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Les mondes darwiniens

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[philippe h u n e man / sélection]<br />

moyenne, à leurs descendants. Ainsi, la manière dont une population évolue<br />

par sélection naturelle due à la pression de sélection présente va dépendre<br />

de l’héritabilité, laquelle mesurera ce qu’on appelle alors la « réponse à la<br />

sélection » propre à la population considérée 31 . En génétique quantitative,<br />

cette « réponse à la sélection » est formellement le produit de l’héritabilité<br />

h² et du différentiel de sélection S, qui est la valeur moyenne du phénotype<br />

des parents sélectionnés 32 .<br />

Enfin C1, condition de variation, semble simple 33 . Elle présente pourtant une<br />

difficulté, qui a émergé lors des débats sur le caractère aléatoire ou dirigé des<br />

mutations génétiques au moment de la formation de la théorie synthétique.<br />

Supposons en effet que les mutations soient dirigées, dans un sens qui va vers<br />

une meilleure performance vis-à-vis des demandes de l’environnement. La sélection<br />

naturelle n’est alors que superflue pour l’évolution ; même les différences<br />

de fitness relatives entre entités vont spontanément diminuer. Plus généralement,<br />

si la variation est dirigée, elle rendra impossible la sélection naturelle. La<br />

variation doit donc être « aléatoire », au sens où la forme de l’environnement ne<br />

permet pas de la prédire ; aléatoire signifie « non dirigé » ici. Certes, la sélection<br />

n’exige pas que toute mutation soit possible ; l’espace des variations est entre<br />

autres contraint par l’histoire évolutionnaire 34 . Mais cette contrainte est orthogonale<br />

au caractère dirigé ou non de la variation, c’est-à-dire au degré auquel<br />

l’environnement fonctionne comme un prédicteur de la variation.<br />

Ce point peut être illustré par le cas de l’évolution technologique : certains 35<br />

ont voulu appliquer une théorie sélectionniste à la culture et donc, plus suc-<br />

31. Cf. Brandon (1990), Adaptation and environment, Princeton UP ; idem (2008),<br />

“Natural selection”, Stanford On-Line Encyclopedia of Philosophy @.<br />

32. La génétique quantitative a pour paradigme les expériences de sélection : on<br />

sélectionne un ensemble d’individus dotés de la valeur phénotypique requise et<br />

on les fait se reproduire. On comprend que le résultat, donc la « réponse » à la<br />

sélection, sera proportionnel à la fois à la moyenne de leurs valeurs phénotypiques,<br />

et à l’héritabilité du trait. Si celle-ci est 1, la génération suivante aura bien pour<br />

valeur phénotypique moyenne celle des parents sélectionnés ; si elle est 1/2, la<br />

valeur phénotypique moyenne sera de la moitié, etc.<br />

33. Cf. Heams (« Variation ») pour les théories de la variation, mais ici on suppose<br />

simplement le fait de la variation.<br />

34. Sur « contrainte », cf. Grandcolas, ce volume ; Gould & Lewontin (1979), “The spandrels<br />

of san Marco and the panglossian paradigm : A critique of the adaptationist<br />

programme”, Proc. Roy. Soc. Lond., B205 @.<br />

35. Lumsden & Wilson (1981), Genes, minds and culture, Harvard UP. Cavalli-Sforza<br />

& Feldman (1981), Cultural transmission and evolution. A quantitative approach,

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