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Les mondes darwiniens

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[gu i llau m e lecoi ntr e / réc i t de l’h istoi r e de v i e ou de l’uti lisation du réc i t]<br />

la loi des gaz parfaits PV = nRT (P : pression, V : volume, n : nombre de moles<br />

de gaz, R : constante des gaz parfaits, T : température), est telle que si les<br />

prémisses sont vraies alors la conclusion est forcément vraie : le résultat n’est<br />

pas négociable.<br />

La question de savoir si la biologie dispose de lois comme en disposent la<br />

physique ou la chimie est très discutée 11 . En biologie, Ernst Mayr 12 distinguait<br />

les « causes prochaines », expérimentables du vivant de l’organisme, par exemple<br />

les causes physiologiques d’un comportement, des causes « ultimes » qui<br />

demandent une explication historique renvoyant à un temps antérieur à la vie<br />

de l’organisme (par exemple, les causes écologiques ou les causes biologiques<br />

qui relèvent de l’héritage d’ancêtres, comme les causes génétiques). <strong>Les</strong> causes<br />

prochaines rapprochent la biologie de la chimie ou de la physique (qui sont<br />

des sciences nomothétiques, c’est-à-dire disposant de lois hypothético-déductives)<br />

; tandis que les causes ultimes font de la biologie une science historique<br />

(sciences synthétiques, où l’induction et l’abduction sont majeures mais où les<br />

lois nécessaires à l’hypothético-déduction sont manquantes).<br />

Il est courant de considérer que la biologie qui travaille sur les processus du<br />

fonctionnement actuel des organismes dispose de lois ; mais pas la biologie<br />

des causes ultimes car les individus sont membres d’une espèce qui est le<br />

fruit des contingences de l’histoire 13 . De par leurs préoccupations hybrides,<br />

les généralisations biologiques ne sont pas véritablement des lois, mais des<br />

énoncés dont la généralité est limitée à la portion particulière de l’espace et<br />

du temps dans lequel s’est déployée l’histoire évolutive des espèces vivantes.<br />

Selon Jean Gayon 14 , « les propriétés biologiques, en tant que propriétés appartenant<br />

spécifiquement à des êtres biologiques, ne sont compréhensibles de<br />

manière ultime que comme des propriétés historiquement contingentes. Elles<br />

résulteraient d’une histoire causale unique, dont nous n’avons aucune raison<br />

légitime de penser qu’elle aboutirait au même résultat si elle était jouée une<br />

11. Cf. par exemple Gayon (2003), « Il était une fois… », in Mayet (dir.), « Le monde selon<br />

Darwin », Hors- Série de Sciences et Avenir, n° 134. Proust (2006), « L’explication<br />

historique », in Mayet (dir.), « L’univers est-il sans histoire ? », Hors-Série de Sciences<br />

et Avenir, n° 146.<br />

12. Mayr (1961), “Cause and effect in biology”, Science, 134 @.<br />

13. Cf. Mayet (2006), « L’univers est-il sans histoire ? », Hors-Série de Sciences et Avenir,<br />

n° 146.<br />

14. Gayon (2003), « Il était une fois… », in Mayet (dir.), « Le monde selon Darwin »,<br />

Hors- Série de Sciences et Avenir, n° 134.

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