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Les mondes darwiniens

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339 / 1576<br />

[stéphan e t i r a r d / v i e]<br />

d’un cytoblaste (un noyau) systématiquement présent dans toutes les cellules,<br />

et par la généralisation de ce fait chez les animaux, réalisée par Theodor<br />

Schwann en 1839. Dans un second temps, dans les années 1850, l’explication<br />

de la formation des cellules par division a été proposée indépendamment par<br />

Robert Remak et Rudolf Virchow.<br />

Après une longue période d’observations, la perception du vivant à l’échelle<br />

microscopique s’est donc traduite dans le deuxième quart du xix e siècle par<br />

l’invention de ce nouveau cadre conceptuel, désormais incontournable dans<br />

toute réflexion sur la matière du vivant. Si la cellule désigne bien un cadre<br />

fondamental pour la conceptualisation du vivant, il n’en reste pas moins que<br />

de nouveaux questionnements émergent corrélativement. Quelle place faut-il<br />

lui donner au sein de l’organisme ? Qu’en est-il de la matière qui caractérise<br />

le vivant ou qui constitue la cellule ?<br />

1.3 Claude Bernard : la vie entre milieu et protoplasme<br />

Dans l’ensemble de son œuvre, Claude Bernard s’est attaché à rejeter l’alternative<br />

encombrante du vitalisme vs matérialisme. Dans son Introduction<br />

à l’étude la médecine expérimentale (1865) @, l’abandon de cette opposition<br />

fait double emploi. En effet, outre l’éclaircissement qu’il constitue quant au<br />

propre positionnement philosophique du physiologiste, ce rejet lui permet de<br />

définir la physiologie comme fondée sur les méthodes de la physique et de la<br />

chimie, mais dont un des enjeux particulier est de maîtriser la complexité du<br />

vivant tout en l’étudiant.<br />

L’étude de cette complexité engage Bernard dans un cheminement conceptuel<br />

qui se traduit par la formulation d’une série de définitions complémentaires<br />

du vivant. Ses Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux<br />

et aux végétaux @ présentent en 1878 la synthèse de ses idées. Il affirme<br />

simultanément que « la vie, c’est la création » et que « la vie c’est la mort ».<br />

En physiologiste, il se fonde concrètement sur un équilibre entre deux ordres<br />

de phénomènes au sein de la matière du vivant : « 1° <strong>Les</strong> phénomènes de<br />

création vitale ou de synthèse organisatrice ; 2° <strong>Les</strong> phénomènes de mort ou<br />

de destruction organique. » @<br />

Il faut de plus comprendre la vie dans ses rapports avec le milieu. Elle<br />

résulte en effet « d’une relation étroite et harmonique entre les conditions<br />

extérieures et la constitution préétablie de l’organisme. Ce n’est point par lutte<br />

avec les conditions cosmiques que l’organisme se développe et se maintient ;<br />

c’est, tout au contraire, par une adaptation, un accord avec celles-ci » @. L’être

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