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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

multiplie la combinatoire des interactions possibles et remet en cause la vision<br />

statique de la stéréospécificité. En effet, pour un même domaine les molécules<br />

possibles peuvent être très différentes par leur forme, leur taille et leur<br />

composition en acides aminés. Il y a un nombre croissant d’arguments qui<br />

indiquent que ce phénomène est dû au fait qu’un site d’interaction protéique<br />

n’est pas une entité statique mais dynamique. Sa structure tridimensionnelle<br />

n’est pas rigide mais flexible. Elle change constamment de conformation. Une<br />

protéine en solution serait en réalité une population constituée d’un mélange<br />

de plusieurs conformations en équilibre dynamique, chacune possédant une<br />

« spécificité » potentielle particulière. <strong>Les</strong> structures déduites par cristallisation<br />

ne sont en fait que des images figées qui élimine cette diversité de conformations.<br />

Dans cette perspective, ce n’est pas la structure préexistante de la<br />

protéine qui détermine ses interactions futures mais la molécule qui stabilise<br />

une de ces conformations 17 .<br />

3.3 <strong>Les</strong> protéines désordonnées<br />

Il y a une cause de non-spécificité encore plus radicale. Nous l’avons déjà<br />

souligné, la biologie moléculaire repose sur l’idée que les protéines possèdent<br />

une structure tridimensionnelle bien définie et que l’organisation biologique<br />

macroscopique provient de cet ordre microscopique. Ce dogme est aujourd’hui<br />

battu en brèche. Il est démontré qu’une très grande fraction des protéomes<br />

correspond à des protéines qui contiennent des régions intrinsèquement<br />

désordonnées, incapables de générer par elles-mêmes des structures secondaires.<br />

Dans ces protéines, les régions désordonnées forment en général plus<br />

de la moitié de la protéine et souvent la totalité. Elles ne sont pas accessoires.<br />

Au contraire, les protéines n’acquièrent une structure fonctionnelle que lorsque<br />

les régions désordonnées sont stabilisées grâce à l’interaction avec une<br />

autre molécule. Du fait de leur très grande plasticité, elles peuvent interagir<br />

avec de nombreux partenaires en adoptant une conformation et une fonction<br />

différentes dans chaque cas18 . Par exemple, HMGA est une protéine nucléaire<br />

17. Ma et al. (2002), “Multiple diverse ligands binding at a single protein site : a matter<br />

of pre-existing populations”, Protein Science, 11 @.<br />

18. Wright & Dyson (1999), “Intrinsically unstructured proteins : re-assessing the protein<br />

structure-function paradigm”, Journal of Molecular Biology, 293 @. Dunker<br />

& Obradovic (2001), “The protein trinity-linking function and disorder”, Nature<br />

Biotechnology, 19 @. Dyson & Wright (2005), “Intrinsically unstructured proteins<br />

and their functions”, Nature Reviews Molecular Cell Biology, 6 @. Dunker et al.

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