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Les mondes darwiniens

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[les mon des <strong>darwiniens</strong>]<br />

dans les observations géographique suggère cependant que cette migration<br />

rapide aurait connu une pause de près de 1 000 ans avant la colonisation de<br />

la Polynésie. Selon ce scénario, la rapidité de la progression auraient isolé<br />

les populations qui se seraient donc rapidement différenciées les unes des<br />

autres. Le deuxième scénario, dit du tangled bank 37 , suppose au contraire que<br />

la dispersion des populations sur le domaine océanien se serait faite à partir<br />

d’une localisation plus centrale, en Mélanésie, et de façon plus lente du fait du<br />

maintien de relations socio-politico-économiques entre les populations.<br />

Chacun de ces deux scénarios est corroboré par un ensemble d’arguments<br />

génétiques et archéologiques. Mais ce qui les distingue, c’est la forme attendue<br />

des relations phylogénétiques entre les langues austronésiennes. L’hypothèse<br />

de l’express train suppose une évolution arborée des langues du fait de l’isolement<br />

par la distance des populations locutrices, et s’il est enraciné par des langues<br />

austronésiennes de Taiwan, cet arbre devrait représenter une séquence<br />

géographique d’ouest en est, en accord avec la séquence de migration. À<br />

l’inverse, l’hypothèse du tangled bank suppose que l’évolution des langues n’a<br />

pas pu se faire selon un schéma arboré puisqu’elles sont restées en contact et<br />

sont donc susceptibles d’avoir multiplié les emprunts de matériel linguistique.<br />

Ce n’est donc pas un arbre qui est attendu, mais un réseau. Dès lors, si un<br />

arbre est reconstruit pour ces langues et qu’il est enraciné par les langues de<br />

Taiwan, il ne devrait montrer aucune séquence géographique d’ouest en est<br />

en partant de Taiwan. Gray et Jordan entreprirent donc de reconstruire l’arbre<br />

phylogénétique de 77 langues échantillonnées sur l’ensemble du domaine<br />

austronésien à partir de 5 185 items lexicaux codés en classes de cognats et<br />

analysés par une méthode cladistique.<br />

L’arbre optimal présente les caractéristiques attendues sous l’hypothèse de<br />

l’express train (figure 2 ). Une fois enraciné par les langues austronésiennes<br />

de Taiwan, cet arbre retrouve les regroupements linguistiques déterminés<br />

par la méthode comparative classique tout en montrant une séquence géographique<br />

compatible avec une migration d’ouest en est à partir de Taiwan et<br />

de l’Asie du Sud-Est. Par ailleurs, les branches internes de l’arbre, qui représentent<br />

les phénomènes de différenciation des langues, sont courtes, ce qui<br />

37. Terrell (1988), “History as a family tree, history as an entangled bank : constructing<br />

images and interpretations of prehistory in the South Pacific”, Antiquity, 62. Terrel<br />

et al. (2001), “Forgone conclusions ? In search of ‘Papuans’ and ‘Austronesians’”,<br />

Current Anthropology, 42.

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