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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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eux, votre <strong>pays</strong> s’en trouvera bien. Encouragez votre peuple1, relevez les<br />

affligés, protégez les veuves, nourrissez les orphelins, faites que tout le mon<strong>de</strong><br />

vous aime <strong>et</strong> vous craigne. Que <strong>la</strong> voix <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice se fasse entendre par votre<br />

bouche. N’atten<strong>de</strong>z rien <strong><strong>de</strong>s</strong> pauvres ni <strong><strong>de</strong>s</strong> étrangers, <strong>et</strong> ne vous <strong>la</strong>issez pas<br />

offrir <strong><strong>de</strong>s</strong> présents par eux. Que votre tribunal soit accessible à tous, que nul ne<br />

le quitte avec <strong>la</strong> tristesse <strong>de</strong> n’avoir pas été entendu. Avec ce que votre père<br />

vous a légué <strong>de</strong> richesses, rach<strong>et</strong>ez <strong><strong>de</strong>s</strong> captifs <strong>et</strong> délivrez-les du joug <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

servitu<strong>de</strong>. Si quelqu’un est admis en votre présence, qu’il ne s’y sente pas un<br />

étranger. Amusez-vous avec les jeunes gens, mais délibérez avec les vieil<strong>la</strong>rds,<br />

<strong>et</strong> si vous voulez régner, montrez-vous-en digne2.<br />

Bien que c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre ne contienne que <strong><strong>de</strong>s</strong> conseils généraux <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

recommandations banales, elle ne <strong>la</strong>isse pas d’avoir une gran<strong>de</strong> signification.<br />

Toute l’histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs est en germe dans <strong>la</strong> première rencontre du roi <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’évêque. L’Église, <strong>de</strong> tout temps, s’était sentie attirée vers les barbares par le<br />

mystérieux instinct <strong>de</strong> sa mission ; c<strong>et</strong>te fois elle al<strong>la</strong>it résolument à eux, avec <strong>la</strong><br />

pleine conscience <strong>de</strong> ce que signifiait une pareille démarche. Il faut noter <strong>la</strong><br />

première manifestation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te initiative hardie, qui aura pour conséquence le<br />

baptême <strong>de</strong> Clovis <strong>et</strong> <strong>la</strong> fondation <strong>de</strong> <strong>la</strong> monarchie très chrétienne.<br />

Qu’on ne s’étonne pas, d’ailleurs, <strong>de</strong> voir le clergé <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième Belgique<br />

saluer en Clovis son souverain. Nous l’avons déjà vu : Clovis était le successeur<br />

du <strong>de</strong>rnier homme qui eût exercé sur c<strong>et</strong>te province une autorité respectée <strong>et</strong><br />

bienfaisante. Que l’épiscopat gallo-romain l’ait préféré à Syagrius, il n’y a là rien<br />

qui doive nous surprendre : en supposant même qu’ils fussent restés fidèles à<br />

l’illusion impériale, pouvait-on soutenir que Syagrius était le représentant <strong>de</strong><br />

l’Empire plutôt que Clovis ? La nationalité <strong>de</strong> celui-ci n’entrait pas en ligne <strong>de</strong><br />

compte ; il y avait <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles que l’armée était composée <strong>de</strong> barbares. Quant au<br />

gros <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, elle était sans doute bien indifférente à <strong>la</strong> question<br />

nationale <strong>et</strong> au maintien <strong>de</strong> l’unité romaine. On a vu les répugnances <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule<br />

centrale contre <strong>la</strong> domination d’Ægidius ; sans doute, <strong><strong>de</strong>s</strong> répugnances<br />

croissaient à mesure qu’on approchait <strong>de</strong> <strong>la</strong> frontière septentrionale. Dans ces<br />

provinces en gran<strong>de</strong> partie germanisées, Rome n’était plus qu’un fantôme, <strong>et</strong> les<br />

barbares apparaissaient comme <strong><strong>de</strong>s</strong> disciples pleins <strong>de</strong> promesses.<br />

Les premières années du règne <strong>de</strong> Clovis paraissent avoir été une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

recueillement : du moins nous ne connaissons aucun acte <strong>de</strong> lui jusqu’en 486.<br />

On dirait que, bien inspiré ou bien conseillé, il ne voulut pas faire parler <strong>de</strong> lui<br />

1 Cives tuos. Dubos, II, p. 496, comm<strong>et</strong> une faute grave en traduisant ainsi : Faites du<br />

bien à ceux qui sont <strong>de</strong> <strong>la</strong> même nation que vous. Le mot cives, dans l’occurrence, ne se<br />

traduit pas mieux par citoyens que par suj<strong>et</strong>s ; j’ai choisi un terme intermédiaire.<br />

2 M. G. H. Epistolæ Merovingici <strong>et</strong> Karolini ævi, t. I, p. 113. C<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre ne portant pas <strong>de</strong><br />

date, on l’a tour à tour supposée écrite en 486, après <strong>la</strong> victoire sur Syagrius, <strong>et</strong> en 507,<br />

avant <strong>la</strong> guerre d’Aquitaine. La question serait sans doute en suspens si une nouvelle<br />

col<strong>la</strong>tion du manuscrit 869 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vaticane n’avait montré qu’il faut lire le début <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

manière suivante : Rumor ad nos magnum pervenit administrationem vos secundum<br />

Belgice suscepisse. Et une heureuse conjecture <strong>de</strong> B<strong>et</strong>hmann, qui corrige secundum en<br />

secundæ, restitue à <strong>la</strong> phrase son sens vrai. (V. Neues Archiv., t. XIII, pp. 330 <strong>et</strong> suiv.)<br />

Dès lors <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 507 est écartée, <strong>et</strong> le débat reste entre celles <strong>de</strong> 481 <strong>et</strong> <strong>de</strong> 486. Je<br />

me suis prononcé pour <strong>la</strong> première, parce que tout, dans le texte, désigne un jeune<br />

souverain qui vient <strong>de</strong> monter sur le trône, rien un vainqueur qui vient d’écraser un rival.<br />

La date <strong>de</strong> 481 avait déjà été proposée par Pétigny, pp. 361 <strong>et</strong> suivantes. (V.<br />

l’Appendice.)

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