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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

4 L’ADN, support moléculaire de l’hérédité génétique<br />

Restait donc, pour qu’une synthèse évolutive soit possible, à identifier définitivement<br />

et précisément le support matériel de l’hérédité. On a vu qu’il<br />

avait été localisé très tôt sur les chromosomes, sans que sa nature moléculaire<br />

soit pour autant connue. Il a d’ailleurs longtemps été postulé que les gènes<br />

seraient constitués de protéines, comme on peut encore le lire par exemple<br />

dans l’ouvrage d’Erwin Schrödinger, Qu’est-ce que la vie ?, publié en 1944. <strong>Les</strong><br />

travaux d’Oswald Avery, Colin McLeod et Maclyn McCarty dans les années<br />

1940, complétés par ceux d’Alfred Hershey et Martha Chase à l’orée des années<br />

1950, démontrèrent que la molécule héréditaire était l’acide désoxyribonucléique,<br />

qui serait vite popularisé sous le nom d’ADN. C’est enfin James Watson et<br />

Francis Crick qui parachevèrent l’édifice, en publiant en 1953 un court article<br />

dans la revue Nature révélant la structure de l’ADN (et oubliant au passage<br />

de créditer l’apport décisif de Rosalind Franklin à ces travaux) 10 . Cette molécule<br />

possédait au moins deux caractéristiques qui fournissaient la réponse<br />

moléculaire potentielle à plus d’un siècle d’interrogations sur l’hérédité : (i)<br />

l’ADN est une longue molécule constituée d’une séquence de petites unités<br />

moléculaires de quatre types (adénosine, guanosine, thymidine, cytidine), qui<br />

rend possible le stockage d’une information, et qui peut muter11 ; (ii) l’ADN<br />

est une molécule à double brin qui peuvent se dissocier et ainsi transmettre<br />

la même information aux deux cellules-filles issues d’une division cellulaire.<br />

La molécule d’ADN était le support matériel crédible des gènes décrits par<br />

Mendel, et compatible avec les lois de transmission qu’il avait proposées presque<br />

quatre-vingt-dix ans auparavant.<br />

En parallèle, chaque avancée nourrissant les suivantes, on progressa graduellement<br />

dans la compréhension de la relation entre le matériel génétique<br />

et l’expression des caractères. Sur le plan moléculaire, cette question se résuma<br />

à celle de la relation entre les gènes (porteurs d’information) et les protéines<br />

(effecteurs). Cette relation fut comprise par la découverte du code génétique,<br />

c’est-à-dire la correspondance précise qui existe entre la séquence d’ADN et<br />

celle des protéines codées. Ce code génétique se révéla universel, à quelques<br />

sporadiques exceptions près : non seulement l’ADN et les protéines étaient<br />

des molécules universelles dans le vivant mais l’était aussi la manière de pas-<br />

10. Watson & Crick (1953), “A Structure for Deoxyribose Nucleic Acid”, Nature, 171<br />

@.<br />

11. Cf. Heams sur la variation, ce volume.

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