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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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même. (V. Neues Archiv, t. XX, 1895, <strong>et</strong> mon étu<strong>de</strong> sur Les Sources <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong><br />

Clovis dans Grégoire <strong>de</strong> Tours, avec les auteurs qui y sont cités). C<strong>et</strong>te conclusion<br />

s’impose, étant donné le point <strong>de</strong> vue défendu par M. Krusch, mais elle en<br />

démontre aussi <strong>la</strong> foncière défectuosité. Aucun critique au courant <strong><strong>de</strong>s</strong> choses<br />

mérovingiennes n’adm<strong>et</strong>tra que Grégoire ait tiré <strong>de</strong> sa seule imagination <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tableaux comme celui du baptême <strong>de</strong> Clovis. Et j’imagine que l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong><br />

l’œuvre du pseudo-Fortunat avec <strong>la</strong> Vie primitive <strong>de</strong> saint Remi rencontrera peu<br />

<strong>de</strong> partisans. Hincmar nous dit d’ailleurs qu’elles étaient distinctes, <strong>et</strong> ce n’est<br />

pas écarter son, témoignage que <strong>de</strong> dire qu’il est un faussaire, <strong>et</strong> d’alléguer qu’il<br />

nous raconte sur ce vieil écrit un vrai roman. Même en accordant ces <strong>de</strong>ux points<br />

à M. Krusch, il n’en restera pas moins établi que Hincmar était convaincu <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

non-i<strong>de</strong>ntité <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux textes. Nous le voyons qui cherche à se procurer<br />

l’ancienne Vie <strong>et</strong> qui écrit au roi Louis pour s’en informer (V. Flodoard dans M. G. H.<br />

XIII, pp. 511, 512) ; sa sincérité sous ce rapport ne fait donc pas <strong>de</strong> doute, <strong>et</strong>, s’il<br />

en est ainsi, il <strong>de</strong>vient bien difficile <strong>de</strong> contester <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> son témoignage. Et<br />

sur quoi se fon<strong>de</strong>rait-on aujourd’hui pour se croire autorisé à prétendre que<br />

Hincmar se trompait <strong>et</strong> que <strong>la</strong> Vie qui était l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> ses recherches n’avait<br />

jamais existé ?<br />

On comprend que, <strong>la</strong> vie primitive ayant disparu <strong>et</strong> l’œuvre du pseudo-Fortunat<br />

n’ayant aucune valeur, Hincmar se soit préoccupé <strong>de</strong> fournir au public une<br />

biographie plus sérieuse <strong>de</strong> l’apôtre <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs. Il composa donc, vers 878, l’écrit<br />

que nous possédons sous son nom. (V. Acta Sanctorum <strong><strong>de</strong>s</strong> Bol<strong>la</strong>ndistes, t. I.<br />

d’octobre <strong>et</strong> S. R. M., t. III [édition <strong>de</strong> Krusch, qui donne un texte plus compl<strong>et</strong>].)<br />

C’est un ouvrage composé selon les procédés compi<strong>la</strong>toires <strong>de</strong> l’érudition d’alors,<br />

<strong>et</strong> prenant pour principe c<strong>et</strong>te parole <strong>de</strong> Beda que <strong>la</strong> vraie loi <strong>de</strong> l’histoire, c’est<br />

<strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre simplement par écrit, pour l’instruction <strong>de</strong> <strong>la</strong> postérité, ce que l’on a<br />

recueilli sous <strong>la</strong> dictée <strong>de</strong> <strong>la</strong> voix publique. (Vita S. Remigii præf., p. 253, d’après<br />

Beda le Vénérable, Hist. eccl. Angl., præf.) Les sources principales sont le Vita du<br />

pseudo-Fortunat <strong>et</strong> le Liber Historiæ, qu’il cite sous le nom <strong>de</strong> Historiæ (c. II) <strong>et</strong><br />

auquel il renvoie ailleurs par ces mots : Sicut lector in suo loco pluries legere<br />

potest. (Vita. S. Remigii dans AA. SS. IV, 53, <strong>et</strong> dans Krusch S. R. M. III, p. 293.) Il dit<br />

également avoir possédé quelques feuill<strong>et</strong>s, en fort mauvais état, <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie du<br />

sixième siècle, <strong>et</strong> il raconte au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong> ouvrage une histori<strong>et</strong>te qui a tout<br />

l’air, à première vue, d’un <strong>de</strong> ces lieux communs, chers aux romanciers <strong>et</strong> aux<br />

poètes du moyen âge. Par contre, il ne parait pas avoir connu Grégoire <strong>de</strong> Tours<br />

ni Frédégaire, puisqu’il ne leur emprunte rien <strong>de</strong> ce qu’ils ont en plus que le Liber<br />

Historiæ, <strong>et</strong> qu’il suit pas à pas ce <strong>de</strong>rnier1. Outre les renseignements puisés<br />

1 M. Krusch S. R. M., III, p. 210, croit que Hincmar a connu Grégoire <strong>de</strong> Tours <strong>et</strong><br />

Frédégaire, mais reconnaît qu’il les a peu utilisés : Neque vero ex ipsis <strong>de</strong>prompsit nisi<br />

pauca verba. Et il cite Grégoire, H. F., II, 27 <strong>et</strong> 31, <strong>et</strong> Frédégaire, II, 58, III, 16, 21 dont<br />

on r<strong>et</strong>rouverait trace dans le Vita Remigii, c. 11, 15, 14. Je ne puis me le persua<strong>de</strong>r. En<br />

ce qui concerne Grégoire, les <strong>de</strong>ux passages où <strong>la</strong> coïnci<strong>de</strong>nce verbale du Vita Remigii est<br />

un peu plus gran<strong>de</strong> avec Grégoire qu’avec sa source ordinaire, qui est le Liber Historiæ,<br />

ils prouvent peut-être que Hincmar avait sous les yeux une meilleure recension <strong>de</strong> ce<br />

<strong>de</strong>rnier ouvrage que celle que nous avons conservée. Quant à Frédégaire, que Hincmar<br />

suit pour le nom <strong>de</strong> l’évêque qui est le héros du vase <strong>de</strong> Soissons, <strong>et</strong> aussi pour <strong>la</strong> date<br />

du baptême <strong>de</strong> Clovis, qu’il p<strong>la</strong>ce à Pâques <strong>et</strong> non à Noé comme Grégoire, le doute serait<br />

plus p<strong>la</strong>usible ; cependant il n’est pas prouvé que Hincmar n’ait pas trouvé ce double<br />

renseignement ailleurs, <strong>et</strong> que le premier, notamment, ne lui avait pu être fourni par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

écrits <strong>de</strong> sa propre église. Par contre, si Hincmar avait connu Grégoire, ne lui aurait-il pas<br />

emprunté sa comparaison <strong>de</strong> saint Remi avec saint Silvestre, si f<strong>la</strong>tteuse pour son héros,

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