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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

non les modèles d’évolution appropriés donnent les mêmes solutions et des<br />

solutions différentes 49 .<br />

En biologie moléculaire, le phénomène d’« attraction des longues branches<br />

» débusqué par Felsenstein capta l’attention des phylogénéticiens (cf.<br />

figure 3 ). Une longue branche c’est un taxon qui a un taux de substitution<br />

nucléotidique 50 élevé. Souvent deux taxons partageant un même taux élevé<br />

se retrouvent associés en parcimonie, même si en réalité ils ne sont pas apparentés,<br />

selon la figure 3A. Tout le problème est de savoir la réalité. Cet écueil<br />

fit que les cladistes critiquèrent les méthodes dites de « modeling 51 » à cause,<br />

précisément, de la nécessité de « présupposer la vérité 52 », en l’occurrence les<br />

paramètres qui correspondent au mode d’évolution des caractères. Ce type de<br />

débat, plonge ses racines dans la nature de la structure du savoir scientifique,<br />

une question fortement épistémologique. Il est vrai que les même modélisations<br />

aboutissent aussi à identifier un phénomène de « répulsion des longues<br />

branches 53 » où la correction en amont des taxons à taux élevé de substitutions<br />

(comme s’ils devaient entraîner une parenté fausse), aboutit à la séparation de<br />

ces longues branches même si, en réalité, elles sont apparentées selon l’image<br />

3B. Autrement dit, ce qui est vrai a priori dans un cas de figure est forcément<br />

faux dans un autre cas de figure : tout le problème consiste en la connaissance<br />

préalable du cas de figure auquel on a affaire. Vingt ans séparent la publication<br />

des deux phénomènes d’attraction/répulsion, comme si le premier cas de<br />

figure avait plus d’impact que l’autre sur l’analyse phylogénétique. En réalité,<br />

la mise en avant du cas particulier d’attraction des longues branches n’avait<br />

pour but que de minorer la pertinence des méthodes cladistiques (dite de<br />

parcimonie) en plein essor à la fin des années 1970, qualifiées de « positivement<br />

trompeuses 54 ».<br />

49. Huelsenbeck & Hillis (1993), “Success of phylogenetic methods in the four-taxon<br />

case”, Syst. Biol., 42 @.<br />

50. Substitution nucléotidique : dans un gène remplacement d’un nucléotide par un<br />

autre (comme l’adénine par la guanine, deux bases purines).<br />

51. Mickevich (1983), “Introduction”, in Platnick & Funk (eds.), Advances in Cladistics,<br />

Vol. 2, Columbia University Press, p. 3.<br />

52. Farris (1983), “The logical basis of phylogenetic analysis” @, in Platnick & Funk<br />

(eds.), Advances in Cladistics, Vol. 2, Columbia UP, p. 35.<br />

53. Siddall (1998), “Success of parsimony in the four-taxon case : long-branch repulsion<br />

by likelihood in the Farris zone”, Cladistics, 14 @.<br />

54. Felsenstein (1978), “Cases in which parsimony or compatibility methods will be<br />

positively misleading”, Syst. Zool., 27 @.

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