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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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<strong><strong>de</strong>s</strong> espions avaient exploré les lieux, <strong>et</strong> l’armée ne s’était mise en marche<br />

qu’après que son chef eut été parfaitement renseigné. Néanmoins, l’arrivée <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

barbares, à ce qu’il parait, ne fut pas tout à fait une surprise pour les Romains,<br />

puisqu’ils essayèrent <strong>de</strong> résister en avant <strong>de</strong> Cambrai. Mais Clodion leur passa<br />

sur le corps <strong>et</strong> pénétra dans <strong>la</strong> cité terrifiée. Là aussi, à part les inévitables<br />

violences <strong>de</strong> <strong>la</strong> première heure, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion ne fut pas exterminée ; les<br />

vainqueurs se contentèrent du pil<strong>la</strong>ge avec son cortège d’horreurs, mais<br />

respectèrent les murs qui <strong>de</strong>vaient les abriter, <strong>et</strong> un peuple qui ne leur opposait<br />

pas <strong>de</strong> résistance1.<br />

Court fut le repos que s’accordèrent les vainqueurs, <strong>et</strong> bientôt ils étaient <strong>de</strong>bout,<br />

<strong>la</strong> framée à <strong>la</strong> main, pour continuer leur joyeux itinéraire parmi les p<strong>la</strong>ines<br />

fertiles <strong>de</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> Belgique. Poussant droit <strong>de</strong>vant eux, dans <strong>la</strong> direction <strong>de</strong><br />

l’ouest, ils traversèrent tout l’Artois sans trouver <strong>de</strong> résistance, pas même à<br />

Arras, qui, paraît-il, dut leur ouvrir ses portes. Déjà ils venaient <strong>de</strong> pénétrer dans<br />

<strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Canche, d’où ils al<strong>la</strong>ient atteindre le rivage <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer, lorsqu’enfin<br />

ils tombèrent sur quelqu’un qui les arrêta. C’était, encore une fois, c<strong>et</strong> Aétius<br />

que, <strong>de</strong>puis une vingtaine d’années, les barbares rencontraient partout sur leur<br />

chemin, alerte <strong>et</strong> vigoureux génie qui courait d’une extrémité à l’autre du mon<strong>de</strong><br />

occi<strong>de</strong>ntal, se multipliant en quelque sorte pour multiplier <strong>la</strong> défense. Peu<br />

d’<strong>hommes</strong> ont consacré au service <strong>de</strong> l’Empire un plus beau talent militaire, <strong>de</strong><br />

plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong> ressources <strong>de</strong> diplomate, une plus infatigable ar<strong>de</strong>ur d’activité. Né,<br />

si l’on peut ainsi parler, aux confins <strong>de</strong> <strong>la</strong> civilisation <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> barbarie, il passa<br />

chez les Huns une bonne partie <strong>de</strong> son existence comme otage, comme<br />

négociateur, comme réfugié politique, <strong>et</strong> il fit profiter Rome <strong>de</strong> l’expérience qu’il<br />

avait, acquise <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong> ennemi. Invincible sur les champs <strong>de</strong> bataille, il né<br />

l’était pas moins quand il suivait chez eux les peuples qu’il venait <strong>de</strong> vaincre, <strong>et</strong>,<br />

que, persuasif <strong>et</strong> pressant, il désarmait leur colère <strong>et</strong> faisait d’eux <strong><strong>de</strong>s</strong> alliés <strong>de</strong><br />

l’Empire. Si son patriotisme avait eu <strong>la</strong> pur<strong>et</strong>é <strong>et</strong> le désintéressement <strong><strong>de</strong>s</strong> anciens<br />

jours, il eût été digne d’être p<strong>la</strong>cé à côté <strong><strong>de</strong>s</strong> meilleurs citoyens <strong>de</strong> <strong>la</strong> République.<br />

Mais tel qu’il fut, avec ses gran<strong>de</strong>urs <strong>et</strong> ses faiblesses, il n’eut pas d’égal <strong>de</strong> son<br />

temps, <strong>et</strong> il mérita d’être appelé le <strong>de</strong>rnier <strong><strong>de</strong>s</strong> Romains.<br />

Tous les envahisseurs avaient senti tour à tour le poids <strong><strong>de</strong>s</strong> armes d’Aétius. Il<br />

avait refoulé les Visigoths <strong>de</strong> <strong>la</strong> Provence, il avait arrêté sur le Rhin <strong>la</strong> marche<br />

victorieuse <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs orientaux, il avait humilié <strong>et</strong> battu les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> dans une<br />

journée décisive, <strong>et</strong> maintenant il accourait jusqu’à l’extrémité septentrionale <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Gaule pour m<strong>et</strong>tre à <strong>la</strong> raison le seul <strong>de</strong> ces peuples sur lequel il n’eût pas<br />

encore remporté <strong>de</strong> trophées. La secon<strong>de</strong> Belgique, abandonnée <strong>de</strong> l’Empire, dut<br />

avoir l’illusion d’un r<strong>et</strong>our <strong>de</strong> l’ancienne gran<strong>de</strong>ur romaine, lorsqu’elle vit<br />

reparaître dans ses p<strong>la</strong>ines <strong><strong>de</strong>s</strong> légions que leur général avait réconciliées avec <strong>la</strong><br />

victoire.<br />

Nous ne connaissons malheureusement <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne d’Aétius qu’un seul<br />

épiso<strong>de</strong>, <strong>et</strong> encore ne le voyons-nous qu’à travers l’imagination grossissante d’un<br />

panégyriste romain. Mais, dans <strong>la</strong> totale absence <strong>de</strong> toute autre source, les<br />

quelques coups <strong>de</strong> pinceau du poète, tracés d’ailleurs avec une singulière<br />

vivacité, acquièrent <strong>la</strong> valeur d’un vrai tableau d’histoire.<br />

1 Le Liber historiæ, c. 5, dit le contraire : Exin<strong>de</strong> usque Camaracum veniens illicque<br />

resedit pauco temporis spatio, Romanos quos ibi invenit interficit. Mais ce n’est là qu’une<br />

mauvaise glose <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 9 (Romanus proter<strong>et</strong> civitatem adpræhendit)<br />

mal compris. Grégoire parle d’un massacre <strong><strong>de</strong>s</strong> Romains en bataille rangée, avant <strong>la</strong><br />

prise <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville.

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