<br />

politiques <strong>et</strong> privés étaient venus m<strong>et</strong>tre <strong><strong>de</strong>s</strong> restrictions à l’usage <strong>de</strong> ce droit.<br />

Sous l’Empire romain, beaucoup <strong>de</strong> gens entraient dans le clergé pour jouir <strong>de</strong><br />

ses immunités, <strong>et</strong> pour se dérober à l’écrasant far<strong>de</strong>au <strong><strong>de</strong>s</strong> charges civiles qui<br />

pesaient sur <strong>la</strong> bourgeoisie. Pour les curiales <strong><strong>de</strong>s</strong> municipes, ces éternels souffredouleur<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fiscalité, <strong>la</strong> cléricature était <strong>de</strong>venue une espèce d’asile d’un<br />

nouveau genre. On sait l’acharnement avec lequel l’Empire poursuivait, partout<br />

où ils cherchaient à lui échapper, ces malheureux qui lui répondaient <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

rentrée <strong>de</strong> ses impôts. Aussi ne sera-t-on pas étonné que Constantin ait défendu,<br />

par une loi <strong>de</strong> 320, l’entrée <strong><strong>de</strong>s</strong> curiales dans le clergé1. L’interdiction était<br />

radicale, <strong>et</strong>, pendant tout le quatrième siècle, elle fut tour à tour atténuée,<br />

supprimée, rétablie <strong>et</strong> renforcée par les empereurs : encore à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 458,<br />

Majorien y ajoutait <strong><strong>de</strong>s</strong> dispositions nouvelles2. En une matière aussi délicate, les<br />

intérêts <strong>de</strong> l’Église <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong> l’État, également impérieux les uns <strong>et</strong> les autres,<br />

semb<strong>la</strong>ient ne pas pouvoir être conciliés : satisfaire ceux-ci, c’était porter<br />

atteinte au recrutement du sacerdoce ; déférer à ceux-là, c’était priver l’État <strong>de</strong><br />

ses agents les plus indispensables.<br />

Mais <strong>la</strong> liberté <strong><strong>de</strong>s</strong> vocations ecclésiastiques rencontrait encore un autre obstacle<br />

dans l’institution <strong>de</strong> l’esc<strong>la</strong>vage. Introduire un esc<strong>la</strong>ve dans le clergé, c’était<br />

causer à son maître un tort semb<strong>la</strong>ble à celui que l’on causait à l’État en<br />

ordonnant un curiale. Aussi <strong>la</strong> loi ecclésiastique avait-elle <strong>de</strong> tout temps reconnu<br />

le droit du maître dont l’esc<strong>la</strong>ve avait été ordonné sans son autorisation à le<br />

réc<strong>la</strong>mer, en dépit du caractère sacerdotal dont il était revêtu. Elle-même, dans<br />

le cas où le maître consentait à l’entrée <strong>de</strong> son esc<strong>la</strong>ve dans le clergé, ne lui<br />

accordait les ordres sacrés qu’après qu’il avait été affranchi au préa<strong>la</strong>ble. L’esprit<br />

<strong>de</strong> ces dispositions se r<strong>et</strong>rouve, au cinquième siècle, dans les constitutions<br />

impériales <strong>de</strong> Valentinien III en Occi<strong>de</strong>nt3, <strong>et</strong> <strong>de</strong> Zénon en Orient4 : l’une <strong>et</strong><br />

l’autre défen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> conférer les ordres sacrés aux esc<strong>la</strong>ves, même du<br />

consentement du maître, attendu, dit <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière, qu’il peut leur procurer l’accès<br />

du sacerdoce en leur donnant <strong>la</strong> liberté5.<br />

Tel était, au moment où s’ouvrit le concile d’Orléans, l’état <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te délicate<br />

question du recrutement du clergé .Le concile ne s’écarta pas <strong><strong>de</strong>s</strong> principes qui<br />

avaient inspiré en c<strong>et</strong>te matière <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion canonique <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> société<br />

civile ; mais il édicta <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures qui en <strong>de</strong>vaient, sans froisser les droits <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pouvoirs publics ou privés, amener une application plus modérée <strong>et</strong> plus<br />

1 L’existence <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te loi, non conservée, est attestée au co<strong>de</strong> Théodosien, XVI, II, 3.<br />

2 Novellæ Majoriani, t. I, au co<strong>de</strong> Théodosien.<br />

3 Novellæ Valentin., III, tit. XII.<br />

4 Cod. Justinian, I, III, 36.<br />

5 Servos sane sociari clericorum consortiis, volentibus quoque <strong>et</strong> consentientibus<br />

dominis, modis omnibus prohibemus, quum liceat eorum dominis, data prius servis<br />

libertate, licitum eis ad suscipiendos honores clericorum iter, si hoc voluerint, aperire.<br />

Ibid., l. c.

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