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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

qui passent par un assujettissement de la science à des dogmes religieux. De<br />

façon plus générale, il convient ici de rappeler que « c’est l’Église qui a besoin<br />

de ce dialogue entre science et religions pour légitimer la place de la religion<br />

et donc de l’Église sur le plan politique, c’est-à-dire la sphère publique. Ce<br />

besoin de dialogue n’a pas de ressorts épistémologiques, mais bien politiques.<br />

La science, dont la méthodologie relevant du matérialisme a fait ses preuves<br />

sur le terrain de la connaissance objective, n’a pas besoin d’un tel dialogue,<br />

puisqu’elle est autosuffisante épistémologiquement 16 ».<br />

2.1 Prise de position contre<br />

un rapport du Conseil de l’Europe<br />

Le Saint-Siège a illustré l’enjeu politique – et non uniquement philosophique<br />

ou théologique comme certains théologiens l’affirment – que revêt la question<br />

du créationnisme à ses yeux en prenant position contre le vote du rapport du<br />

Conseil de l’Europe sur « <strong>Les</strong> dangers du créationnisme dans l’éducation » @.<br />

Ce rapport évoque les activités des mouvements créationnistes au sein des<br />

pays européens, ainsi que leur influence sur l’enseignement et « invite les<br />

instances éducatives des États membres à promouvoir le savoir scientifique<br />

et l’enseignement de l’évolution, et à s’opposer fermement à toutes les tentatives<br />

de présentation du créationnisme comme discipline scientifique ». Or,<br />

un courrier officiel a envoyé à des parlementaires par le Premier secrétaire à<br />

la mission permanente du Saint-Siège auprès du Conseil de l’Europe, stipulant<br />

que « le Saint-Siège estime que, en ce moment, le mieux serait que le projet<br />

ne soit pas adopté » ou encore que « dans le contexte européen, un tel document<br />

ne serait pas opportun ». La lettre justifie cette demande en prétextant<br />

que le rapport « incline à une certaine confusion épistémologique ». Quelques<br />

paragraphes du rapport sont plus particulièrement pointés du doigt, tel l’article<br />

n° 15 qui dit : « <strong>Les</strong> thèses créationnistes, comme toute approche théologique,<br />

peuvent éventuellement, dans le respect de la liberté d’expression et des<br />

croyances de chacun, être exposées dans le cadre d’un apprentissage renforcé<br />

du fait culturel et religieux mais ne peuvent prétendre à la scientificité. »<br />

La proposition paraît satisfaisante pour l’enseignement scientifique et<br />

ouverte vis-à-vis des religions, mais le Saint-Siège est gêné par « l’approche<br />

a-scientifique de l’exposition du créationnisme ». Cela laisse dubitatif, d’autant<br />

16. Dubessy (2004), « Le principe de NOMA de Stephen Jay Gould », in J. Dubessy et<br />

al. (dir.), <strong>Les</strong> Matérialismes (et leurs détracteurs), Syllepse.

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