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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

architectures animales. Comme souvent en science en général, et en biologie<br />

en particulier, la réponse pourtant ne saurait être simple, ainsi que l’illustre<br />

l’exemple de Pax6. La multiplicité des gènes orthologues identifiés chez des<br />

espèces éloignés autorise la comparaison systématique, grâce à la généralisation<br />

de la technique d’hybridation in situ décrite plus haut, de leur profils<br />

d’expression et ainsi l’obtention d’une première information sur leurs fonctions,<br />

très imprécise toutefois. Nous l’avons vu, l’intérêt majeur des espèces<br />

modèles habituelles est la facilité relative avec laquelle les fonctions des gènes<br />

peuvent être analysées, grâce aux collections de milliers de mutants chez la<br />

mouche ou à la possibilité de produire des souris spécifiquement « déficientes<br />

» pour la fonction d’un gène. De telles études étaient peu envisageables<br />

chez d’autres modèles animaux auparavant, mais des progrès récents – des<br />

techniques d’interférence génique – permettent désormais d’envisager l’exploration<br />

des fonctions théoriquement chez presque n’importe quel animal. Ces<br />

techniques, baptisées Morpholino et interférence ARN, nécessitent l’injection<br />

dans des œufs fécondés de petites molécules d’acides nucléiques modifiées<br />

et spécifiques d’un gène donné, et qui vont, par des mécanismes différents,<br />

empêcher l’expression de ce gène pendant les étapes cruciales où il est requis<br />

pour un développement normal. Armées de ces techniques, quelques dizaines<br />

d’équipes de recherche dans le monde explorent les fonctions des gènes<br />

régulateurs dans des espèces variées et d’intérêt jugé stratégique pour les<br />

questions de l’origine et de l’évolution des animaux.<br />

Historiquement, la comparaison fonctionnelle à grande échelle des gènes<br />

Hox est la première qui ait été menée et celle pour laquelle il existe à l’heure<br />

actuelle le plus de données 9 . <strong>Les</strong> éponges ne possèdent pas de gènes Hox. <strong>Les</strong><br />

cnidaires en possèdent mais de types assez éloignés de ceux des bilatériens et<br />

ils ne sont pas regroupés en complexes chromosomiques. Par contre, chez les<br />

bilatériens, la présence de gènes Hox semblables à ceux de la drosophile est<br />

générale. De même, chez toutes les espèces bilatériennes chez lesquelles la<br />

situation a été testée, les gènes sont regroupés en complexes, soit intacts soit<br />

plus ou moins fragmentés (le complexe de la drosophile est lui-même cassé<br />

en deux). Chez toutes les espèces où existe au moins un complexe Hox intact,<br />

la propriété de colinéarité d’expression de ces gènes est respectée, suggérant<br />

qu’ils remplissent chez ces espèces une fonction dans la régionalisation<br />

9. Lemons & McGinnis (2006), “Genomic evolution of Hox gene clusters”, Science,<br />

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