22.06.2013 Views

Les mondes darwiniens

Les mondes darwiniens

Les mondes darwiniens

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

1464 / 1576<br />

[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

de leur antagoniste parce qu’ils possèdent des indicateurs, par exemple de<br />

proie, sur la base desquels la représentation est constituée. Ces indicateurs<br />

deviennent des structures représentationnelles si le contenu informationnel<br />

qu’ils véhiculent (c’est-à-dire ce qu’ils indiquent) explique que le prédateur<br />

se lance dans un comportement d’attaque en présence de la proie. La relation<br />

d’indication explique donc le recrutement de C comme cause de M. En<br />

définitive, la relation d’indication est censée être le facteur qui explique le<br />

comportement adaptatif. Pour résumer, selon Dretske, un état interne C est<br />

un détecteur de proie F. C cause le comportement d’attaque M parce qu’il<br />

indique F. La sélection naturelle a recruté C comme cause de M à cause de ce<br />

que C indique (F).<br />

Nous allons montrer qu’il n’en va pas ainsi : la relation d’indication ne<br />

remplit pas, dans le cas des comportements adaptatifs, le rôle explicatif que<br />

Dretske lui attribue. Cette critique importante a été en particulier développée<br />

par Godfrey-Smith 18 . Ce dernier montre que des facteurs autres que l’indication<br />

peuvent être plus importants pour le recrutement d’un état dans une fonction.<br />

Dans certaines circonstances écologiques, des détecteurs moins fiables<br />

que des indicateurs seront sélectionnés aux dépens des indicateurs. L’idée de<br />

base de la critique de Godfrey-Smith est que la fiabilité des détecteurs, qui est<br />

une condition posée par Dretske du fait du soubassement informationnel de<br />

sa théorie, n’est pas une exigence correcte pour définir la représentation, ou<br />

l’acquisition par une structure d’un statut représentationnel.<br />

Godfrey-Smith présente une situation dans laquelle des détecteurs de proie<br />

moins fiables que des indicateurs sont recrutés comme causes de M et non<br />

des indicateurs. La condition environnementale cruciale réside dans le coût<br />

pour l’organisme des faux positifs. On a affaire à un faux positif lorsqu’une<br />

occurrence de C est présente, alors que F est absent. Au contraire, les cas de<br />

faux négatifs sont ceux dans lesquels C n’est pas produit alors même que F<br />

est présent. Si les faux positifs n’ont qu’un coût négligeable pour l’organisme,<br />

alors la fiabilité de la détection n’est pas une condition importante pour la<br />

sélection d’une structure et son recrutement dans une fonction. Godfrey-<br />

Smith 19 examine le cas d’une population dans laquelle les organismes portent<br />

deux types de détecteurs C et C*. La question est savoir qui de C ou C* va<br />

être sélectionné. C est un indicateur, mais il est lent. En revanche, C* est un<br />

18. Godfrey-Smith (1992), “Indication and Adaptation”, Synthese, 92 @.<br />

19. Ibid., p. 299-301.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!