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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

Cet aspect nous permet de mettre en évidence une des lacunes de la génétique<br />

des populations 77 dans l’explication de la microévolution, à savoir son<br />

incapacité à élargir le champ des possibles en ne prenant pas en compte cette<br />

variabilité environnementale dans laquelle se situent les organismes, en négligeant<br />

notamment la composante dynamique et historique dans laquelle se<br />

produit le processus évolutif, et en s’appliquant aux seuls états d’équilibre et<br />

aux distributions à l’état stabilisé. La conséquence est qu’il devient difficile de<br />

savoir si la microévolution observée est le résultat d’un simple changement de<br />

fréquence allélique ou de sa corrélation avec un terrain physique hétérogène<br />

existant, dans lequel se situe la population.<br />

Cette idée revient à établir une distinction conceptuelle entre deux « types »<br />

de plasticité. D’un côté, une plasticité non adaptative et sans base génétique,<br />

mais qui « précéderait » le processus évolutif de sélection naturelle 78 (phénomène<br />

décrit par West-Eberhard 79 ) et qui dépendrait essentiellement de la<br />

variabilité environnementale. D’un autre côté, une plasticité phénotypique<br />

adaptative, avec une base génétique et qui serait le résultat de la sélection<br />

naturelle. Selon cette conception, la plasticité non adaptative peut favoriser la<br />

plasticité phénotypique adaptative, mais la plasticité phénotypique adaptative,<br />

en tant que caractère spécifique (sous contrôle génétique), n’est pas le seul<br />

reflet ou résultat de la plasticité non adaptative. Son expression dépend aussi<br />

du contrôle génétique.<br />

En mettant en évidence ces deux types conceptuels différents de plasticité,<br />

il est alors aussi possible de résoudre la controverse introduite par Sara<br />

Via selon laquelle la plasticité ne serait pas un trait comme un autre, mais un<br />

épiphénomène de la sélection naturelle. En réalité, la plasticité est à la fois<br />

un trait comme un autre qui peut être sélectionné (la plasticité phénotypique<br />

adaptative ou non adaptative), mais elle est aussi indépendante du contrôle<br />

génétique (la plasticité non adaptative). Cette indépendance peut donner l’illusion<br />

qu’elle est un épiphénomène de la sélection naturelle même si en réalité<br />

elle ne fait que précéder la sélection naturelle. Dans la pratique, il continue de<br />

rester difficile de distinguer le trait phénotypique de sa plasticité.<br />

77. C’est Richard Lewontin qui mettait déjà en évidence cela dans son ouvrage de<br />

1974, The genetic basis of evolutionary change, Columbia UP.<br />

78. Comme elle précède le processus évolutif, elle est à distinguer de la plasticité phénotypique<br />

non adaptative qui sera une variabilité phénotypique dépendante à la<br />

fois du facteur génétique et environnemental, mais qui ne sera pas sélectionnée<br />

par la sélection naturelle.<br />

79. West-Eberhard (2003), Developmental plasticity and evolution, Oxford UP @.

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