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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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<strong><strong>de</strong>s</strong> insignes était entourée d’un cérémonial imposant. Le roi reçut l’ambassa<strong>de</strong><br />

byzantine dans <strong>la</strong> basilique <strong>de</strong> Saint-Martin, <strong>et</strong> se <strong>la</strong>issa offrir successivement le<br />

diplôme consu<strong>la</strong>ire enfermé dans un diptyque d’ivoire, <strong>la</strong> tunique <strong>de</strong> pourpre, le<br />

manteau ou ch<strong>la</strong>my<strong>de</strong> <strong>de</strong> même couleur, <strong>et</strong> enfin le diadème d’or1. Puis il<br />

remercia, les ambassa<strong>de</strong>urs, revêtit <strong>la</strong> tunique <strong>et</strong> <strong>la</strong> ch<strong>la</strong>my<strong>de</strong>, se coiffa du<br />

diadème, monta à cheval à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> l’atrium2, <strong>et</strong> <strong>de</strong> là s’achemina<br />

solennellement, au milieu d’un grand cortège, jusqu’à <strong>la</strong> cathédrale, j<strong>et</strong>ant <strong>de</strong> l’or<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’argent au peuple accouru pour assister à un spectacle aussi pompeux.<br />

C<strong>et</strong>te grandiose démonstration <strong>la</strong>issa un souvenir durable dans l’esprit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

popu<strong>la</strong>tions du <strong>pays</strong>, encore profondément pénétrées <strong>de</strong> souvenances romaines.<br />

Clovis, glorifié par l’empereur, <strong>et</strong> apparaissant aux yeux <strong>de</strong> ses nouveaux suj<strong>et</strong>s<br />

avec tout l’éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> pourpre impériale, ce n’était plus le barbare qu’un hasard<br />

heureux avait rendu maître du <strong>pays</strong>, c’était, pour tous ceux qui avaient gardé le<br />

culte <strong>de</strong> l’Empire, le représentant du souverain légitime, <strong>et</strong>, pour tout le mon<strong>de</strong>,<br />

l’égal <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus haute autorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre. Ses suj<strong>et</strong>s ne pouvaient se défendre<br />

d’un certain orgueil patriotique en voyant leur souverain revêtu d’un titre qui<br />

continuait d’imposer aux <strong>hommes</strong>. Dès ce jour, dit Grégoire <strong>de</strong> Tours, on donna<br />

à Clovis les noms <strong>de</strong> consul <strong>et</strong> d’auguste3. Et l’hymne barbare qui sert <strong>de</strong><br />

prologue à <strong>la</strong> Loi Salique fait sonner bien haut le titre <strong>de</strong> proconsul qu’il attribue<br />

au roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs, dans <strong>la</strong> même tira<strong>de</strong> où il oppose avec fierté les Francs aux<br />

Romains. Tant il est vrai que le prestige <strong><strong>de</strong>s</strong> institutions survit à lev puissance, <strong>et</strong><br />

que les <strong>hommes</strong> ne sont jamais plus vains d’une dignité que lorsqu’elle est<br />

<strong>de</strong>venue absolument vaine !<br />

Il serait d’ailleurs erroné <strong>de</strong> soutenir, comme l’ont fait quelques historiens, que<br />

c’est le consu<strong>la</strong>t honoraire <strong>de</strong> Clovis qui seul a fait <strong>de</strong> lui le souverain légitime <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Gaule. La cérémonie n’avait eu c<strong>et</strong>te portée pour personne. Ni Anastase<br />

n’entendait investir Clovis d’un pouvoir royal sur <strong>la</strong> Gaule, ni Clovis n’aurait voulu<br />

se prêter à une cérémonie qui aurait eu c<strong>et</strong>te signification. Les Gallo-romains<br />

connaissaient trop bien <strong>la</strong> valeur du consu<strong>la</strong>t pour s’y tromper ; quant aux<br />

Francs, ils étaient sans doute <strong>de</strong> l’avis <strong>de</strong> leur roi, <strong>et</strong> trouvaient avec lui que,<br />

comme on disait au moyen âge, il ne relevait son royaume que <strong>de</strong> Dieu <strong>et</strong> <strong>de</strong> son<br />

épée.<br />

Nous ne terminerons pas ce chapitre sans essayer <strong>de</strong> répondre à une question :<br />

Que <strong>de</strong>vinrent les Visigoths d’Aquitaine après <strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> leur <strong>pays</strong> par les<br />

Francs ?<br />

1 Igitur ab Anastasio imperatore co<strong>de</strong>cillos <strong>de</strong> conso<strong>la</strong>to accepit, <strong>et</strong> in basilica beati<br />

Martini tunica b<strong>la</strong>ttea indutus <strong>et</strong> c<strong>la</strong>mi<strong>de</strong>, imponens vertice dia<strong>de</strong>mam... <strong>et</strong> ab ea die<br />

tamquam consul aut augustus est vocitatus. Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 38. Le Liber historiæ,<br />

c. 47, <strong>et</strong> Hincmar, Vita sancti Remigii (dom Bouqu<strong>et</strong>, III, p. 379, reproduisent Grégoire<br />

<strong>de</strong> Tours. Le grand prologue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loi salique donne à Clovis le titre <strong>de</strong> proconsul<br />

(Par<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, Loi salique, p. 345). Aimoin (I, 22) croit savoir que Clovis reçut le titre <strong>de</strong><br />

patricius Romanorum (dom Bouqu<strong>et</strong>, III, p. 42), <strong>et</strong> Roricon (dom Bouqu<strong>et</strong>, III, p. 19) dit<br />

: <strong>et</strong> non solum rex aut consul sed <strong>et</strong> augustus ab eo<strong>de</strong>m imperatore jussus est appel<strong>la</strong>ri.<br />

Il est inutile <strong>de</strong> dire qu’on doit purement <strong>et</strong> simplement s’en tenir à Grégoire <strong>de</strong> Tours.<br />

Pour l’inscription runique <strong>de</strong> La Chapelle-Saint-Éloi, où Clovis est appelé Konung<br />

Chloudoovig consoul (Leb<strong>la</strong>nt, Inscriptions chrétiennes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, I, p. 215), c’est une<br />

indigne supercherie.<br />

2 L’atrium lui-même étant un endroit sacré, on n’y montait pas à cheval. Voir Grégoire <strong>de</strong><br />

Tours, Gloria martyrum, c. 60.<br />

3 Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 38.

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