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Les mondes darwiniens

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[pi e r r e poirier & luc fau c h e r / des sciences cog n itives évolution nai r es dou b le m e nt exte r nalistes]<br />

philosophie de l’esprit 28 et la phénoménologie 29 ont récemment développé une<br />

conception de l’esprit sous divers noms : la cognition située ou étendue, l’esprit<br />

étendu, enchâssé ou interactif, etc. Bien que chacune de ces expressions dénote<br />

une forme quelque peu différente du projet, toutes insistent sur le fait que la<br />

cognition dépasse la simple activité du cerveau, que certaines, et peut-être<br />

toutes, les capacités cognitives dépendent, d’une façon essentielle, du corps<br />

et de l’environnement (y compris l’environnement social 30 ), par exemple de<br />

l’interaction sensorimotrice entre le cerveau, le corps et l’environnement 31 .<br />

L’internalisme en sciences cognitives est souvent identifié à une forme<br />

moderne de cartésianisme. On se souvient que Descartes a notoirement posé<br />

que les capacités cognitives supérieures (l’esprit : la raison, le langage) ne<br />

pouvaient être expliquées en termes mécanistes et, pour cette raison, devaient<br />

être considérées comme étant constituées d’une substance différente :<br />

la substance pensante. <strong>Les</strong> matérialistes concentrent souvent leur attention<br />

sur la nature de la substance ainsi posée par Descartes, pour nier son existence<br />

et affirmer que l’esprit se compose de la même substance que celle qui<br />

compose le reste du monde. Ce faisant, ils oublient souvent le modèle de la<br />

dynamique de l’esprit qui tient aussi du dualisme cartésien. Pour Descartes,<br />

tant la perception que l’action peuvent s’expliquer en termes mécanistes. <strong>Les</strong><br />

sensations sont transmises vers le cerveau, qui les transforme en perceptions,<br />

lesquelles sont ensuite envoyées à l’esprit par la voie de la glande pinéale.<br />

Ensuite, l’esprit communique, toujours par la voie de la glande pinéale, ses<br />

intentions et décisions aux centres nerveux qui contrôlent les muscles : nous<br />

agissons. De plus, tant les perceptions que les actions centralisent l’esprit vers<br />

le cerveau : la perception commence avec l’entrée sensorielle qui innerve la<br />

périphérie et remonte vers le cerveau ; l’action commence avec les centres<br />

moteurs du cerveau pour se terminer aussi à la périphérie dans l’activation<br />

musculaire. Ainsi, poussé des deux extrémités vers le centre, l’esprit cartésien,<br />

28. Clark (1997), Being There, MIT Press @ ; idem (2008), Supersizing the Mind :<br />

Embodiment, Action, and Cognitive Extension, Oxford UP @. Hurley (2002),<br />

Consciousness in Action, 2 e éd., Harvard UP @.<br />

29. Noë (2006), Action in Perception, MIT Press @. Gallagher (2006), How the Body<br />

Shapes the Mind, Oxford UP @.<br />

30. Cf. Smith & Semin (2007), “Situated Social Cognition”, Current Directions in Psychological<br />

Science, 16(3) @.<br />

31. Clark (1997), Being There, MIT Press @.

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