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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

ce sont les seules entités qui sont suffisamment stables pour pouvoir être<br />

sélectionnées. <strong>Les</strong> autres unités, telles que les organismes, les groupes ou les<br />

espèces, n’ont qu’une existence éphémère et par conséquent ne peuvent pas<br />

être soumis au processus de sélection naturelle. <strong>Les</strong> gènes sont stables, non<br />

pas en vertu de leurs propriétés thermodynamiques comme pour les autres<br />

assemblages moléculaires, mais parce qu’ils se répliquent : ils produisent des<br />

copies d’eux-mêmes avec une très grande fidélité. D’après Dawkins, la sélection<br />

naturelle, et par conséquent l’évolution, commencent ainsi : « [À] un certain<br />

moment, il se forma par accident une molécule particulièrement remarquable.<br />

Nous l’appellerons le réplicateur. Ce n’était pas forcément la plus grande ou<br />

la plus complexe des molécules des environs, mais elle avait l’extraordinaire<br />

propriété de pouvoir créer des copies d’elle-même. 35 »<br />

Quand les réplicateurs ont des taux de réplication qui diffèrent entre eux et<br />

sont en compétition pour les ressources qui leur permettent de se répliquer,<br />

les réplicateurs qui se répliquent le plus souvent vont causer la disparition de<br />

ceux qui se répliquent plus lentement.<br />

C’est le processus de sélection naturelle. Selon la théorie des réplicateurs,<br />

la présence d’une nouvelle forme de stabilité, liée au processus réplication est<br />

nécessaire pour que l’évolution par sélection naturelle opère. Cette théorie<br />

vient donc préciser les processus qui sont nécessaires à l’évolution darwinienne<br />

en ajoutant le processus de réplication. Elle spécifie deux conditions essentielles<br />

pour que la réplication puisse donner lieu à la sélection naturelle : la<br />

réplication doit être fidèle et indépendante de ce qu’elle réplique.<br />

La réplication est fidèle. <strong>Les</strong> taux de mutation des organismes peuvent être<br />

assez variables, certains virus par exemple ont des taux de mutation proche<br />

de 10 -2 tandis que d’autres organismes, comme les mammifères, ont des taux<br />

de mutation très faibles, de l’ordre de 10 -8 , selon Drake 36 , mais au mieux, un<br />

gène possède une chance sur cent de ne pas être répliqué à l’identique. Cette<br />

grande fidélité de la réplication est un élément indispensable de l’évolution car<br />

si la réplication n’est pas fidèle, la sélection naturelle ne peut pas avoir lieu.<br />

Pour comprendre cette idée, imaginez un gène G qui, à chaque instant, produit<br />

dix copies de lui-même. Si la fidélité est très grande, la plupart des copies de G<br />

sont aussi des gènes G, donc les gènes G se maintiennent dans la population.<br />

Si le gène G mute tellement souvent qu’il ne donne naissance qu’à des gènes<br />

35. Ibid., p. 35.<br />

36. Drake et al. (1998), “Rates of spontaneous mutation”, Genetics, 148(4) @.

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