22.06.2013 Views

Les mondes darwiniens

Les mondes darwiniens

Les mondes darwiniens

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

449 / 1576<br />

[michel m o r a n g e / d a r w i n i s m e et b iolog i e moléc u lai r e]<br />

rales particulières qui en rendaient le repliement plus difficile : par exemple,<br />

des protéines contenant à la fois des hélices α et des feuillets β étaient des<br />

cibles potentielles des chaperonines. Ces hypothèses se révélèrent en partie<br />

vraies – beaucoup de protéines dites αβ ont besoin des chaperonines pour<br />

se replier – mais insuffisantes. Certaines protéines αβ n’ont pas besoin des<br />

chaperonines, et des protéines appartenant à d’autres familles structurales en<br />

sont dépendantes. Dans la conclusion d’un article, des spécialistes des chaperonines<br />

faisaient appel à des « considérations évolutives » pour expliquer les<br />

observations faites 11 . La situation actuelle – certaines protéines ont besoin des<br />

chaperonines, d’autres non – est un « instantané » dans une histoire évolutive<br />

complexe. <strong>Les</strong> auteurs faisaient l’hypothèse que cette situation est le résultat<br />

de deux tendances évolutives divergentes. La première serait un processus de<br />

sélection tendant à optimaliser le repliement des protéines, et à rendre celui-ci<br />

indépendant des chaperonines – l’usage des chaperonines représentant un<br />

« poids ». Mais l’évolution modifie en permanence la structure des protéines à<br />

travers la mutation des gènes qui codent pour elles. <strong>Les</strong> nouvelles formes protéiques,<br />

aux fonctions parfois essentielles pour l’adaptation des organismes, n’ont<br />

pas été (encore) optimalisées pour leur repliement, et peuvent avoir besoin<br />

des chaperonines. Ces dernières participeraient donc à la création de « nouveauté<br />

». <strong>Les</strong> auteurs allaient même jusqu’à faire l’hypothèse que la richesse<br />

de certaines familles structurales de protéines pourrait s’expliquer par la présence<br />

des chaperonines. <strong>Les</strong> protéines dites (αβ) 8 , contenant un tonneau de<br />

brins β entouré de huit hélices α représentent plusieurs dizaines de membres.<br />

Tous dérivent d’une protéine ancestrale commune ; ainsi, par duplication (et<br />

mutation) du gène ancestral, a été engendré un riche ensemble de protéines<br />

aux fonctions très diverses. Un tel scénario évolutif n’aurait sans doute pas été<br />

possible sans la présence des chaperonines.<br />

Ces travaux sont récents, et comme pour les exemples précédents, il ne<br />

s’agit pas pour nous de juger la valeur de ce scénario. L’important est qu’une<br />

description structurale et fonctionnelle conduise naturellement à un scénario<br />

évolutif, qui vient compléter l’explication physico-chimique et non, de toute<br />

évidence, la remplacer.<br />

Des exemples analogues pourraient être trouvés en biologie des systèmes,<br />

cette nouvelle branche de la biologie qui vise à décrire, au-delà de la structure<br />

11. Kerner et al. (2005), “Proteome-wide analysis of chaperonin-dependent protein<br />

folding in Escherichia coli”, Cell, 122 @.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!