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Les mondes darwiniens

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[m a r i e-c l au d e lor n e / la naturalisation de l’intentionnalité : approche et critique de la théorie de Fred dretske]<br />

Un examen du diagramme de câblage comparativement simple du système<br />

nerveux central du papillon montre que les neurones moteurs qui ajustent<br />

l’orientation, et donc la direction du mouvement (M) du papillon, sont contrôlés,<br />

à travers un réseau d’interneurones, par des structures qui indiquent la<br />

position (distance et direction) de la source sonore (F). 37<br />

Il en tire la conclusion que l’indicateur lui-même (C) est la cause du mouvement<br />

: « La production de M par C est, au moins en partie, le résultat du<br />

fait qu’il indique F. »<br />

Or, contrairement à ce que Dretske affirme ici explicitement, le mouvement<br />

n’est pas directement causé par les indicateurs, et les indicateurs ne contrôlent<br />

pas directement le mouvement. Alcock 38 explique brièvement que « pour<br />

faire usage de sa réponse antidétection, le papillon doit seulement s’orienter<br />

de façon à synchroniser l’activité des deux récepteurs A 1. <strong>Les</strong> différences<br />

dans le taux de production des potentiels d’action par les récepteurs des deux<br />

appareils auditifs sont probablement contrôlées par le cerveau, qui relaie des<br />

messages neuronaux aux muscles des ailes via les ganglions thoraciques et<br />

des neurones moteurs ».<br />

Le mouvement du papillon n’est donc pas directement contrôlé par les<br />

indicateurs. Bien plutôt, l’information fournie par les indicateurs est utilisée<br />

par des structures de contrôle supérieures, probablement elle-même représentationnelles,<br />

et ce sont elles qui sont les causes du mouvement. Il ne s’agit<br />

pas de nier que les récepteurs sensoriels jouent un rôle dans l’orientation du<br />

papillon, mais que ces indicateurs causent le mouvement.<br />

L’examen d’un autre exemple peut permettre de montrer encore plus clairement<br />

que les indicateurs ne causent pas directement le mouvement. Le grillon<br />

possède des détecteurs d’ultrasons, qui lui permettent d’éviter son prédateur :<br />

la chauve-souris. <strong>Les</strong> récepteurs de l’appareil auditif des grillons réagissent à<br />

des sons situés entre 40 et 50 kHz. Un type de cellules est particulièrement<br />

important dans le contrôle moteur du grillon à partir d’informations sensorielles<br />

: les int-1. Ces cellules jouent un rôle crucial dans la réponse des grillons aux<br />

ultrasons. En effet, si l’on inactive int-1 alors que le récepteur acoustique de<br />

l’oreille est intact, et alors qu’il produit des potentiels d’action, la stimulation<br />

d’un ultrason n’engendre pas la réponse typique du grillon en présence de<br />

37. Dretske (1988), Explaining Behavior, MIT Press @, p. 91-92.<br />

38. Alcock (1998), Animal Behavior : An Evolutionary Approach, Sinauer Associates @,<br />

p. 140.

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