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Les mondes darwiniens

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[t h o m a s h e a m s / de quoi la b iolog i e synthétiqu e est-elle le nom ?]<br />

génome entier (c’est-à-dire un ensemble complet de gènes « permettant 5 »<br />

de faire fonctionner un organisme). Pour une troisième catégorie, le système<br />

pourra être une cellule entière qu’il s’agirait de reconstituer, à base de molécules<br />

plus ou moins lointaines de celle avec lequel le vivant compose, et de<br />

la rendre fonctionnelle. Il faut prendre le temps de comprendre ce que cette<br />

gradation a comme conséquences. Dans certains cas, il s’agira de transformer<br />

profondément du vivant existant, dans d’autres, il s’agira ni plus ni moins que<br />

de chercher à recréer de la vie. Voilà donc pourquoi la biologie synthétique est,<br />

pour reprendre le terme de Maureen O’Malley, « un parapluie » très large sous<br />

lequel viennent s’abriter des démarches différentes partageant néanmoins<br />

une dimension ingénierique poussée. C’est à elle que revient la typologie la<br />

plus pertinente pour rendre compte de la réalité de ce qu’est la biologie synthétique<br />

aujourd’hui. <strong>Les</strong> trois types de systèmes décrits ci-dessus congruent<br />

respectivement avec les trois catégories qu’elle a proposées : « la construction<br />

de machines à ADN », « l’ingénierie cellulaire à l’échelle génomique » et « la<br />

création de protocellules ». Bien évidemment, ces trois branches ne sont pas<br />

absolument cloisonnées, et il est très utile d’explorer leurs relations 6 . On se<br />

propose cependant ici de les aborder successivement, afin d’en bien comprendre<br />

les problématiques, et le cas échéant, les liens entre elles seront évoquées.<br />

C’est sur cette base que nous aborderons ensuite les défis théoriques qui se<br />

posent à la biologie synthétique et enfin, un prolongement vers le dialogue<br />

entre biologie synthétique et société. Mais avant cela, autorisons-nous quelques<br />

petits éléments de cadrage historique.<br />

C’est en 2000 que le terme « biologie synthétique » apparaît, dans son<br />

acception contemporaine, dans la bouche d’Eric Kool, au congrès annuel de<br />

l’American Chemistry Society, dans le cadre d’une communication sur des analogues<br />

de l’ADN et de leurs potentiels effets thérapeutiques 7 . L’histoire pourra<br />

ainsi retenir que les fées qui se penchèrent sur le berceau de la biologie synthétique<br />

étaient donc la biochimie et l’application médicale de celle-ci. Cette<br />

5. J’adopte ici transitoirement, par souci de simplification, une vue génocentrée du<br />

vivant que j’ai critiquée extensivement par ailleurs (Heams, 2004, « Biologie moléculaire<br />

: affronter la crise de la cinquantaine », in Dubessy et al., <strong>Les</strong> matérialismes<br />

et leurs détracteurs, Syllepse, 2004).<br />

6. O’Malley et al. (2008), “Knowledge-making distinctions in synthetic biology”,<br />

Bioessays, 30(1) @.<br />

7. Kool (2000), “Synthetic mimics of DNA base pairs : Probing replication mechanisms”,<br />

219th National Meeting of the American Chemical Society, March 26-30.

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