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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

Un autre argument complémentaire s’attaque directement aux causes<br />

mêmes de la stochasticité du comportement. Alors que, pour Glymour, ce<br />

sont des phénomènes cellulaires véritablement aléatoires qui sont à l’origine<br />

de la stochasticité comportementale observée, pour Millstein cela n’a rien<br />

d’évident. Pour s’en rende compte, il suffit de prendre l’exemple de la fonction<br />

« random » utilisée en informatique : à partir d’un programme et d’une<br />

horloge, cette fonction permet de générer des suites de nombres aléatoires.<br />

Et pourtant, il n’y a là rien d’indéterministe, bien au contraire. Il est ainsi tout<br />

à fait possible d’obtenir un phénomène macroscopique stochastique à partir<br />

d’un phénomène microscopique totalement déterministe. Pour Millstein,<br />

« un phénomène peut apparaître aléatoire et cependant être le résultat d’un<br />

processus complètement déterministe. Ainsi, les comportements de prédation<br />

aléatoire peuvent être générés par des programmes informatiques déterministes.<br />

L’observation d’un comportement aléatoire n’est pas une preuve<br />

suffisante pour l’indéterminisme 36 ». Autrement dit, l’ébauche d’explication<br />

entreprise par Glymour ne peut que nous laisser sur notre faim. Il est certes<br />

intéressant d’apprendre que certaines cellules neuronales peuvent exhiber un<br />

comportement indéterministe. Pour autant, cela soulève un grand nombre de<br />

questions : comment expliquer, d’une part, ce comportement indéterministe ?<br />

Quels en sont les mécanismes sous-jacents ? Ces mécanismes sont-ils alors<br />

également indéterministes ou bien au contraire déterministes ? D’autre part,<br />

comment expliquer que ce comportement indéterministe cellulaire perce au<br />

niveau de l’organisation tissulaire, et de fil en aiguille au niveau de l’organisme<br />

dans son ensemble et de son comportement ? En somme donc, l’argument<br />

de Glymour ne remonte pas suffisamment aux processus causaux pour qu’on<br />

puisse conclure avec lui au caractère fondamentalement indéterministe du<br />

comportement de prédation aléatoire.<br />

1.4 Mutations et percolation quantique<br />

Un quatrième argument en faveur de la thèse indéterministe est celui de<br />

la « percolation quantique ». Ce concept, introduit par Sober37 , vise à rendre<br />

compte d’un indéterminisme macroscopique à partir d’un indéterminisme<br />

microscopique ancré dans la mécanique quantique : « En physique, la mécanique<br />

quantique a perturbé l’hypothèse du déterminisme. Si la mécanique<br />

36. Ibid.<br />

37. Sober, The Nature of Selection, MIT Press, 1984 @.

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