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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

Au niveau populationnel, les écologistes ont négligé durant des décennies les<br />

effets évolutifs sur les paramètres démographiques, autant par souci de simplification<br />

que parce qu’ils estimaient que les dynamiques évolutives étaient plus<br />

lentes, procédant par accumulation insensible et graduelle de variations bénéfiques<br />

sur le long terme. Or, il est aujourd’hui reconnu que des changements<br />

évolutifs rapides peuvent survenir dans des populations, de micro-organismes<br />

en particulier, ce qui rend tout à fait légitime le projet d’une écologie évolutive<br />

mesurant au sein d’une population les effets réciproques entre paramètres<br />

évolutifs et paramètres démographiques 41 . Le terme même d’écologie évolutive<br />

(evolutionary ecology) a été formé par Gordon Orians en 1962 et en 1968,<br />

Richard Levins appuyait cette union entre écologie et évolution sur le fait que<br />

« de plus en plus de preuves s’accumulent pour démontrer que la génétique<br />

évolutive des populations et les événements biogéographiques et démographiques<br />

ne se déroulent pas sur des échelles de temps incommensurables 42 ».<br />

3 L’écologie évolutive : de la vertu des modèles intégratifs<br />

En empruntant à la fois aux idées évolutives et écologiques, l’écologie évolutive<br />

se situe sous la double juridiction des théories évolutives et des théories<br />

écologiques, mais sans posséder en propre des axiomes indépendants.<br />

Son existence en tant que discipline relève de sa capacité à forger, non pas<br />

des lois, mais des modèles intégratifs.<br />

Cette discipline s’est développée selon cinq axes majeurs si l’on suit l’un des<br />

manuels de référence dans le domaine43 : la génétique des populations, l’étude<br />

des systèmes sexuels, l’interprétation des formes et des fonctions organiques<br />

dans un contexte évolutionniste (encore dénommé programme adaptationniste),<br />

l’étude de l’adéquation entre phénotype et environnement, et enfin<br />

l’étude du fonctionnement des unités écologiques supérieures (communautés,<br />

écosystèmes, etc.) en fonction des processus évolutifs inférieurs.<br />

Selon notre distinction entre écologie et évolution, le premier programme<br />

relève sans conteste de l’évolution, dont il constitue la trame formelle. Quant<br />

41. Day (2005), “Modelling the Ecological Context of Evolutionary Change : Déjà Vu<br />

or Something New” @, in Cuddington & Beisner (eds.), Ecological Paradigms Lost,<br />

Elsevier Academic Press @.<br />

42. Collins (1986), “Evolutionary Ecology and the Use of Natural Selection in Ecological<br />

Theory”, Journal of the History of Biology, 19, 2 @.<br />

43. Ricklefs & Miller (2006), Ecology, 4 th ed., W.H. Freeman & Co.

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