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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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produite surtout, il y a une soixantaine d’années ; <strong><strong>de</strong>s</strong> écrivains rémois, très<br />

popu<strong>la</strong>ires, lui ont prêté leur appui <strong>et</strong> ont contribué à <strong>la</strong> répandre1. On était alors<br />

sous l’inspiration du romantisme ; on avait l’amour du pittoresque, <strong>et</strong> l’on<br />

sacrifiait aisément <strong>la</strong> prose <strong>de</strong> l’histoire à <strong>la</strong> poésie <strong>de</strong> <strong>la</strong> légen<strong>de</strong>. Ces voûtes<br />

mystérieuses, ce <strong>de</strong>mi-jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle souterraine, ces vieux murs noircis,<br />

semb<strong>la</strong>ient un cadre merveilleusement approprié à <strong>la</strong> scène r<strong>et</strong>racée par<br />

Hincmar. On savait que c<strong>et</strong>te chapelle avait été dédiée à saint Pierre ; on n’en<br />

<strong>de</strong>mandait guère plus, <strong>et</strong> <strong>la</strong> conjecture fut bientôt mise en circu<strong>la</strong>tion. Nous<br />

<strong>de</strong>vons dire à <strong>la</strong> décharge <strong>de</strong> nos auteurs que <strong>la</strong> crypte était alors une cave<br />

remplie <strong>de</strong> décombres, <strong>et</strong> qu’ils n’ont pas eu peut-être <strong>la</strong> faculté <strong>de</strong> l’examiner <strong>de</strong><br />

très près. Depuis ce temps, on l’a déb<strong>la</strong>yée ; elle est <strong>de</strong>venue accessible, <strong>et</strong>,<br />

d’autre part, l’archéologie a fait beaucoup <strong>de</strong> progrès. Aujourd’hui on ne saurait y<br />

voir un oratoire <strong>de</strong> l’époque mérovingienne sans montrer <strong>la</strong> plus profon<strong>de</strong><br />

incompétence. Il est certain qu’il n’y a pas dans <strong>la</strong> chapelle basse <strong>de</strong> l’archevêché<br />

une seule pierre antérieure au treizième siècle2 ; elle est absolument<br />

contemporaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> gracieuse chapelle qui <strong>la</strong> surmonte, <strong>et</strong> elle a été bâtie en<br />

même temps <strong>et</strong> d’un seul j<strong>et</strong>. Il n’est pas bien sûr non plus qu’elle occupe <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ce exacte <strong>de</strong> l’oratoire ancien, tant le pa<strong>la</strong>is archiépiscopal a subi <strong>de</strong><br />

remaniements <strong>et</strong> <strong>de</strong> modifications dans le cours <strong><strong>de</strong>s</strong> âges ; mais elle a hérité <strong>de</strong><br />

son vocable, <strong>et</strong> ce<strong>la</strong> probablement par une tradition non interrompue. Ce sont là<br />

pour elle <strong><strong>de</strong>s</strong> titres <strong>de</strong> noblesse suffisants.<br />

Donc, tout en rej<strong>et</strong>ant les fantaisies imaginées vers 1840, nous avions pensé<br />

qu’Hincmar, en par<strong>la</strong>nt du logement <strong>de</strong> Clovis, avait eu en vue le pa<strong>la</strong>is occupé<br />

par saint Remi, <strong>et</strong> qu’il faut p<strong>la</strong>cer dans c<strong>et</strong>te <strong>antique</strong> <strong>de</strong>meure l’oratorium Sancti<br />

P<strong>et</strong>ri <strong>et</strong> le cubiculum regis, voisin <strong>de</strong> l’oratoire. Ce serait par conséquent à<br />

l’archevêché, ou du moins à son emp<strong>la</strong>cement, que se rattacheraient ces vieilles<br />

traditions <strong>et</strong> ces souvenirs du séjour du roi, à <strong>la</strong> veille <strong>de</strong> son baptême.<br />

Telles étaient les conclusions qui résultaient <strong>de</strong> nos premières recherches, <strong>et</strong> que<br />

nous avions exposées dans le travail cité précé<strong>de</strong>mment. Elles ont été<br />

combattues <strong>de</strong>puis par le R. P. Jubaru, dans un très intéressant mémoire qu’il a<br />

fait paraître dans les Étu<strong><strong>de</strong>s</strong> religieuses sur le lieu du baptême <strong>de</strong> Clovis3.<br />

L’auteur <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te notice, qui a fait preuve d’une érudition soli<strong>de</strong> <strong>et</strong> d’un esprit fort<br />

judicieux, a apporté dans c<strong>et</strong>te discussion <strong><strong>de</strong>s</strong>’ arguments dont nous ne saurions<br />

nous dissimuler <strong>la</strong> valeur. Sans doute, il ne nous semble pas être arrivé à une<br />

certitu<strong>de</strong> absolue ; pour <strong><strong>de</strong>s</strong> événements si lointains <strong>et</strong> si obscurs, avec le peu <strong>de</strong><br />

renseignements que les sources historiques nous fournissent à leur suj<strong>et</strong>, on est<br />

réduit forcément aux conjectures. En réfutant notre opinion, le P. Jubaru n’a pas<br />

tenu assez compte, à notre sens, <strong>de</strong> l’oratoire <strong>de</strong> Saint-Pierre du pa<strong>la</strong>is<br />

archiépiscopal, dont l’existence est attestée, comme nous l’avons vu, pour une<br />

époque assez reculée. Nous persistons à croire que notre hypothèse n’est pas<br />

insoutenable, <strong>et</strong> qu’il y a toujours <strong>de</strong> bonnes raisons en sa faveur. Mais d’autre<br />

part, celle qu’a émise notre savant contradicteur est très p<strong>la</strong>usible, <strong>et</strong> s’appuie<br />

sur un ensemble <strong>de</strong> preuves qui méritent un sérieux examen. On a donc le choix<br />

entre les <strong>de</strong>ux opinions en présence ; elles peuvent se défendre l’une <strong>et</strong> l’autre.<br />

1 L. Paris, Chronique <strong>de</strong> Champagne, t. III (1838), p, 127 à. 130 ; Tarbé, Reims (1844),<br />

p. 315. Ces auteurs ont été réfutés par M. Amé, dans sa notice sur <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong><br />

l’archevêché <strong>de</strong> Reims, Annales archéologiques <strong>de</strong> Didron, t. XV (1855), p. 214 <strong>et</strong> suiv.<br />

2 Bull. archéologique, 1894, p. 29, note.<br />

3 Clovis a-t-il été baptisé à Reims ? dans les Étu<strong><strong>de</strong>s</strong> religieuses <strong><strong>de</strong>s</strong> Pères <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Compagnie <strong>de</strong> Jésus, t. LXVII (1896), p. 292 à 320.

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