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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

les plus proches d’Homo sapiens d’un point de vue phylogénétique. Cette<br />

vision des choses a été d’une certaine manière entretenue et renforcée par<br />

des décennies de pratique paléoanthropologique, la tendance étant d’estimer<br />

le sexe des fossiles les plus robustes comme étant des mâles et les plus<br />

graciles comme étant des femelles. Aujourd’hui, la biologie moléculaire et<br />

l’analyse cladistique indiquent que les chimpanzés sont l’espèce la plus proche<br />

phylogénétiquement de l’espèce humaine. Or, les chimpanzés ont un degré<br />

de dimorphisme comparable au nôtre. Il devient, à ce stade, de plus en plus<br />

difficile de soutenir l’idée d’une « réduction » du DSS dans la lignée Homo,<br />

surtout si tous les autres hominines 25 (disparus) avec lesquels Homo sapiens<br />

est censé partager un ancêtre commun étaient peu dimorphes, phénomène<br />

impossible à déterminer étant donné la rareté des ossements fossiles découverts<br />

à ce jour et le manque de fiabilité des méthodes actuelles d’estimation<br />

du sexe. Avoir interprété le DSS comme le fruit d’une réduction a en fait empêché<br />

d’analyser le phénomène au même titre qu’il l’est dans le champ de la<br />

biologie évolutive pour les autres espèces ; le concept même a paralysé toute<br />

investigation possible.<br />

L’explication la plus consensuelle à l’heure actuelle pour « la réduction du<br />

dimorphisme » est l’augmentation de la stature globale du genre Homo par<br />

des pressions de sélection sur les femelles 26 . Se défaire de la notion de réduction<br />

permettrait de déplacer l’interrogation initiale : au lieu de chercher à<br />

expliquer pourquoi les Homo sont « aussi peu dimorphes », il s’agirait plutôt<br />

de comprendre pourquoi ils ont maintenu un dimorphisme malgré des pressions<br />

de sélection qui auraient dû, en théorie, rendre l’espèce monomorphe,<br />

ou donner un dimorphisme biaisé sur les femelles, comme je vais tenter de<br />

l’expliciter maintenant.<br />

3 L’hypothèse manquante : diminution de la taille<br />

des femmes sous l’effet d’inégalités nutritionnelles<br />

Organisation mondiale de la santé avance le chiffre de six millions d’ac-<br />

L’ couchements dystociques par an dans le monde – estimation, du propre<br />

25. Famille des hominidés (Hominidae), sous-famille des homininés (Homininae), tribu<br />

des hominines (Hominini). (Ndd.)<br />

26. McHenry (1976), “Early hominid body weight and encephalization”, American<br />

Journal of Physical Anthropology, 45 @.

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